érieur Bernard Cazeneuve à Washington le 19 février 2015 (Photo : Saul Loeb) |
[20/02/2015 06:34:40] Washington (AFP) Le ministre français de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a plaidé jeudi à Washington pour “une meilleure coordination dans la lutte contre la propagande et le recrutement terroristes sur internet”, appelant les géants de la toile à collaborer “contre l’embrigadement sectaire”
M. Cazeneuve doit se rendre vendredi à San Francisco pour y rencontrer des responsables de Google, Facebook, Microsoft et Twitter et les exhorter à “une responsabilité partagée” face à une “menace protéiforme”.
“Aujourd’hui, le terrorisme est diffus et en +accès libre+”, a déploré le ministre français, au dernier jour d’un sommet international contre la violence extrémiste, en appelant à “peser collectivement sur les opérateurs” internet.
Les vidéos des exécutions par décapitation et par le feu perpétrées récemment par l’organisation Etat islamique ont largement circulé sur internet. Plus généralement, les appels à rejoindre le jihad ou les méthodes du parfait “loup solitaire” se propagent dans les médias sociaux ou sur YouTube.
M. Cazeneuve a prôné auprès de ses partenaires de 60 pays “une meilleure coordination dans la lutte contre la propagande et le recrutement terroristes sur internet”, en souhaitant une harmonisation au niveau international des “législations en matière de retrait des contenus illégaux”.
La France s’est déjà dotée d’une loi autorisant “le blocage administratif des sites internet qui appellent au terrorisme ou en font l’apologie”, s’est félicité M. Cazeneuve, précisant que “le délit d’apologie et de provocation au terrorisme” avait été également renforcé dans l’hexagone.
Fort de cette expérience, le responsable français demandera vendredi aux “grands majors de l’internet” américains de prendre des mesures concrètes pour participer à cette bataille “d’intérêt général”.
Car, il faut faire en sorte que “ce grand espace de liberté et de croissance ne soit pas un espace d’endoctrinement sectaire qui joue sur la vulnérabilité de nos ressortissants”, a-t-il ensuite plaidé devant la presse, à quelques heures de son vol pour la “Silicon Valley”.
“Internet doit être un espace de confiance”, a expliqué le ministre, “mais face au terrorisme, nous avons aussi besoin de régulation et de responsabilité”.
En premier lieu, il demandera aux géants de l’internet de retirer “sans délai” les contenus de propagande jihadiste, dès que les autorités le leur signalera.
Il les exhortera aussi à aider les gouvernements à développer des “contre-discours” pour décourager la jeunesse vulnérable, afin d'”utiliser cet extraordinaire vecteur pour diffuser de l’information sur les risques encourus” en cas d’engagement jihadiste.
Il les incitera également à collaborer dans les enquêtes antiterroristes, s’agissant en particulier de démanteler les technologies sophistiquées souvent utilisées pour échapper à la justice.
Chez Google, comme chez Microsoft, Twitter et Facebook, M. Cazeneuve dira: “trouvons des solutions qui n’obèrent en rien la liberté d’expression sur internet ni la dynamique économique qui peut résulter de cet extraordinaire outil”.
“L’appel au meurtre ne relève pas de la liberté d’expression, ce sont des délits criminels”, a-t-il martelé.
Dans le pays du Premier Amendement, le ministre a rappelé que “ce sont des journalistes français, des caricaturistes français qui symbolisent la liberté d’expression, parfois jusqu’à l’impertinence, qui ont été assassinés par des terroristes” le 7 janvier dans les locaux du journal satirique Charlie Hebdo.
“La France est bien placée pour connaître le prix que peuvent payer ceux qui sont attachés à la liberté d’expression lorsque les terroristes aveuglés par la haine frappent”, a ajouté M. Cazeneuve. Or, “si nous voulons lutter contre le terrorisme, c’est au nom de la liberté d’expression, et non pas pour l’obérer”.