êtements Uniqlo, à Hong Kong le 25 avril 2013 (Photo : Laurent Fievet) |
[18/02/2015 07:45:06] Tokyo (AFP) Plus les années passent, plus grandit l’ambition de Tadashi Yanai, fondateur et patron de la marque de vêtements Uniqlo, un PDG japonais qui voit le monde à sa porte.
“30.000 milliards de yens (222 milliards d’euros) de recettes en 2030, c’est un objectif, je ne plaisante pas”, a déclaré mercredi le milliardaire à la tête du groupe d’habillement Fast Retailing, plus connu pour sa marque phare Uniqlo.
30.000 milliards, c’est le chiffre d’affaires actuel de Toyota + 10%.
Jusqu’à présent, Tadashi Yanai s’en tenait à “5.000 milliards de yens en 2020”, ce qui apparaissait déjà presque déraisonnable compte tenu des ventes de moins de 1.000 milliards de yens affichées au moment où cet objectif fut initialement annoncé.
Mais M. Yanai persiste: “notre chiffre d’affaires devrait être de 1.600 milliards de yens cette année, 2.000 la suivante, puis 2.500 ensuite, bref, les 5.000 ne sont plus si loin”.
“Salvador Dali disait, l’intelligence sans ambition est comme un oiseau sans aile”, résume le patron de l’expansion mondiale d’Uniqlo, John C Jay.
– Cadence infernale de production –
M. Yanai, un capitaine d’industrie comme le Japon n’en fait presque plus depuis les patriarches créateurs de Sony, Honda, Panasonic ou Toyota, est persuadé que la réussite d’Uniqlo au Japon, avec ses 850 boutiques, peut être reproduite à l’échelle mondiale grâce à ses collections “basiques”.
êtements dans un magasin Uniqlo à Tokyo le 15 janvier 2015 (Photo : Yoshikazu Tsuno) |
“Cette année ou la prochaine, les recettes du groupe à l’étranger devraient dépasser celles encaissées au Japon”, a précisé à l’AFP M. Yanai, prouvant qu’il avait vu juste il y a plusieurs années déjà.
L’homme impose cependant à ses équipes une cadence infernale: “nous avons un rythme de croissance de production de 20% par an”, explique le directeur de la production du groupe, Yoshihiro Kunii.
“Nous devons passer d’une base actuelle de 1.600 milliards de yens (qui correspond au chiffre d’affaires du groupe) à 5.000 milliards, soit un triplement”, rappelle M. Kunii.
“Nous ne devons pas pour autant transiger sur la qualité, elle doit être maintenue au même niveau en permanence, tout cela avec beaucoup de contraintes par ailleurs, notamment en termes de gestion des ressources humaines”, poursuit-il.
C’est qu’Uniqlo s’est fait épingler dernièrement pour les conditions de labeur déplorables dans des usines de fournisseurs en Chine.
Le groupe reconnaît qu’il y a eu là des lacunes, mais le directeur de la “responsabilité sociale”, Yukihiro Nitta, assure vouloir imposer des règles strictes et “souhaite collaborer plus activement avec les ONG, les autres industriels et toutes les entités qui peuvent permettre de surveiller les usines et y répandre les bonnes pratiques sur la base d’un partage auquel est prêt le groupe japonais”.
“Nous n’allons pas réduire le volume de production en Chine, au contraire: sur les 20% de croissance mondiale annuelle, une part de quelque 5% est pour la Chine, le reste pour d’autres pays (Vietnam, Bangladesh, Indonésie, Inde)”, indique encore M. Kunii. “L’Inde est selon moi le pays qui a le plus fort potentiel à l’avenir, mais la Chine restera notre principale base de fabrication”.
– Capitales et avenues –
L’autre défi est l’ouverture des boutiques à l’étranger: “l’Asie est une priorité”, a rappelé mercredi M. Yanai, mais pas seulement.
Uniqlo compte déjà quelque 700 boutiques hors du Japon, avec un rythme d’ouverture qui s’accélère et un modèle de gestion qui évolue.
Et le groupe de prendre pour exemple le navire amiral du quartier du Marais à Paris, “qui a une résonance internationale”, selon Berndt Hauptkorn, PDG d’Uniqlo Europe.
Le concept particulier mis en place ici avec la vente de produits autres que des vêtements “est appelé à être reproduit à l’échelle internationale”, confirme M. Yanai.
Le groupe, qui avait commencé comme une “boutique de bord de rue”, se veut désormais une exigeante griffe des avenues.
“Nous mettons un point d’honneur à identifier et obtenir les meilleurs emplacements et c’est toujours un défi, mais nous ne voulons pas de compromis, donc pas de précipitation”, insiste M. Hauptkorn.
“Dans les radars, figurent entre autres des capitales comme Barcelone et Milan”, précise-t-il.