La Grèce planche sur ses réformes, prochain test face à la zone euro

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évrier 2015 à une réunion au Parlement à Athènes (Photo : Angelos Tzortzinis)

[23/02/2015 06:26:31] Athènes (AFP) Le gouvernement grec effectue un numéro d’équilibriste pour présenter d’ici lundi soir, sans trop trahir ses promesses électorales, un catalogue de réformes lui permettant de décrocher le feu vert de la zone euro à l’extension de quatre mois du financement de son économie.

L’exécutif de gauche radicale, qui s’est finalement résigné à collaborer avec les créanciers de l’UE, de la BCE et du FMI dans le cadre des plans de sauvetage imposés depuis 2010 aux gouvernements précédents, est décidé à exploiter les quelques latitudes consenties par ses partenaires.

“Les textes européens ont toujours un flou créatif”, a glissé Giorgos Katrougalos, ministre de la Réforme administrative, sur une radio grecque.

Le gouvernement du Premier ministre Alexis Tsipras a obtenu de pouvoir présenter à la zone euro d’ici lundi soir sa propre liste de réformes pour autant que l’équilibre des finances publiques soit sauvegardé.

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évrier 2014 à Athènes (Photo : Angelos Tzortzinis)

“Il y a des sujets de souveraineté qui relèvent de la politique intérieure et ne sont pas négociables”, a averti dimanche le ministre d’Etat Nikos Pappas, bras droit de M. Tsipras.

Depuis la conclusion, vendredi soir à Bruxelles, de la première phase des négociations entre la Grèce et la zone euro, Athènes se démène pour donner une interprétation positive du laborieux compromis trouvé sur la prolongation jusque fin juin du financement de l’économie grecque.

– Divergences –

“Nous sommes au début d’une nouvelle phase”, a fait valoir M. Pappas, qui voit ces quatre mois comme l’occasion de crédibiliser les réformes du nouveau gouvernement.

Mais une première voix dissonante s’est fait entendre au sein de Syriza: le député européen et doyen de la gauche grecque Manolis Glezos, 92 ans, a vertement critiqué les concessions faites à la zone euro, et s’est “excusé auprès du peuple grec d’avoir participé à cette illusion”.

“Nous ne sommes plus prêts à être écrasés comme des mouches”, a lancé dimanche pendant la grande parade du carnaval de Patras (ouest) Giorgos Vourdoulas, dont la troupe avait mis en scène un char “qui prend l’aspect d’un insecte dérangeant”, la Grèce.

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Chronologie du programme de remboursement de la dette grecque en 2015 (Photo : L. Saubadu /cam, cam/dmk)

Les questions relatives aux droits et aux conditions de travail sont des sujets de “politique intérieure”, a affirmé M. Pappas. Dans ce domaine, le gouvernement de gauche Syriza s’est engagé à rétablir le principe des conventions collectives battues en brèche durant la crise.

Or selon les termes du plan de sauvetage en cours, la Grèce est censée accélérer la dérégulation du marché du travail et réformer son droit syndical. Et la hausse du salaire minimum de 580 à 751 euros sera mise en oeuvre “progressivement”, a réaffirmé le ministre Pappas.

Il a exclu de nouvelles baisses de salaires des fonctionnaires et des retraites. Or déjà le dernier paquet de mesures à entreprendre par Athènes incluait la suppression des retraites anticipées avant 62 ans et une baisse des retraites. Syriza s’est engagé durant la campagne électorale à augmenter les pensions les plus faibles.

– Et après le plan d’aide ?-

Malgré ces divergences, le ministre des Finances Yanis Varoufakis s’est dit certain de l’approbation des réformes par ses 18 collègues de la zone euro, qui en jugeront mardi lors d’une conférence téléphonique de l’Eurogroupe.

Athènes espère notamment convaincre par un engagement chiffré à lutter contre l’évasion fiscale et la corruption.

Le catalogue de réformes que doit présenter lundi le gouvernement grec permettrait à Athènes d’encaisser environ 7,3 milliards d’euros de recettes, écrit lundi le quotidien allemand Bild.

Selon le journal, qui dit tirer ses informations de sources proches du gouvernement grec, le plan d’Athènes prévoit notamment de lutter contre les trafics et d’imposer les grandes fortunes grecques et les oligarques.

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, cité lundi par Bild, a souligné que beaucoup restait à faire. “L’Europe a obtenu une pause pour souffler, rien de plus, certainement pas une solution. Maintenant, c’est au gouvernement d’Athènes de jouer”, a-t-il dit.

“Les discussions sont en cours, il ne faut pas les accompagner par de la hargne ou de l’arrogance”, a ajouté M. Steinmeier.

Dans une interview au journal conservateur espagnol ABC, le vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, a dit croire que le gouvernement Tsipras “s’est rendu compte que certaines règles, même si tu ne les a pas signées en propre, doivent être respectées par ton gouvernement”.

Plusieurs pays, dont l’Allemagne, devront ensuite faire adopter par leurs parlements, avant le 28 février, la prolongation du plan d’aide de la Grèce, que le gouvernement Tsipras souhaite être le dernier.

“A la fin de ces quatre mois”, a prévenu M. Katrougalos, “nous poserons la question de la dette”, soit du délicat allègement de ces quelque 320 milliards d’euros, environ 175% du PIB, qui pèsent sur le budget du pays et sur sa capacité de financement sur les marchés.