Avant le salon, le gouvernement prend des mesures pour les agriculteurs

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éphane Le Foll, le 13 février 2015 à Sarrola-Carcopino (Photo : Pascal Pochard-Casabianca)

[18/02/2015 15:30:42] Paris (AFP) A trois jours du salon de l’agriculture à Paris, le gouvernement a pris des mesures destinées à alléger les difficultés des agriculteurs concernant notamment les normes environnementales, bien reçues par la FNSEA, mais moins par les défenseurs de l’environnement.

Parmi les annonces fortes faites en Conseil des ministres, les exploitants pourront plus facilement créer ou agrandir les élevages de volailles. Dans le détail, à partir de juin prochain, seuls les élevages supérieurs à 40.000 animaux nécessiteront une procédure administrative longue d’autorisation.

Entre 30.000 et 40.000 volailles, un simple enregistrement sera requis et en dessous de 30.000 aucune démarche ne sera à effectuer, explique le ministère de l’Agriculture dans sa communication au Conseil des ministres.

Jusqu’à présent, l’autorisation était nécessaire dès 30.000 volailles.

Le gouvernement avait déjà fait de même avec les porcheries qui peuvent depuis un an s’agrandir plus aisément, décision qui avait déjà vu protester les organisations de protection de la nature.

Car les rejets nitratés issus des élevages sont considérés comme une cause majeure de pollution des eaux et de prolifération des algues vertes sur le littoral.

“Ce que l’on essaie de faire avec ces assouplissements, ce n’est pas de remettre en cause les objectifs environnementaux, mais de faciliter ces projets et d’éviter qu’on allonge les études d’impacts qui font, qu’en France, c’est beaucoup plus long que dans tous les pays européens”, justifie auprès de l’AFP le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll.

Mais pour France Nature Environnement, “relever les seuils, c’est favoriser une course à l’agrandissement qui ne va pas dans le sens d’une qualité de l’alimentation, ni de la santé publique”, réagit auprès de l’AFP son porte-parole Jean-Claude Bévillard.

“Cela veut aussi dire qu’il pourra y avoir des agrandissements sans mesurer l’impact sur l’eau, sur l’air et donc sans que le citoyen puisse exprimer son point de vue”, regrette-t-il.

– Monter sur un escabeau –

Les agriculteurs se disent étranglés par les normes, les contraintes et les démarches administratives qui tournent parfois à l’ubuesque.

Exemple: lorsqu’ils ont un jeune apprenti sur l’exploitation, ils doivent demander une autorisation pour le faire monter sur un escabeau (pour cueillir un fruit ou autre).

Souhaitant lutter contre ces “blocages”, le gouvernement va ainsi “simplifier l’emploi de jeunes salariés”. Si l’employeur souhaite les faire monter sur un escabeau, une échelle ou les faire travailler “avec des machines dangereuses”, ils n’auront plus à solliciter une autorisation, une simple déclaration suffira.

Sur le volet social également, le compte pénibilité dans l’agriculture, qui sera mis en place en 2016, intègrera la spécificité du secteur, composé de très petites entreprises, afin d'”éviter aux exploitants un surcroît de tâches bureaucratiques”.

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ées à alléger les difficultés des agriculteurs concernant notamment les normes environnementales (Photo : Sebastien Bozon)

Après la polémique dramatique autour de la retenue d’eau de Sivens (Tarn), le gouvernement souhaite clarifier une fois pour toute son approche. “On est sur une ligne très claire de pouvoir retenir l’eau qui tombe en hiver pour éviter d’avoir une pression sur les eaux en étiage” l’été, a expliqué mercredi matin sur Europe 1 Stéphane Le Foll.

Enfin, s’agissant des relations commerciales avec la grande distribution qui tire les prix alimentaires vers le bas, le Premier ministre Manuel Valls, a promis à la FNSEA qu’il a reçue mardi soir, “des sanctions” vis-à-vis des enseignes qui ne joueraient pas le jeu.

Le président de la puissante FNSEA, principal syndicat agricole, a salué toutes ces annonces, reconnaissant auprès de l’AFP que “le Premier ministre est très impliqué sur les sujets”.

Mais pour France Nature Environnement, “le problème c’est que certains systèmes agricoles sont trop industrialisés pour respecter certaines contraintes, d’où l’intérêt du projet d’agroécologie” défendu par ailleurs par Stéphane Le Foll.

Le 52e salon de l’agriculture s’ouvre samedi et sera inauguré par le président François Hollande. Cette année, le monde agricole traverse une période particulièrement compliquée avec des revenus en berne pour toutes les productions, à l’exception du lait et du vin.