Tourisme international : la France en perte de vitesse?

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à Paris le 13 février 2015 (Photo : Martin Bureau)

[18/02/2015 09:54:48] Paris (AFP) La France, qui a érigé le tourisme en “cause nationale” depuis un an et s’apprête à ouvrir ses commerces au tourisme de shopping le soir et les dimanches pour mieux séduire, a-t-elle échoué à conquérir de nouveaux visiteurs en 2014 ?

La polémique est ouverte après la divulgation de chiffres troublants par l’Alliance 46.2, qui fédère de grands groupes soucieux de faire avancer la cause du tourisme en France, première destination touristique au monde.

Selon ces chiffres obtenus par l’Alliance auprès de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), l’Hexagone a accueilli 84,7 millions de touristes internationaux en 2014, soit autant qu’en 2013, enregistrant une progression nulle sur un an.

Une telle absence de croissance est inédite depuis six ans. “Depuis 2009, les volumes n’avaient cessé d’augmenter, avec une croissance totale de 10,3% entre 2009 et 2013”, relevait de son côté le magazine professionnel L’Echo touristique lundi.

“Je ne commente pas des chiffres provisoires”, a réagi Christian Mantei, le directeur général d’Atout France (organe de promotion du tourisme français), précisant que “les chiffres officiels sortiront début avril”.

“Consolider un bilan, cela ne se fait pas au 15 février”, a-t-il poursuivi. “Le provisoire, ça peut se jouer à 2%”, estime le directeur général d’Atout France, qui souligne que “la situation française en termes de tourisme est complexe”, davantage qu’en Espagne, “parce qu’on a une diversité de clientèles et d’offres”.

“Je pense que l’OMT ferait mieux d’attendre que les pays leur donnent les chiffres définitifs”, assène-t-il, jugeant qu’il y a “une marge d’erreur réelle”.

Même son de cloche du côté du ministère du Tourisme. On s’y refuse à commenter des chiffres considérés comme non officiels. “A ce jour, la France n’a transmis aucune donnée chiffrée à l’OMT pour 2014. Nos premières estimations sortent en avril”, indique-t-on.

“Même si les chiffres de 2014 devaient bouger de quelques centaines de milliers, cela ne changera pas grand-chose sur dix ans”, rétorque Frédéric Pierret, président d’Alliance 46.2 et ancien secrétaire général de l’OMT.

“C’est pour cela qu’on les a intégrés à des chiffres définitifs sur une longue période. Tous les chiffres de 2013 sont des chiffres que personne ne conteste”, précise-t-il.

Les derniers chiffres de l’OMT publiés par Alliance 46.2 sont issus d’un baromètre qu’a publié cette agence de l’ONU basée à Madrid en décembre 2014. Ils prennent en compte, pour la France, les huit premiers mois de 2014.

“Dès lors que ce sont des chiffres qui couvrent le printemps et l’été, je n’ai jamais vu de grosse variation. La tendance est là”, ajoute Frédéric Pierret.

Comparant la situation sur les dix dernières années (2005-2014), l’Alliance 46.2 note que “la croissance des arrivées de touristes étrangers en France a été la plus faible parmi les dix premières destinations touristiques mondiales”. La France affiche ainsi 13% de progression de 2005 à 2014, contre +53% pour l’Allemagne, +32% pour l’Italie ou +17% pour l’Espagne.

En tête du palmarès, ce sont la Thaïlande et la Turquie qui affichent les deux plus fortes progressions sur dix ans, avec respectivement une hausse de 109%, à 24,2 millions, et de 67%, à 40,3 millions.

“L’exercice consistant à comparer soi-disant la progression (du nombre de touristes étrangers) est en défaveur de la France”, nuance toutefois Jean-Pierre Nadir, président-fondateur du portail Easyvoyage.

Cette dernière, en tant que première destination touristique au monde, affiche en effet une marge de progression plus limitée que des destinations jusque-là beaucoup moins fréquentées.

“Le but de la France est de conserver des parts de marché plus que de progresser”, poursuit Jean-Pierre Nadir.

Alors qu’un milliard de touristes supplémentaires sont attendus dans le monde d’ici 2030, le ministre des Affaires étrangères et du Développement international, Laurent Fabius, avait annoncé fin juin que la France se fixait comme “prochain objectif” d’accueillir 100 millions de touristes étrangers par an.