Le Canadien Bombardier tourne la page familiale

18c133c65a0a2d1845ad7bf56d46b4ebdb473e28.jpg
éronautique et de matériels ferroviaires Bombardier tourne la page familiale en écartant son patron Pierre Beaudoin (Photo : Jack Guez)

[12/02/2015 16:44:40] Montréal (AFP) Le constructeur aéronautique et de matériels ferroviaires Bombardier tourne la page familiale en écartant son patron Pierre Beaudoin, après une multiplication de déboires ponctués par une perte de plus d’un milliard de dollars l’an dernier.

Jeudi, le groupe canadien a créé une petite surprise en annonçant l’éviction de Pierre Beaudoin, 51 ans, et son remplacement au poste de Pdg par un spécialiste du secteur aéronautique, Alain Bellemare, 53 ans.

Depuis plusieurs mois, Bombardier s’enfonçait dans la crise, principalement pour sa branche aéronautique. Dans un marché archi dominé par Boeing ou Airbus, le constructeur canadien a fait le pari de lancer à partir d’une feuille blanche un avion mono couloir d’une centaine de places à grand rayon d’action, le CSeries, décliné en deux versions, le CS100 et CS300.

Après son premier vol en septembre 2013, déjà avec retard sur le programme initial, le CSeries a connu des ennuis moteurs nécessitant de repousser avant la fin de l’année 2015 les premières livraisons, qui étaient attendues au départ l’automne dernier.

Ces difficultés ont provoqué un renchérissement du programme en dépit de la suppression de 1.700 postes en décembre 2013. Bombardier a engagé un nouveau plan social de 1.800 emplois avec la réorganisation de la branche aéronautique l’été dernier, puis à nouveau un millier d’emplois en janvier avec l’arrêt du programme d’avions d’affaires Learjet 85.

Après avoir fait sauter plusieurs fusibles, comme le départ l’an dernier du responsable de la division aéronautique, c’est le patron Pierre Beaudoin qui a cette fois fait les frais des mauvais résultats.

Le conseil d’administration l’a rendu responsable de la déconfiture du groupe en bourse. L’action Bombardier qui cotait 8,25 dollars en juillet 2008, quelques jours après la succession entre le père Laurent Beaudoin et son fils Pierre, ne valait plus que 2,70 dollars jeudi.

– De l’auto-neige au Canadair –

L’entreprise familiale a donc vécu même si les Beaudoin, héritiers directs du fondateur, resteront à des postes non exécutifs et honorifiques. Pierre prend la place de son père dans le fauteuil de président du conseil d’administration.

c58502df9483431e6cadd292ae6a66b017bdd47c.jpg
à Mirabel au Quebec (Photo : Clement Sabourin)

Laurent Beaudoin, 76 ans, se voit décerner “le titre honorifique de président émérite (…) après plus de 50 ans à la barre de l’entreprise”. Chargé de l’hommage, son fils rappelle que Bombardier est devenue “un fleuron des entreprises canadiennes (…) avec 74.000 employés et une présence dans plus de 60 pays sur cinq continents”.

L’aventure Bombardier a commencé dans le petit garage de Valcourt, à 125 km à l’Est de Montréal. C’est là que Joseph-Armand Bombardier commence à fabriquer des autos-neige, des véhicules dotés de chenilles pour la traction et de deux patins à l’avant.

En 1941, l’entreprise Auto-Neige Bombardier est créée, reste spécialisée longtemps dans les matériels dédiés à la mobilité sur neige avec notamment la moto-neige, puis prend le simple nom de son fondateur en 1967.

Entre-temps, Laurent Beaudoin, beau-fils de Joseph-Armand Bombardier, est arrivé dans la société familiale et va progressivement lui donner son profil actuel. D’abord dans les années 1970 avec le ferroviaire quand Bombardier décroche la fabrication des métros un peu avant les Jeux Olympiques de 1976 à Montréal.

Puis Bombardier se lance dans l’aéronautique avec l’acquisition en 1986 de la société Canadair, connue pour ses appareils capables de déverser des tonnes d’eau pour combattre les incendies.

C’est cette branche aéronautique qui plombe maintenant Bombardier et certains investisseurs prévoient des cessions d’activités.

L’analyste Walter Sprackling, de la Banque Royale du Canada, pronostique ainsi une vente de la branche avions d’affaires LearJet sans exclure également la cession de la branche ferroviaire, sans doute la plus stable financièrement.

C’est maintenant le nouveau patron Alain Bellemare, 53 ans et sans autre lien avec Bombardier que d’être Québecois, qui devra redresser le groupe. Il a fixé dès jeudi son objectif :”améliorer la rentabilité” et générer “une croissance rentable”.