Les investissements en panne en 2014, lueur d’espoir pour 2015

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ès-guerre, pourrait faire de 2015 une année de transition marquée par des vents conjoncturels contraires (Photo : Jacques Demarthon)

[13/02/2015 16:17:23] Paris (AFP) La “panne” de l’investissement en France pour la septième année consécutive, du jamais-vu depuis l’après-guerre, pourrait faire de 2015 une année de transition marquée par des vents conjoncturels contraires.

L’investissement total a reculé de 1,6% en 2014, a annoncé vendredi l’Insee, soit un fléchissement encore plus marqué que celui déjà très commenté de l’année précédente (-0,8%).

La baisse est particulièrement frappante chez les ménages, pour qui l’immobilier est le premier investissement: -5,8% en 2014 après -3,1% l’année précédente. Ceci s’explique par des prix restés assez hauts que ne compense pas la chute des taux d’intérêts.

Du côté des entreprises, l’investissement surnage tout juste au dessus de zéro (+0,3% en 2014, après -0,6% en 2013).

C’est en s’appuyant sur une enquête de l’Insee en janvier montrant que les entreprises françaises envisagent d’augmenter leurs investissements de 3% en 2015 que le ministre des Finances Michel Sapin a estimé vendredi que “les conditions sont réunies pour permettre un redémarrage plus net de l?activité en 2015”.

Le gouvernement, qui espère enfin récolter les effets des baisses de cotisations et d’impôts accordées aux entreprises se montre-t-il trop optimiste?

“Le constat, c’est qu’on a la plus longue panne de l’investissement productif de l’après-guerre avec 7 ans de stagnation”, explique à l’AFP Olivier Passet, directeur des synthèses économiques chez Xerfi. “Qu’est-ce qui fait dire que ça peut repartir? Rien du tout”, en l’absence selon d'”élément tangible” et de “signaux encourageants”, poursuit-il.

En gros, deux phénomènes s’opposent.

Du côté doux, ce que les économistes aiment appeler “l’alignement des astres”: la baisse de l’euro entraîne des taux de change intéressants pour les exportations, la baisse des prix du pétrole et des matières premières permet de redonner du pouvoir d’achat aux ménages et les taux d’intérêts très bas favorisent l’investissement.

A cela s’ajoutent les mesures gouvernementales qui vont monter en charge en 2015. Le crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) baissera ainsi selon les prévisions de plus de 15 milliards d’euros le coût du travail, sans compter les mesures de baisse des cotisations patronales sur les bas salaires.

Du côté piquant, la demande intérieure reste atone avec des carnets de commandes peu remplis, des entreprises toujours en surproduction et la crainte d’une arrivée imminente de la déflation, spirale installée de baisse anticipée des prix et des salaires.

“Si les prix sont en baisse, les entreprises auront la tentation de retarder leurs projets d’investissement”, explique Mathieu Plane, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques.

Il complète le tableau des obstacles en évoquant une “politique d’ajustement budgétaire fort avec 21 milliards d’économies qui pèsent sur l’activité”.

M. Plane parle de 2015 comme le temps du “rapport de force” entre les éléments positifs et négatifs, ce qu’il résume en parlant d’une “année de transition”.

– Investissements encore insuffisants –

Les investissements “devraient être meilleurs en 2015” mais “de là à être un moteur de croissance, la question reste posée”, détaille-t-il en observant que, pour tirer l’activité vers le haut, il faudrait un net redémarrage, pas seulement “quelques dixièmes de points de pourcentage”.

M. Passet fait lui appel à “l’analogie historique”. Grâce à “l’alignement des astres” et après “plus de sept ans de panne”, il serait “désespérant que ça ne redémarre pas un tout petit peu”, commente-t-il.

“L’expérience montre que quand on a eu cette conjonction des astres, comme c’est arrivé au moment de grosses crises (de l’investissement dans les années 80, puis 90), c’est ce qui a débloqué la situation”, rappelle-t-il.

Mais il voit un redémarrage plus rapide, pas une année de transition. Ce “cocktail” gagnant (baisse de l’euro, du pétrole, taux d’intérêts au plancher) “est en place depuis plus d’un trimestre ce qui veut dire que normalement l’accélération pourrait intervenir assez tôt, dans les mois qui viennent”, affirme-t-il.