La Banque mondiale met à la disposition de la Tunisie, à partir de mercredi 11 février, un prêt supplémentaire de 100 millions de dollars (environ 193,2 millions de dinars tunisiens), en appui d’un projet gouvernemental visant à soutenir les micro, petites et moyennes entreprises (MPME). La Banque centrale de Tunisie (BCT) est chargée de la supervision du projet.
Laurent Gonnet, spécialiste du secteur financier pour la région MENA à la Banque mondiale, a précisé dans une interview accordée à l’Agence TAP, que l’objectif de ce projet est «d’améliorer l’accès des MPME tunisiennes au financement, de permettre également à celles qui se sont précédemment montrées solvables de conserver cet accès, tout en veillant à ce que les MPME viables qui ont été touchées par la révolution soient en mesure de retrouver leur capacité à poursuivre leurs remboursements de manière durable».
«Cette ligne de crédit assortie d’un taux d’intérêt de 1% pour l’Etat tunisien, avec une maturité de 15 ans, consacre 25 M$ (plus de 48,3 MDT) au financement des micro-entrepreneurs -ce montant devrait profiter à 45.000 projets pour une maturité de 5 ans)». L’essentiel du crédit (75 M$) est dédié au financement des MPME, dont 15 M$ (près de 28,9 MDT) sont réservés aux PME sous la forme de financement patient (12 ans de financement avec une période de grâce de 3 ans), devant être distribués par la CDC (Caisse des Dépôts et Consignations) qui allouera ces fonds au moyen d’Obligations Convertibles (ou assimilées) à long terme.
Booster les MPME pour créer de l’emploi
La Tunisie compte près de 624.000 micro, petites et moyennes entreprises (99,7% du nombre total d’entreprises dans le pays), employant près de 1,2 million de personnes soit 44% des emplois formels dans le secteur privé en Tunisie. En Tunisie, qui compte 620.000 chômeurs, «toute mesure visant à appuyer le développement de ces MPME (création, extension, restructuration) aurait nécessairement une incidence positive sur la création d’emplois», d’après la Banque mondiale.
La BM que le FMI considèrent dans leurs projections que la croissance économique sera essentiellement assurée par le secteur privé. Toutefois, sur 1,2 million de clients potentiels pour la microfinance, seulement 50% des besoins de micro-crédit sont couverts. Même si le montant de la ligne de financement additionnel ne couvre qu’une petite partie des besoins de financement des MPME (environ 2%), cette ligne «intervient à un moment propice pour contribuer à maintenir le flux de crédits au profit de ces dernières», a fait savoir la BM.
M. Gonnet a indiqué que la sélection des banques éligibles à la ligne de crédit, se fait sur la base du taux des créances douteuses, des fonds propres et des provisions en cas de sinistre. Ce prêt additionnel, approuvé le 17 avril 2014 par la Banque mondiale, essaie de répondre aux besoins des microentreprises qui n’ont pas été servies, lors du premier projet réalisé en 2012.
Il s’agit d’une ligne de crédit accordée par la BIRD à la Tunisie, d’un montant de 50 millions de dollars (69 millions de dinars à cette date) qui avait été décaissée en 12 mois. D’après le spécialiste, «la rapidité du décaissement révèle un problème de liquidité des banques tunisiennes».
Cinq banques, en l’occurrence AMEN BANK, ATB, BFPME, BIAT, BTE, et quatre sociétés de leasing (ATL, CIL, TL, UBCI), ont utilisé cette ligne de crédit, qui a permis de financer 172 PME (une PME moyenne emploie 42 personnes). 12% des crédits bancaires ont bénéficié à des femmes chefs d’entreprise et 20% ont été alloués à des projets dans les régions défavorisées.
La ligne de crédit d’une maturité de 17 ans avait généré 1.538 nouveaux emplois, ce qui constitue un impact économique important selon le spécialiste de la BM, qui a souligné que le doublement du crédit à 100 millions de dollars, devrait permettre de multiplier par deux la création d’emplois (45 mille microprojets, représentant autant d’emplois).
Cette première ligne a aussi, mobilisé de nouveaux investissements d’une valeur de 105,5 millions de dinars et permis de réaliser 221 MDT de chiffres d’affaires dditionnels (38% pour l’exportation). La majorité des projets (124) sont des extensions et 29 sont des créations dans les industries manufacturières, le commerce, le transport et les télécommunications, ce qui reflète la structure du PIB national.
Développer la microfinance
Evoquant l’enveloppe allouée à la microfinance (25 millions de dollars), M. Gonnet considère que «le développement de la Microfinance est désormais possible en Tunisie avec la mise en place d’un cadre juridique bien conçu et d’une Autorité de contrôle de la microfinance (ACM) indépendante».
En outre, la BCT et l’ACM ont convenu d’avoir une “centrale des risques unique”, afin d’assurer un développement sain de l’industrie de la microfinance. Alors qu’auparavant l’institution de microcrédit «ENDA», constituait l’unique interlocuteur en matière de microfinance, le pays compte actuellement près de cinq institutions de microfinance, disposant d’une licence, outre 280 associations de microcrédit dont le financement par la BTS (Banque tunisienne de solidarité) a été coupé.
L’expert a fait remarquer que seulement 80% des crédits octroyés par ces associations sont récupérés contre 98% exigés par la norme internationale. Il a proposé d’accélérer la restructuration de ces 280 associations pour qu’émerge au moins une grande association de microfinance par gouvernorat (24).