çais Patrick Drahi à Paris le 17 mars 2014 (Photo : Eric Piermont) |
[18/02/2015 10:39:44] Paris (AFP) Le milliardaire Patrick Drahi, qui contrôle le nouvel opérateur télécoms Numericable-SFR a profité d’un fléchissement annoncé de performance pour proposer à Vivendi de lui racheter ses 20% conservés dans cette structure pour environ 3,9 milliards d’euros.
Vivendi a annoncé mercredi avoir reçu une “offre ferme” de Numericable-SFR et d’Altice (maison-mère de Numericable) qui en ont confirmé le prix fixé à 40 euros par action, représentant un montant d’environ 3,9 milliards.
Le prix proposé représente une décote de près de 20% par rapport au cours de Numericable-SFR, qui était de 49,68 euros mercredi à l’ouverture à la Bourse de Paris.
“Le directoire de Vivendi examinera cette offre dans les prochains jours” et le conseil de surveillance rendra une décision lors de sa réunion du 27 février, selon un communiqué de Vivendi.
Le groupe, qui a vendu fin novembre 80% du deuxième opérateur téléphonique français SFR à Numericable pour 13,36 milliards d’euros, a jusqu’à présent maintenu qu’il resterait actionnaire à 20% de Numericable-SFR.
Une éventuelle cession de ce solde “se traduirait pour Vivendi par l’encaissement définitif de 17 milliards d’euros environ (après financement de l’acquisition de Virgin Mobile à hauteur de 200 millions d’euros)”, souligne le groupe français recentré sur les médias.
Selon les termes de l’offre, Numericable-SFR achèterait la moitié du capital encore détenu par Vivendi dans le cadre d’un programme de rachat d’actions assorti d’un paiement comptant.
L’autre moitié serait acquise par Altice France pour “approximativement 1,948 milliard d’euros” via un financement par la dette dont le règlement interviendrait au plus tard le 7 avril 2016, avec un taux d’intérêt annuel de 3,8%, assorti d’une garantie bancaire.
Cette opération interviendrait dans les jours qui suivent l’assemblée générale des actionnaires de Numericable-SFR, qui se tiendrait au plus tard le 30 avril 2015, soulignent les trois parties.
Cette annonce, qui souligne la voracité de Patrick Drahi dans les télécoms, en a télescopé une autre, moins enjouée, à quelques heures d’intervalle.
– Bouygues Telecom, prochaine cible ? –
Numericable-SFR, détenue à 60% par la holding Altice que dirige M. Drahi, a d’ores et déjà prévenu que ses résultats et son activité de 2014 allaient marquer une baisse en données “pro forma” par rapport à ceux de l’exercice précédent.
Le chiffre d’affaires devrait avoir atteint environ 11,4 milliards d’euros, en contraction de 3,4% sur les 11,8 milliards enregistrés en 2013. L’excédent brut d’exploitation est attendu en recul de 11,4% à 3,1 milliards d’euros, selon un communiqué du groupe qui doit publier ses résultats annuels le 5 mars.
Ces données sont “pro-forma”, c’est-à-dire que les résultats 2013 et 2014 du groupe ont été recalculés comme si la fusion de ses deux composantes, effective depuis la fin novembre, l’avait été en fait dès le 1er janvier 2013.
Après les acquisitions de SFR et de Virgin Mobile l’an dernier, puis de Portugal Telecom pour 7,4 milliards d’euros autorisée en janvier, M. Drahi semble vouloir continuer sur sa lancée.
Il a réitéré récemment son intérêt pour le numéro trois français des télécommunications Bouygues Telecom, et en examinerait les conditions de reprise sur le plan financier et réglementaire, selon Bloomberg News.
Mais le candidat malheureux au rachat de SFR l’an dernier a affirmé lundi qu’aucune négociation n’était en cours tandis que le gouvernement est ouvert à l’hypothèse d’une réduction de 4 à 3 opérateurs actifs dans le secteur français des télécommunications.
Co-actionnaire du quotidien Libération, M. Drahi a également constitué dans l’intervalle un groupe de presse de taille significative en France, en achetant l’ensemble des titres du groupe belge Roularta, dont L’Express.
Le titre Numericable-SFR prenait 3,28% à 50,95 euros à 11H10 (10H10 GMT) à la Bourse de Paris, dans un CAC 40 en hausse de 0,78%.