Vingt-cinq ans. Cela fait en effet un quart de siècle que la Tunisie parle de réformer son secteur –fonction et entreprises publiques- et/ou essaie de le faire sans y parvenir à ce jour. Pourtant, avant de devenir un fardeau et une entrave au développement économique du pays, le secteur public en a été le moteur.
Au lendemain de l’indépendance et en l’absence d’un secteur public si minime soit-il, c’est l’Etat qui a dû s’ériger en investisseur et employeur pour jeter les bases du développement de l’économie dans les années 60 et 70. D’ailleurs, c’est du secteur public lui-même que sont sortis les premiers entrepreneurs privés –notamment dans le secteur touristique- qui ont petit-à-petit pris le relais des pouvoirs publics dans le domaine économique jusqu’à réaliser aujourd’hui plus de 60% de l’investissement dans le pays.
Mais progressivement la machine publique est devenue de plus en plus lourde et, de ce fait, dans un premier temps, de moins en moins efficiente et, avec le temps, de plus en plus coûteuse. L’idée de la nécessité de la réformer a donc finit par s’imposer.
A la faveur du souffle réformiste ayant caractérisé –avant, malheureusement, de s’estomper- les deux premières années du règne de Ben Ali, une première tentative de réforme de l’administration a lieu en 1989, rappelle un récent rapport de la Banque mondiale, intitulé «Taille du secteur public et gestion de la performance: étude de cas de la Tunisie post-révolution». Une commission regroupant de hauts responsables de l’administration et des universitaires est créée cette année-là pour en diagnostiquer les faiblesses et recommander des mesures pour y pallier.
Au rayon des faiblesses, la commission en relève une multitude affectant l’administration à quatre niveaux: recrutement, évaluation, rémunération et promotion.
Concernant le premier point, la commission avait notamment recommandé d’élever les standards de recrutement et de les relier aux diplômes obtenus, de mettre en place des voies de recrutements directs pour les diplômés de certaines écoles, et de présélectionner les candidats par voie de concours.
Pour améliorer l’évaluation, quatre mesures avaient été suggérées allant de la révision des critères et l’introduction de bonus reliant la rémunération à la performance, à la décentralisation de l’autorité disciplinaire, en passant par le contrôle des absences et des congés maladie, l’extension de l’éventail des sanctions et l’accélération de la mise en œuvre des sanctions de premier degré.
A propos de la rémunération, la commission avait en particulier proposé de mettre fin à la prolifération des primes et créer des incitations financières pour les affectations en milieu rural.
Concernant les promotions enfin, deux mesures ont été recommandées: faire en sorte que 70% des recrutements soient externes, au moins pour les postes de catégorie A et limiter le nombre des tentatives autorisées dans les concours internes.
Malgré la mise en œuvre d’une partie de ces mesures, «l’amélioration du management de la performance a été marginale», note le rapport de la Banque mondiale.
D’autres tentatives de réforme de la fonction publique ont eu lieu en 1996, et durant la période 2007-2011, mais sans résultants probants. Ce qui a amené les experts de la Banque mondiale à conclure que les faiblesses relevées dans le système de management de la performance «doivent être vues comme des faiblesses structurelles et non conjoncturelles».