Compte à rebours enclenché pour sauver les retraites complémentaires

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ère séance de négociation entre patronat et syndicats (Photo : Joel Saget)

[17/02/2015 15:17:10] Paris (AFP) Le compte à rebours pour sauver l’Agirc-Arrco s’est enclenché mardi avec l’ouverture de la négociation qui s’annonce “très difficile” entre patronat et syndicats.

Ils auront jusqu’à fin juin pour trouver comment pérenniser les retraites complémentaires.

– ‘L’enjeu est majeur’ –

Réunis au Medef à Paris, les huit partenaires sociaux gestionnaires de l’Agirc-Arrco se sont élancés en début d’après-midi pour un premier tour de piste où chacun doit fixer ses objectifs et ses limites.

“On va aussi poser la question de la méthode et du lieu” des prochaines négociations, a précisé Philippe Pihet, négociateur FO avant l’ouverture de la séance.

“L’enjeu est majeur. Il en va de l’avenir du système de retraites complémentaires”, commente Patrick Poizat, négociateur CFTC.

Mais la négociation s’annonce “très compliquée”, a prévenu Eric Aubin (CGT), alors qu’il y a urgence à sauver le régime des cadres.

En 2013, syndicats et patronat avaient déjà pris des mesures pour pallier la dégradation des finances liée à l?arrivée massive à la retraite des papy boomers et à la réduction de la masse des cotisations due au chômage.

Mais le naufrage du système par répartition est imminent et des solutions doivent être trouvées pour que les cotisations -acquittées par plus de 18 millions de salariés et leurs employeurs- continuent de financer directement les pensions complémentaires, versées en 2013 à près de 12 millions de personnes.

L’Agirc (cadres, 1,24 milliard d’euros de déficit en 2013) et l’Arrco (tous les salariés du privé, 405 millions de déficit) disposent aussi de réserves financières, pour faire face aux déséquilibres temporaires. Mais ces réserves pourraient être épuisées dès 2018 pour l’Agirc, 2027 pour l’Arrco.

Les deux régimes, en déficit depuis 5 ans, versent chaque année plus de pensions qu’elles ne perçoivent de cotisations.

– ‘Pas de solution facile’ –

Les partenaires sociaux disposent d’une myriade d’outils, peaufinés depuis des mois.

Pour autant de l’avis du président de l’UPA, Jean-Pierre Crouzet, “il n’y a pas 50 solutions”, “ça ne peut se traduire que par un allongement de l’âge de départ”.

“Il est hors de question de toucher aux bornes d’âge” qui seront bientôt pour les retraites de base à 62 ans pour l’âge légal et 67 ans pour partir avec une retraite à taux plein, a rétorqué avant la réunion M. Pihet.

Sur le levier des âges, reste la question des abattements portés par le Medef, terrain sur lequel certains syndicats sont prêts à aller si le patronat consent en échange des efforts. Concrètement, l’actif qui partirait à la retraite à 62 ans toucherait sa pension de base dans son intégralité. Toutefois, il percevrait pendant une durée à définir (un, deux, cinq ans) une retraite complémentaire amputée.

Augmenter les cotisations acquittées par les salariés et les employeurs est une autre piste. “Un point de cotisation représente 5,9 milliards”. Or, il faut chercher 5 milliards à l’horizon 2017, fait valoir le négociateur FO selon qui il faudra probablement “combiner des mesures”, comme “les partenaires sociaux l’ont déjà fait” lors des précédentes négociations de 2013, 2011 et avant.

La CGT est aussi convaincue que des ressources nouvelles sont possibles pour l’Agirc-Arrco. En revanche “il n’est pas possible de baisser le niveau des pensions”, a averti Eric Aubin (CGT).

Augmenter les cotisations, “c’est impossible”, a coupé tout net le patron du Medef Pierre Gattaz mardi matin, estimant pourtant qu’il n’y avait “pas de tabou sur aucun sujet”.

Quant à la fusion des régimes Agirc-Arrco, c’est non pour la CFE-CGC et la CGT. La fin de l’Agirc ou du moins la diminution drastique des pensions complémentaires, qui représentent plus de la moitié de la pension globale des cadres, pousserait les cadres vers la capitalisation et les marchés financiers, selon M. Aubin.

Pour résumer, “il n’y a pas de solution facile”, a lâché Jean-Louis Mallys (CFDT).

D’après un sondage Odoxa pour Les Echos, Radio classique et FTI Consulting, les solutions envisagées pour sauver l’Agirc-Arrco sont très majoritairement rejetées.