L’économie allemande a fini 2014 en beauté et se prépare à accélérer

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é du constructeur allemand Porsche au travail, le 11 mars 2014, à Stuttgart (Photo : Thomas Kienzle)

[13/02/2015 11:16:41] Francfort (AFP) L’économie allemande a donné un net coup d’accélérateur en fin d’année et fait encore mieux que prévu sur l’ensemble de 2014 avec une croissance de 1,6%, un chiffre qui augure bien de 2015 et creuse l’écart avec le voisin français.

L’Allemagne, première économie européenne, a finalement fait mieux que la croissance de 1,5% annoncée dans une première estimation le mois dernier.

L’impulsion supplémentaire est venue du dernier trimestre 2014. Mi-janvier, l’Office des statistiques Destatis n’avait donné qu’une vague estimation de la croissance allemande entre octobre et décembre, à “un quart de point”. Elle se révèle finalement être de 0,7% par rapport au troisième trimestre, essentiellement tirée par la consommation intérieure, a annoncé l’Office vendredi.

“C’est beaucoup plus que ne l’avaient anticipé les économistes”, souligne l’un d’eux, Jörg Krämer, de Commerzbank, qui précise qu’une correction d’une telle ampleur est inhabituelle.

Pour expliquer ce décalage, les analystes citent un possible coup de pouce de la météo clémente du mois de décembre, qui pourrait avoir dopé les investissements dans le secteur du BTP.

Nonobstant ces éventuels effets exceptionnels, “l’économie allemande s’est révélée vraiment forte au quatrième trimestre”, ajoute M. Krämer.

– Consommation robuste –

Durant cette période, la conjoncture allemande a été soutenue par la demande intérieure et surtout par les ménages qui ont “nettement” augmenté leurs dépenses, note Destatis, qui détaillera les chiffres le 24 février.

“Un signe clair que la baisse des prix du pétrole commence à faire son chemin vers la poche des consommateurs”, souligne Carsten Brzeski, chef économiste chez ING.

L’économie allemande s’en tire ainsi “sur une note très positive”, malgré une année 2014 en dent de scie, ajoute cet analyste.

Après une très maigre croissance de 0,1% en 2013, l’Allemagne avait démarré 2014 en fanfare grâce un hiver clément, lui permettant d’enregistrer une croissance de 0,8% au premier trimestre. Puis la première économie européenne avait nettement ralenti au printemps et à l’été, échappant de justesse à la récession.

Forte de sa robuste progression en fin d’année, l’Allemagne confirme son statut de moteur de la zone euro et laisse sur place la France, dont la croissance a plafonné à 0,4% l’an dernier, faute notamment d’un manque d’investissements, facteur clé pour la croissance.

Pourtant la faiblesse de l’investissement en Allemagne est souvent pointée du doigt aussi, notamment dans le débat politique, avec des appels pressants à Berlin à investir les deniers publics et en faire plus pour stimuler les dépenses privées.

Au quatrième trimestre 2014 toutefois, “les investissements ont évolué de manière positive”, précise Destatis dans son communiqué, évoquant une nette reprise des dépenses d’équipements et dans le BTP.

– ‘Avenir radieux’ –

Pour 2015, le gouvernement allemand table sur une croissance économique de 1,5%, misant de nouveau sur un fort soutien de la consommation intérieure, qui tire de plus en plus l’économie de l’Allemagne, longtemps portée uniquement par les exportations.

Des turbulences ne sont pas à exclure, pointent certains observateurs. L’économie allemande, dont le secteur des exportations reste un des piliers, est vulnérable aux soubresauts de la demande mondiale et la situation toujours fragile en Ukraine, de même que les tractations en zone euro autour de la Grèce, demeurent une source d’inquiétude pour les entrepreneurs et les milieux financiers allemands.

La dynamique durant la première moitié de 2015 pourrait par conséquent “être un peu plus contenue en raison de ces risques”, anticipe Christian Schulz, économiste senior de la banque Berenberg.

Mais “la bouffée d’air prodiguée par le pétrole bon marché, la faiblesse du taux de change de l’euro et la politique monétaire agressive de la BCE devraient toutefois plus que compenser ces menaces de court terme”, ajoute-t-il.

“L’avenir est radieux pour notre bonne vieille Allemagne”, estime Andreas Rees, économiste d’Unicredit, notant que les prévisions et consensus qui ont cours paraissent désormais excessivement prudents.