éparent le 12 février 2015 leur maison détruite (Photo : Vasily Maximov) |
[13/02/2015 12:30:14] Moscou (AFP) Soulagée par la promesse d’une nouvelle aide massive de ses bailleurs de fonds occidentaux, l’Ukraine reste dans une situation financière extrêmement précaire et sous la menace d’une épée de Damoclès: sa dette russe dont Moscou peut demander remboursement à tout moment.
Moscou avait accordé en 2013 un crédit de trois milliards de dollars à l’ex-république soviétique pour récompenser son président prorusse Viktor Ianoukovitch d’avoir tourné le dos au rapprochement avec l’Union européenne.
Non seulement l’heure du remboursement théorique, en décembre, approche mais une clause permet à la Russie d’exiger que l’échéance soit avancée.
“Ce prêt constitue un moyen de pression”, constate l’expert russe Stanislav Belkovski, directeur de l’Institut de la stratégie nationale.
“Vu le contexte des accords de Minsk, (Vladimir) Poutine ne va pas vouloir en jouer. Mais en cas de nouvelle escalade, ce qui est fort possible, il se servira de cet argument”, ajoute-t-il.
L’Ukraine est exsangue après plus de deux ans de récession qui a tourné à l’effondrement économique avec le conflit dans l’Est industriel. Sa monnaie a vu sa valeur quasi divisée par trois en un peu plus d’un an, ses réserves de devises sont quasi vides, l’activité chute et l’inflation ne cesse de s’accélérer.
Après le déblocage d’un premier plan de soutien au printemps dernier (4,5 milliards de dollars ont été déjà prêtés), le Fonds monétaire international a annoncé jeudi un nouveau crédit de 17,5 milliards de dollars qui doit être, une fois approuvé, versé par tranches.
Prévu sur une durée inhabituellement longue de quatre ans, il est censé donner à Kiev le temps d’appliquer les réformes d’austérité et de lutte contre la corruption promises, tout en payant ses dettes afin d’éviter une faillite.
éen à Bruxelles (Photo : John Thys) |
La patronne du Fonds, Christine Lagarde, a indiqué qu’au total, les Occidentaux mettaient sur la table 40 milliards de dollars, en comptant les contributions de l’UE, des Etats-Unis, de la Banque mondiale –qui a aussitôt promis deux milliards de dollars. Mais cette somme doit aussi comprendre des pertes que devraient accepter des créanciers.
“Cela signifie qu’il n’y aura pas de défaut de paiement, mais les créanciers devront apporter leur contribution et au minimum retarder le remboursement des obligations”, explique à Kiev Olena Bilan, de la société d’investissement Dragon Capital.
– Crise de liquidités –
Pour la Russie, pas question. “Nous ne sommes prêts ni à retarder les remboursements, ni à les réduire”, a tranché cette semaine le ministre des Finances, Anton Silouanov .
à Washington (Photo : Nicholas Kamm) |
“Nous comptons sur un remboursement de tous les engagements de l’Ukraine, cette année, en décembre. Pour nous, toute rentrée budgétaire en devises est importante”, a-t-il précisé.
Le gouvernement russe cherche en effet à soutenir son économie promise à une lourde récession tout en se trouvant confrontée à un manque à gagner estimé à 30 milliards d’euros en raison de la chute des cours du pétrole.
En théorie, Moscou peut même aller plus loin, et ne se prive pas de le répéter. La dette extérieure ukrainienne, gonflée par la chute de sa monnaie, a dépassé 60% de son produit intérieur brut. Une clause du prêt stipule que dans ce cas, Moscou peut demander à récupérer immédiatement ses fonds, au risque d’acculer Kiev au défaut de paiement.
Les réserves de devises ukrainiennes dépassent à peine cinq milliards de dollars, soit à peine un mois d’importations. Le seuil de trois mois est généralement considéré comme un minimum par les économistes.
“Si la Russie demandait un remboursement en avance et complet de son prêt, cela pourrait provoquer une grave crise de liquidités en Ukraine”, prévient Lilit Gevorgyan, experte au cabinet IHS Global Insight.
“En s’abstenant de le faire, la Russie cherche peut être à montrer qu’elle continue d’aider l’Ukraine financièrement malgré le conflit et reste un acteur raisonnable de la confrontation actuelle”, ajoute-t-elle.
Elle évite dans le même temps de déstabiliser davantage l’économie de son voisin, déjà en ruines, où de nombreuses entreprises russes restent très engagées.