évrier 2015 à Athènes (Photo : Aris Messinis) |
[18/02/2015 12:30:40] Athènes (AFP) Après deux semaines de tractations avec ses partenaires de la zone euro, le Premier ministre grec de gauche radicale Alexis Tsipras semblait amorcer mercredi un rapprochement dans leur direction, au risque de piétiner ses promesses vis-à -vis de son électorat.
Au moins dans les mots, le gouvernement grec a semblé se ranger du côté de ses créanciers en indiquant mardi soir qu’il allait demander “l’extension” du programme de financement international du pays.
Ce faisant il a tenu compte de l’ultimatum posé par la zone euro lundi soir, donnant à Athènes jusqu’à vendredi pour demander un prolongement de ce programme qui prend fin dans dix jours.
Mais tiraillé entre sa volonté affichée de rester dans l’euro et ses engagements électoraux d’alléger l’austérité, le gouvernement a précisé qu’il ne souhaitait qu’une extension de six mois du “financement”, et non celle du “memorandum” qui l’accompagne. Il a aussi annoncé qu’il allait proposer au parlement jeudi une série de lois sociales pour desserrer l’étau de l’austérité.
Mais Berlin a aussitôt rappelé qu’une extension de l’aide à la Grèce était “indissociable” de la réalisation des réformes.
“Il n’est pas acceptable et il ne sera pas accepté qu’on se lance dans une extension sans mise en oeuvre des réformes convenues, les deux choses sont indissociables”, a déclaré Martin Jäger, porte-parole de Wolfgang Schäuble, lors d’une conférence de presse à Berlin.
– sur la corde raide –
Le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici a cependant tenté d’ajouter un bémol. “Il est très important que nous fassions tous les efforts nécessaires pour éviter une rupture qui serait absurde et dommageable pour les uns et les autres”, a-t-il déclaré à la radio belge RTL .
“On attend aujourd’hui mercredi une demande grecque, il y a des marges de manoeuvre” dans les négociations, a-t-il dit.
étrangères Frank-Walter Steinmeier (droite) et son homologue grec Nikos Kotzias à Berlin le 10 février 2015 (Photo : Odd Andersen) |
Le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis a précisé mardi soir à la télévision allemande ZDF que “l’extension du financement européen” serait de quelques mois seulement, “pour pouvoir négocier un nouvel accord entre la Grèce et l’Europe”.
Depuis 2010, le memorandum fixe les conditions drastiques d’économie budgétaire imposées à la Grèce en échange d’un soutien financier international, rejetées par les Grecs lors des élections et la victoire du parti Syriza d’Alexis Tsipras en janvier.
Sur la corde raide, Alexis Tsipras a envoyé “un message à double lecture” mardi devant son groupe parlementaire.
D’une part, il a indiqué que “la Grèce n’acceptait pas les conditions et les ultimatums” et annoncé les mesures sociales qui seront présentées vendredi au parlement. D’autre part, il a assuré qu’Athènes “souhaitait la poursuite des négociations avec ses partenaires et non pas une rupture”.
Pour Philippe Waechter, analyste de Natixis Asset Management, dans ce bras de fer avec l’Europe, “c?est la Grèce qui a craqué”. “Si sa demande est acceptée, elle permettra de passer l?échéance du 28 février sans anicroche”, dit-il.
Dans son discours devant son groupe parlementaire, Alexis Tsipras est contraint de s’adresser à la fois à la branche la plus gauchiste et la plus dure de son parti, et aux créanciers du pays, analyse-t-il.
“Il lui faut donc montrer qu?il est allé jusqu?au bout dans la négociation tout en évitant la rupture, la sortie de la zone euro”, dit-il.
– “Fenêtre d’accord” –
Si la demande de prolongation est acceptée, les six prochains mois seront intenses pour fixer le cadre des prochaines mesures que consentirait la Grèce en échange de la poursuite de l’aide, “mais le risque de rupture aura été éloigné”, selon Philippe Waechter.
Une majorité de Grecs (plus de 70% selon les sondages) restent favorables à l’euro malgré les effets de la crise et de la politique d’austérité.
Mercredi la presse grecque souhaitait quasi unanimement un accord. Ta Nea (centre), le plus gros tirage du pays titre “Tournant (du gouvernement) avec une extension de l’accord du prêt”. Le quotidien financier Naftémporiki titre “Un pas de rapprochement”.
Kathimerini, libéral, évoque “le durcissement” des négociations tout en voyant “une fenêtre d’accord”
Même Avghi, le quotidien pro-Syriza, se félicite: “Vers un accord mais la tête haute: la réponse de Tsipras à Schauble qui veulent la soumission du pays”.
La bourse d’Athènes et les marchés de Paris, Francfort et Londres ont commencé en hausse, convaincus de la possibilité d’un accord.