Polémique autour du boulanger contraint de fermer un jour par semaine

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é le jour de repos hebdomadaire (Photo : Joel Saget)

[11/02/2015 18:06:09] Paris (AFP) Un boulanger a-t-il le droit d’ouvrir 7 jours sur 7 ? La polémique enflait mercredi et divisait la classe politique, alors qu’un artisan des Landes a été mis en demeure pour ne pas respecter le jour de repos hebdomadaire.

L’histoire commence dans les Landes, à Saint-Paul-lès-Dax. Stéphane Cazenave a ouvert sa boulangerie tous les jours de la semaine pendant plus de trois ans. Cela en dépit d’un arrêté préfectoral datant de 1999 qui impose un jour de fermeture hebdomadaire.

Le boulanger a donc été mis en demeure par l’Inspection du Travail avec risque de saisie du Tribunal administratif. Et il a finalement été contraint depuis le début du mois de fermer boutique une fois par semaine.

“Cela représente une perte sèche de 250.000 euros de chiffre d’affaires par an, je vais devoir licencier un ou deux salariés”, regrette-t-il.

Une situation qui commence à faire bien du raffut en plein débat sur la loi Macron et le travail dominical.

L’ancien Premier ministre, l’UMP François Fillon a ainsi rapidement apporté “tout son soutien” à l’artisan. “Que le travail puisse dans notre pays être considéré comme un délit et la passion d?un artisan ainsi bridée doit nous alerter sur l?absurdité de notre système”, écrit-il sur son blog.

Le président du Modem François Bayrou enchaînait dans une matinale mercredi: qu'”on laisse travailler ceux qui ont envie de travailler”.

Face aux artisans et commerçants, “il y a très souvent des abus de cet ordre”, selon l’ancien candidat à l?Élysée. “On a l?impression que la volonté de créer, de faire naître des emplois nouveaux est mal vue en France, et sanctionnée”.

– Le jour off stimule la concurrence ? –

Il n’en fallait pas plus pour que le ministre de l’Agriculture et porte-parole du gouvernement dénonce l'”utilisation politicienne” de cette affaire.

“Je rappelle qu’il s’agit d’un arrêté de 1999 et qu’à l’époque, ces arrêtés sont pris après négociation, discussion avec les professionnels, donc de la boulangerie, pour trouver des accords nécessaires et les équilibres nécessaires”, a expliqué Stéphane Le Foll, lors du compte rendu du Conseil des ministres.

“Il faut qu’on soit capables – et c’est tout le débat de la loi Macron, de la simplification qui est en cours aussi – de permettre les adaptations et ouvrir surtout des champs de discussion et de négociation qui soient clairs pour tout le monde”, a-t-il poursuivi.

Perdus au milieu des joutes politiques, les boulangers ont tenté eux aussi de se faire entendre, réitérant leur attachement au jour chômé dans leur profession.

“Nous sommes attachés à ces arrêtés préfectoraux” qui déterminent les jours de fermeture des boulangeries, “ce n’est pas pour empêcher les gens de travailler mais c’est pour trouver des équilibres, promouvoir la qualité des produits”, a réagi auprès de l’AFP Jean-Pierre Crouzet, président de la Confédération nationale de la boulangerie-pâtisserie.

“Il y a bien longtemps que les boulangers travaillent le week-end” et il faut “des règles équitables”, fait-il valoir.

Car pour lui, si toutes les boulangeries étaient ouvertes 7 jours sur 7, il n’y aurait pas pour autant plus de demandes. Il faut donc se partager le marché. De plus, ces jours de fermeture stimulent la concurrence, en permettant à un client de tester une autre boulangerie une fois par semaine, explique-t-il.