érence de presse à Bruxelles (Photo : John Thys) |
[13/02/2015 16:02:56] Bruxelles (AFP) Au lendemain d’un sommet qui a permis de renouer le dialogue entre Athènes et ses partenaires européens, la balle était vendredi dans le camp des experts du gouvernement grec et de ses créanciers, chargés de jeter les bases d’un accord avant une réunion à haut risque lundi.
Les craintes d’une sortie de la Grèce de la zone euro (“Grexit”) ont été ravivées par l’échec d’une réunion des ministres des Finances mercredi sur la suite à donner au programme de financement du pays, qui arrive à échéance fin février.
Mais le dialogue a été renoué jeudi à l’occasion d’un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement à Bruxelles, au cours duquel le Premier ministre Alexis Tsipras a plaidé sa cause devant ses homologues, notamment la chancelière allemande Angela Merkel, principale garante de l’orthodoxie budgétaire.
Vendredi, les experts du gouvernement grec et de ses créanciers (Union européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international) sont entrés en scène pour préparer la prochaine réunion de l’Eurogroupe lundi.
Les Européens pourraient se montrer prêts à des concessions et accepter de ne pas prolonger le programme en cours pour discuter d’un nouveau plan, comme le réclame M. Tsipras. “C’est une option que je n’exclus pas”, a déclaré vendredi un haut responsable européen sous couvert d’anonymat.
Jusqu’ici, ils avaient toujours insisté pour que la Grèce demande une extension de son programme pour se financer à court terme, avant d’envisager une solution pour réduire sa dette, qui représente plus de 175% de son PIB.
Le nouveau gouvernement grec dominé par le parti de la gauche radicale Syriza est déterminé à se débarrasser de la troïka et des mesures qu’elle lui impose depuis 2010. Il refuse donc cette prolongation et exige d’obtenir un nouveau programme assorti de conditions moins draconiennes sur le plan social. “La transition vers un nouveau programme est désormais le seul objet des discussions”, a déclaré M. Tsipras jeudi.
Les travaux techniques ont commencé vendredi matin en présence du ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, qui devait ensuite quitter Bruxelles, selon une source proche des négociations. Ils réunissent experts grecs et des trois institutions “qu’on appelait autrefois par un nom en T”, a ironisé le responsable européen. “La troïka n’existe plus”, avait insisté la veille M. Tsipras.
Dans une interview vendredi à la chaîne de télévision France 24, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, reconnaît qu'”on a critiqué à raison la troïka” en raison de son mode de fonctionnement qui “pose beaucoup de questions”, notamment “en ce qui concerne la légitimité, la responsabilité démocratique des organes et des institutions qui la composent”.
– “Pas d’optimisme excessif” –
Les experts sont chargés d’ici à lundi de “faire un état des lieux et voir les points de convergence” entre le programme actuel et ce que demandent les Grecs, a résumé ce responsable. Ils ne vont “pas aborder les choix politiques, cette discussion aura lieu lundi soir”.
En attendant, “il faut s’atteler à la tâche, aux faits, aux chiffres”, a-t-il dit, soulignant que les partenaires d’Athènes avaient “jusqu’ici écouté, mais rien pu lire”.
Le gouvernement grec a “fixé des lignes rouges” concernant les points de son programme sur lesquels il n’est pas prêt à transiger, a rappelé vendredi son porte-parole, Gabriel Sakellaridis. Selon la source proche des négociations, certaines mesures comme la hausse du salaire minimum et la réembauche de certains fonctionnaires “ne sont pas considérées comme négociables”.
Mais elles ont un coût qu’il faut chiffrer, et les Européens ne les accepteront pas sans condition : M. Juncker a demandé que les 30% de mesures que le gouvernement grec juge “toxiques” soient remplacées par d’autres ayant un impact budgétaire équivalent.
Le gouvernement grec, comme ses interlocuteurs, se montraient au mieux prudents sur l’issue de la réunion de lundi. “Nous ne voulons pas susciter trop d’enthousiasme avant qu’un accord ne soit trouvé”, a déclaré M. Sakellaridis. Il n’y a “pas d’optimisme excessif”, a résumé une source européenne, tandis que le chef de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, se disait vraiment “pessimiste”.
La Bourse d’Athènes se montrait quant à elle beaucoup plus confiante. Après un bond de plus de 7% à l’ouverture, elle a terminé la séance vendredi sur un gain de 5,61%.