Hitachi va racheter les filiales ferroviaires de Finmeccanica

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à Tokyo, le 24 février 2015 (Photo : Yoshikazu Tsuno)

[24/02/2015 12:10:08] Tokyo (AFP) Le conglomérat industriel japonais Hitachi a annoncé mardi un accord pour reprendre les activités ferroviaires de l’italien Finmeccanica moyennant 809 millions d’euros, signant là sa plus importante acquisition à l’étranger dans ce domaine.

Le groupe va reprendre à Finmeccanica les 40% qu’il détient dans l’activité de signalisation Ansaldo STS pour 9,65 euros par action, soit un montant total de 773 millions d’euros.

Il compte aussi mettre la main sur l’intégralité de la filiale de matériel ferroviaire AnsaldoBreda pour la somme symbolique de 36 millions d’euros, reflet des difficultés d’une société criblée de dettes, selon un porte-parole de Finmeccanica.

Le géant italien avait annoncé en mars 2014 son intention de vendre AnsaldoBreda, expliquant que la perte opérationnelle s’était creusée à 227 millions d’euros en 2013, contre 160 millions l’année précédente, et qu’aucune amélioration n’était attendue pour 2014 en raison d’un manque de compétitivité.

Les commandes avaient ainsi reculé de 50% en 2013, année qui avait vu l’annulation d’une commande de 19 trains à grande vitesse par les chemins de fer néerlandais et belges en raison de problèmes de fiabilité.

En novembre, Finmeccanica avait dit avoir reçu une proposition de la part du conglomérat nippon, suivie un mois plus tard par une manifestation d’intérêt du chinois Insigma, une concurrence qui a visiblement retardé la conclusion de l’accord.

Basée à Naples, AnsaldoBreda revendique 150 années d’expérience dans l’industrie, avec une expertise particulière dans les lignes de métro sans conducteur, et compte quatre usines et 2.300 salariés.

Ansaldo STS, dont le siège se trouve à Gênes, emploie pour sa part quelque 4.000 employés dans plus de 30 pays, dont 1.530 en Italie.

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à Tokyo, le 24 février 2015 (Photo : Yoshikazu Tsuno)

Le PDG d’Hitachi, Hiroaki Nakanishi, a promis lors d’une conférence de presse à Tokyo de préserver les emplois pour l’heure, jugeant possible pour les deux sociétés cibles de renouer avec la rentabilité très bientôt, selon des propos rapportés par l’agence Bloomberg.

Avec une telle opération, présentée dans le communiqué comme “une étape clé dans la stratégie ferroviaire” du groupe qui entend devenir un acteur de premier plan, Hitachi devrait doubler son chiffre d’affaires annuel dans ce secteur pour le porter aux environs de 400 milliards de yens (près de 3 milliards d’euros), selon le quotidien économique Nikkei.

La firme pourrait ainsi venir se placer à la suite des trois plus grands mondiaux que sont l’allemand Siemens, le canadien Bombardier et le français Alstom.

– Recentrage stratégique pour Finmeccanica –

“Les activités rachetées revêtent une importance stratégique pour l’Italie”, rappelle Hitachi qui espère aussi partir à l’assaut de “nouveaux marchés au potentiel inexploité” et “renforcer significativement ses parts de marché” grâce à la combinaison des forces des différentes compagnies.

Le mastodonte, dont les activités vont des réacteurs nucléaires aux ascenseurs, cherche à étendre sa présence internationale alors que la population décline dans l’archipel nippon et que la construction de nouveaux sites nucléaires y est pour l’heure compromise en raison des suites de l’accident de Fukushima en mars 2011 et des incertitudes sur la politique énergétique à venir.

De son côté, Finmeccanica cherche à se recentrer sur son coeur de métier, c’est-à-dire l’aéronautique, la défense et la sécurité. La cession de la division transports “confirme notre engagement à atteindre nos objectifs économiques et financiers en réduisant notablement notre dette nette” (d’environ 600 millions d’euros), s’est félicité le PDG du groupe italien, Mauro Moretti, cité dans le communiqué.

“Aujourd’hui dans les secteurs de haute technologie, il faut, comme dans l’automobile, une forte concentration et une dimension importante. Finmeccanica a été jusqu’ici un groupe sans doute trop diversifié”, expliquait récemment à l’AFP Matteo Caroli, professeur d’économie et de management international à l’Université Luiss de Rome.

Les deux transactions devraient être bouclées un peu plus tard dans l’année, sous réserve de l’approbation des autorités compétentes, a précisé le groupe japonais qui lancera ensuite une offre sur les actions restantes d’Ansaldo STS.

La nouvelle a été accueillie sans enthousiasme par les marchés: à la Bourse de Milan, le titre Finmeccanica a brièvement bondi de 4% avant de chuter de plus de 3%, tandis que l’action Hitachi a fini en repli de 0,77% à Tokyo.