à Villepinte (nord de Paris), le 23 février 2015 (Photo : Erci Feferberg) |
[24/02/2015 14:39:02] Paris (AFP) Un ancien militaire heureux dans l’élevage porcin, une ex-assistante de direction épanouie grâce à la viticulture: le monde agricole met en avant des exemples de reconversion réussie, dans un secteur où 15.000 postes sont à pourvoir chaque année.
Sébastien Varennes est encore en stage, mais il sait déjà qu’il signera un CDI en mai, dès la fin de sa formation dans une exploitation bretonne de 330 truies.
A 40 ans, après une carrière qui l’a mené notamment dans les Balkans, il décide de ne pas attendre la fin de son contrat et les restructurations dans l’armée pour changer de branche.
Après avoir visité plusieurs exploitations, il jette son dévolu sur l’élevage porcin, “plus technique que l’élevage laitier”.
“Je voulais des responsabilités, être autonome et travailler avec la nature”, résume M. Varennes, ravi de son choix.
Un cas qui fait rêver Valérie Lafargue, responsable de la branche de l’Association nationale emploi formation en Agriculture (Anefa), en Dordogne.
“Pour trouver des porchers, on galère, comme pour les métiers de l’élevage en général, à cause des astreintes horaires”, explique-t-elle sur le stand de l’Anefa au salon de l’Agriculture, baptisé “Job Café”, où les “convertis” sont venus témoigner.
50.000 CDI de salariés agricoles sont signés chaque année selon la Mutualité sociale agricole (MSA), mais environ 15.000 postes n’arrivent pas à trouver preneur.
– Safran et chablis –
évrier 2015 (Photo : Stephane de Sakutin) |
“C’est sûr qu’il faut avoir la condition physique, ne pas avoir peur d’être au grand air et de travailler le week-end. Mais le monde agricole ouvre à de nombreuses possibilités, ce n’est pas uniquement le champ”, sourit Myriam Geschwine.
A 46 ans, cette ancienne assistante de direction est sortie d’un “passage à vide” après son licenciement en 2011 grâce à des vendanges dans le Chablis, sa région.
L’expérience lui ouvre de nouveaux horizons, confortée par cinq semaines de découverte du monde agricole grâce à une formation dégotée lors d’un salon de l’emploi à Auxerre.
Pour acquérir des compétences techniques, elle se lance ensuite dans un Brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole (Bprea), niveau bac mais accessible aux adultes sur 10 mois.
Sa spécialisation viticulture lui permet de décrocher presque tout de suite un emploi dans un domaine du Chablis, où elle participe aux travaux des vignes comme à la vente des vins.
Mais la quadragénaire a déjà d’autres projets: elle espère à terme racheter des terres pour agrandir la petite exploitation de safran qu’elle a repris en parallèle, et en vivre un jour à 100%.
“Le passage par l’emploi salarié peut être une étape pour reprendre une exploitation”, ce dont l’agriculture a cruellement besoin, explique Gilles Duquet, président de l’Anefa. “On sait que le renouvellement se fera par l’extérieur”.
– Quitter l’ennui et les horaires de bureau –
Benoît Lancelin, 30 ans, espère à terme trouver un associé pour s’installer dans l’élevage laitier. Après quelques années comme commercial dans les énergies renouvelables, le jeune homme a décidé de quitter l'”ennui” et les horaires de bureau pour l’agriculture.
Lui aussi termine son Bprea et n’a pas peur des contraintes: “les choses ont changé par rapport à il y a 20 ans, grâce à la mécanisation”.
à Villepinte (nord de Paris), le 23 février 2015 (Photo : Eric Feferberg) |
Pour certains, la reconversion se fait par nécessité. Dans les zones rurales, “on voit pas mal de gens qui ont perdu leur emploi, c’est assez naturel pour eux de se tourner vers l’agriculture”, constate Valérie Lafargue.
Daniel Lann, 49 ans, n’a pas hésité avant d’accepter un emploi saisonnier chez un maraîcher, après son licenciement des abattoirs Gad de Lampaul-Guimiliau (Finistère), en 2013, avec près de 900 autres personnes.
Après une formation, il entretient les plants de tomates dix mois sur douze. Il y a pris goût, même s’il a perdu au passage “200 euros” sur sa feuille de paie.
Les salariés agricoles démarrent rarement au-delà du SMIC.