à son arrivée le 12 février 2015 à Bruxelles (Photo : Emmanuel Dunand) |
[12/02/2015 10:39:18] Bruxelles (AFP) Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, se préparait jeudi à un face à face sous haute tension avec ses homologues européens, qu’il veut rallier à sa volonté de se défaire du programme d’austérité imposé à son pays, au lendemain d’une réunion qui s’est conclue sur un désaccord total avec la zone euro.
Le début du sommet va être retardé à 15H00 (14H00 GMT) en raison de la prolongation jusqu’à jeudi matin des négociations sur l’Ukraine à Minsk, auxquelles participaient le président français, François Hollande, et la chancelière allemande Angela Merkel.
Le climat sera “lourd, très lourd pour Tsipras”, prédit un diplomate européen, alors que le grec doit rencontrer jeudi pour la première fois la chancelière allemande Angela Merkel, plus que jamais garante de l’orthodoxie budgétaire.
Aucun rendez-vous n’est fixé à ce stade, mais “nous répondons toujours aux invitations qui nous sont adressées”, souligne une source gouvernementale grecque, alors que les antagonismes entre la Grèce et une zone euro emmenée par l’Allemagne semblent plus forts que jamais.
ées sur la dette grecque, le PIB et la croissance du pays (Photo : P.Pizarro) |
Athènes veut à tout prix en finir avec la tutelle de ses créanciers (UE, BCE et FMI), ce qui irrite la zone euro, convaincue d’en avoir déjà fait beaucoup pour ce pays, qui a bénéficié de deux plans d’aide d’un montant total de 240 milliards d’euros.
“Nous commençons à être à bout de patience avec la Grèce”, a déclaré jeudi le Premier ministre finlandais, Alex Stubb, un des leaders des durs. Le pays “doit tenir ses engagements. Tout écart serait une forme d’injustice pour des pays comme l’Irlande, l’Espagne ou le Portugal”, qui ont eux aussi fait des efforts considérables en échange de plans d’aide internationaux.
Signe de ces fortes tensions, une réunion des ministres des Finances de la zone euro s’est conclue dans la nuit sans aucune avancée. Les participants, dont le ministre grec, Yanis Varoufakis, n’ont même pas réussi à se mettre d’accord sur un calendrier pour les jours à venir, avant une autre réunion lundi.
– Coup de téléphone dans la nuit –
Fait rare, aucun communiqué n’a été publié. Un texte était dans les tuyaux mais, selon un diplomate, un coup de téléphone du ministre grec des Finances à M. Tsipras a changé la donne dans la nuit. Selon une autre source, le communiqué en préparation évoquait une extension du programme d’aide dont bénéficie actuellement la Grèce, ce qu’elle refuse à tout prix, afin de se débarrasser de la troïka (UE-BCE-FMI). Cette version a été démentie par Athènes.
évrier 2015 à Bruxelles (Photo : Emmanuel Dunand) |
Les Européens veulent que la Grèce demande une telle extension, avant d’envisager des solutions pour alléger la dette, qui représente plus de 175% du PIB grec. La décision doit être prise au plus tard lundi prochain, car plusieurs parlements, notamment en Allemagne, doivent ensuite donner leur aval à un accord.
L’optimisme reste malgré tout de mise, souligne une source grecque: “Nous avons entamé une discussion constructive avec nos partenaires”. La Bourse d’Athènes rebondissait jeudi matin après un repli de 4% la veille.
Pour les analystes, un accord reste le scénario le plus probable, tant pour la Grèce que pour la zone euro. “Tout le monde a intérêt à éviter un défaut grec, personne ne veut faire une croix sur les prêts qu’on leur a faits, il n’y a pas de banquier qui préfère que son client ne le rembourse pas”, confirme un diplomate.
“Le contexte géopolitique milite également en faveur d’un compromis”, souligne Christian Schulz, de la banque Berenberg. Athènes n’exclut pas de se tourner vers d’autres pays comme la Russie ou la Chine, si elle ne parvenait pas à trouver un accord avec l’UE sur un financement d’urgence. Le ministre grec des Affaires étrangères, Nikos Kotzias, s’est rendu mercredi à Moscou. Et M. Tsipras a été invité en Chine.
Le Premier ministre grec a prévu toute une série de rencontres bilatérales jeudi à Bruxelles, avec ses homologues belge Charles Michel, britannique David Cameron, et avec le président du Parlement européen, Martin Schulz.