éroport de Francfort (Photo : Daniel Roland) |
[20/02/2015 16:38:52] Berlin (AFP) L’allemand Lufthansa a dévoilé vendredi un bénéfice net divisé par près de six pour l’année 2014, pénalisé par le coût de grèves et des pertes sur des options sur le prix du pétrole, et sucré le bénéfice de ses actionnaires.
Les grèves à répétition qui ont affecté le géant du transport aérien – au printemps puis à plusieurs reprises en fin d’année sur fond de bras de fer de la direction avec le syndicat des pilotes – lui ont coûté 232 millions d’euros sur l’année, a précisé Lufthansa dans un communiqué.
Le groupe, maison mère de la compagnie du même nom, de Swiss, Austrian Airlines et Germanwings, se félicite tout de même d’avoir atteint son objectif d’un bénéfice d’exploitation hors coûts des grèves de plus d’un milliard d’euros (1,18 milliard).
En tenant compte des grèves, il pointe à 954 millions d’euros, une hausse de 36% sur l’année. Le chiffre d’affaires est resté stable à 30 milliards d’euros.
Outre le conflit social, Lufthansa a souffert de pertes latentes sur des options utilisées pour se couvrir contre le risque de hausse du prix du pétrole. La chute vertigineuse du prix de l’or noir depuis l’été, même si elle est globalement positive selon la directrice financière Simone Menne, a amputé la valeur de ces titres dans ses comptes.
En normes comptables allemandes, qui obéissent à d’autres règles, Lufthansa a subi une perte nette de 732 millions d’euros, entre autre à cause de la cession annoncée et déjà prise en compte des activités de services informatiques Lufthansa Systems à IBM. Celle-ci se traduit par une charge de plus de 200 millions d’euros, a précisé lors d’une conférence téléphonique Mme Menne. A joué également une hausse des provisions constituées pour le paiement des retraites.
Cette grosse perte selon les règles comptables allemandes conduit le groupe à supprimer pour 2014 le versement d’un dividende.
La sanction de ces annonces surprise – les résultats n’étaient pas attendus avant le 12 mars – a été rude en Bourse: l’action Lufthansa cédait 4,86% à 13,21 euros à 15h25 GMT à Francfort, bonne dernière de l’indice Dax des trente plus grosses valeurs.
Mme Menne a pourtant assuré que le groupe allait “travailler à être en mesure de payer à nouveau un dividende à l’avenir” et invoqué “une situation exceptionnelle”.
Elle n’était pourtant pas en mesure de promettre quoi que ce soit de concret pour 2015, alors que Lufthansa n’a pas résolu son conflit avec ses pilotes. Le différend, qui a déjà donné lieu cette année à un nouveau mouvement de grève à Germanwings, porte sur les conditions de fin de carrière.
Mais plus fondamentalement, les projets du groupe de transférer un grand nombre de ses liaisons à ses filiales à bas coûts, pour rester dans la course face à une concurrence féroce, suscitent la grogne en interne. Lufthansa est de ce point de vue dans une situation similaire au grand concurrent Air France-KLM, dont les projets de réorganisation ont également entraîné une grève géante des pilotes en septembre dernier.