énon, le 20 février 2015 à Athènes (Photo : Aris Messinis) |
[20/02/2015 18:08:02] Varsovie (AFP) Des anciens pays communistes, entrés dans la zone euro au prix de longues années d’austérité et de réformes douloureuses, éprouvent peu de sympathie pour la Grèce surendettée, affirmant même que l’eurozone pourrait très bien survivre au “Grexit”.
Le gouvernement grec avait envoyé jeudi sa demande d’extension de l’accord d’assistance financière qui devait être examinée lors d’une réunion de l’Eurogroupe vendredi à Bruxelles.
Dans une interview au Financial Times, le Premier ministre de la Slovaquie Robert Fico a sèchement exclu toute aide supplémentaire de son pays à la Grèce, disant accueillir avec “calme” sa sortie éventuelle (Grexit) de la zone euro.
“Personne en Europe ne veut donner de l’argent à la Grèce”, a affirmé le chef du gouvernement slovaque de gauche, en ajoutant qu’il lui serait “impossible d’expliquer à l’opinion publique que la ‘pauvre’ Slovaquie doive subventionner la Grèce”.
– Austérité et réformes –
“Expliquer aux gens que nous devons donner de l’argent aux Grecs, avec leurs salaires et pensions ? Impossible. Impossible”, a-t-il affirmé.
évrier 2015 à Budapest en Hongrie (Photo : Attila Kisbenedek) |
La Slovaquie, pays de 5,4 millions d’habitants et membre de la zone euro depuis 2009, avait déjà menacé en juin 2012 de demander la sortie de la Grèce de la zone euro, au cas où elle n’applique pas un plan d’austérité en échange de l’aide internationale qui avait sauvé ce pays de la faillite.
Selon l’Estonie, pays balte de 1,3 million d’habitants, une éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro aurait un faible impact sur la monnaie européenne qui est en meilleure forme que pendant la première période de la crise de la dette grecque.
“La zone euro est certainement plus stable et plus forte qu’il y a cinq ans et la sortie hypothétique d’un de ses membres ne devrait avoir qu’un faible impact” sur elle, a déclaré la ministre estonienne des Finances Maris Lauri.
“Si on doit autant d’argent aux autres, et qu’on a reçu autant de leur part, on devrait se tenir tranquille et essayer d’être aussi poli que possible, s’entendre avec tout le monde”, estime pour sa part l’eurodéputée libérale estonienne Kaja Kallas
“Ils ont, cependant, une attitude différente. Ils ont l’air de dire : vous nous devez de l’argent, notre peuple souffre, vous nous avez fait une injustice. Ils oublient que d’autres pays souffrent aussi”, a-t-elle déclaré à la radio publique estonienne.
Ancienne République soviétique, l’Estonie, pays de 1,3 million d’habitants, a rejoint la zone euro en 2011, avant la Lettonie (2014) et la Lituanie (2015). Frappée par la crise dans les années 2008-2009, l’Estonie a réussi à redresser son économie au prix d’une cure d’austérité sans précédent. Les trois pays baltes affichent actuellement une croissance économique autour de 3%.
– ‘Une entreprise socialiste’ –
La Lettonie avait vu son PIB diminuer de près de 25% en 2008-2009, soit la pire contraction lors de la crise mondiale. Elle a toutefois redressé son économie, grâce à un plan de sauvetage du FMI et de l’UE prévoyant notamment des réductions drastiques des pensions et des salaires dans la fonction publique, avec relativement peu de protestations sociales.
Les Lettons estiment qu’il n’y a qu’une seule voie pour la Grèce et les autres pays endettés: l’austérité.
Selon le ministre des Finances letton Janis Reirs, “la coopération avec la Grèce ne peut être fondée que sur le programme d’aide financière existant, avec des conditions claires”.
Seules les “réformes structurelles profondes” peuvent sauver la Grèce, estime pour sa part Andris Strazds, économiste à la banque centrale de Lettonie.
“Le gouvernement grec se comporte comme le directeur d’une entreprise socialiste inefficace, demandant un adoucissement de ses contraintes budgétaires”, a-t-il dit à l’AFP.
L’ancien chef du gouvernement lituanien Andrius Kubilius, qui avait lui-même sacrifié 25% de son salaire en 2009, partage cet avis.
“La politique d’austérité a été le seul remède pour nous et je ne vois pas la raison pourquoi les Grecs ne l’appliqueraient pas”, a-t-il déclaré à l’AFP en avertissant que le “populisme” grec était dangeureux pour l’Europe.