AIM : le “dégoût” des salariés de l’abattoir déterminés à défendre leur “pain”

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ée de son site de Sainte-Cécile, dans la Manche, le 6 janvier 2015 (Photo : Charly Triballeau)

[20/02/2015 17:38:34] Villedieu-les-Poêles (France) (AFP) Deux à trois cents salariés d’AIM ont manifesté vendredi sous la pluie leur colère et leur détermination à sauver leur abattoir à Sainte-Cécile (Manche), au lendemain de l’annonce des offres de reprise de leur entreprise impliquant la suppression d’environ 400 emplois, sur 600 tous sites confondus.

“On est vraiment dégoûtés. Comment on a pu en arriver à ce point là ? Avoir un outil de travail qui marchait très très bien, être dirigé par des incapables et en arriver là. Mais on va le sauver, l’abattoir!”, a déclaré à l’AFP un salarié qui découpe de la viande depuis 20 ans à Sainte-Cécile, siège des Abattoirs industriels de la Manche (AIM), entreprise placée en redressement judiciaire début janvier.

Derrière une banderole “Abattoirs AIM: nous voulons travailler”, les salariés ont défilé sous une pluie parfois battante de Sainte-Cécile et Villedieu-les-Poêles, chef lieu de canton.

L’abattoir emploie dans la Manche 397 personnes selon les syndicats, mais seuls 118 salariés seront repris si le tribunal de commerce de Coutances valide la seule offre qui le concerne.

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Antrain, en Ille-et-Vilaine, le 2 janvier 2015 (Photo : Damien Meyer)

“On veut du boulot”, ont scandé les manifestants, réclamant également la démission de leur directeur. Dans la matinée, ils ont voté la poursuite du blocage jour et nuit de leur usine, comme c’est le cas depuis jeudi.

“Moi ça fait 38 ans que je travaille à l’abattoir. Arriver à ça, c’est une honte. Je suis en colère. Ca faisait dix ans que j’avais arrêté de fumer. Je m’y suis remis. Hier je suis rentré chez moi, j’ai pleuré”, explique un autre salarié, entré à l’abattoir à l’âge de 17 ans, la gorge nouée par l’émotion, tandis que plusieurs routiers klaxonnaient en signe de soutien.

– ‘Les yeux pour pleurer’ –

“On a bossé comme des cons ici. Et on n’a plus que nos yeux pour pleurer”, lâche une ouvrière, “depuis 40 ans” à Sainte-Cécile.

Quant aux propositions de reclassement en Bretagne, incluses dans l’offre de reprise de Sainte-Cécile, “on n’en veut pas. On a une usine: elle est bien notre usine. C’est notre pain”, poursuit cette femme qui, comme la plupart des salariés interrogés, a requis l’anonymat.

Pour la direction d’AIM, si on tient compte des 37 postes proposés en Bretagne, dont 32 “à 50 km” de Sainte-Cécile, par l’entreprise intéressée par l’abattoir de Sainte-Cécile, le nombre d’emplois supprimés chez AIM est de 300 maximum.

“Mais on a une famille ici. Ma femme travaille à Saint Lô (à 50 km au nord de Sainte-Cécile ndlr). J’ai fait construire ici”, ajoute un autre manifestant.

Les salariés de Sainte-Cécile espèrent une amélioration des offres déposées, voire une nouvelle. Ils ont été d’autant plus déçus que, selon leur avocate, une entreprise qui prévoyait la reprise de près de 300 des quelque 400 salariés de Sainte-Cécile a finalement jeté l’éponge.

La coopérative d’éleveurs Cap 50, à la fois le premier actionnaire d’AIM et son fournisseur, “exige un prix de vente trop élevé du porc”, a estimé Aurélie Balleroy, déléguée CGT du site.

La direction met, elle, en avant la crise qui secoue le secteur.

Les repreneurs avaient jusqu’à mercredi minuit pour déposer des offres. Le tribunal de commerce de Coutances, qui a prononcé le 6 janvier le redressement judiciaire d’AIM, les examinera le 6 mars.

AIM a deux sites principaux: Sainte-Cécile et Antrain, en Ille-et-Vilaine, qui emploie 179 salariés. Le site breton fait l’objet de deux offres, l’une conservant 71 salariés, l’autre 107.

L’offre sur Sainte-Cécile émane des sociétés Declomesnil (viande de porc) et Sofiprotéol, poids-lourd des huiles et protéines végétales (groupe Avril) qui a été présidé par Xavier Beulin, le numéro un de la FNSEA.