âtiment à Rio de Janeiro (Photo : Vanderlei Almeida) |
[13/02/2015 09:45:53] Rio de Janeiro (AFP) Le groupe pétrolier brésilien Petrobras présentera ses résultats annuels 2014 audités fin mai dans lesquels devrait être précisé le montant des dépréciations d’actifs liées au vaste scandale de corruption qui l’éclabousse.
Petrobras, détenue majoritairement par l’Etat brésilien mais cotée en Bourse à Sao Paulo et New York, a dû reporter à deux reprises la publication de ses résultats du troisième trimestre 2014, que son auditeur externe refusait de valider faute d’estimation par le groupe pétrolier de l’impact du scandale sur la valeur réelle des actifs du groupe.
Pressée par les marchés, le groupe pétrolier a finalement annoncé le 28 janvier ces résultats trimestriels, non seulement en berne mais encore une fois non audités, et toujours sans fournir l’estimation de ses pertes liées à la corruption, pourtant très attendue par les marchés.
Ajoutant à la confusion, Petrobras a indiqué le même jour avoir identifié 88,6 milliards de réais (31,4 milliards de dollars au cours du 13 février) de surcoûts dans 31 projets passés au crible par la justice, tout en avouant ne pas être encore en mesure de chiffrer la part de ce préjudice lié à la corruption et celle liée aux aléas de son activité économique.
“La méthodologie qui nous fait arriver à la somme de 88,6 milliards de réais ne s’est pas révélée adéquate pour évaluer les paiements indus potentiels”, a reconnu le groupe dans un communiqué diffusé jeudi soir.
Il a par ailleurs répété que ses investissements seraient réduits dans les mois à venir.
“Face au scénario qui se présente à nous, avec une baisse du prix du pétrole et notre niveau actuel d’endettement, Petrobras est en train de réexaminer sa planification financière et pense qu’il sera nécessaire de réduire ses investissements”, a indiqué le géant pétrolier qui avait déjà averti fin janvier d’un abaissement de 25% de ses investissements en 2015.
Dans la foulée de l’annonce de ses résultats pour le troisième trimestre 2014 — notamment un bénéfice net en repli de 9,07% sur un an à 3,087 milliards de réais — Petrobras a vu sa valeur boursière perdre encore plusieurs milliards de dollars et sa note abaissée par les agences Fitch et Moody’s, limitant encore ses capacités d’emprunt sur les marchés.
La présidente du groupe Graça Foster n’a pas résisté à la tourmente et a démissionné le 4 février, remplacée par Aldemir Bendine, président de Banco do Brasil et proche également du pouvoir brésilien, ce qui a été mal accueilli par les marchés.
Le scandale Petrobras a éclaté l’automne dernier, en pleine campagne pour les élections législatives et présidentielle qui ont vu la réélection de justesse de la présidente de gauche Dilma Rousseff.
Les enquêteurs ont découvert un système généralisé de pots-de-vin versés depuis une dizaine d’années par les principales entreprises de construction du pays à Petrobras en échange de contrats. Une partie de ces pots-de-vin étaient, selon l’enquête, reversés au Parti des travailleurs de Mme Roussef ainsi qu’à de nombreux élus ou partis de sa coalition parlementaire, dont les identités sont pour le moment couverts par le secret.
Le parquet évalue à ce stade à environ 4 milliards de dollars le total des sommes détournées de Petrobras en dix ans.