éfilé à Augsbourg le 14 janvier 2015 (Photo : Nicolas Armer) |
[24/02/2015 19:33:28] Berlin (AFP) Le puissant syndicat allemand de la métallurgie IG Metall et le patronat se sont mis d’accord mardi pour augmenter de 3,4% les salaires du secteur dans le sud-est, un accord régional qui devrait sauf surprise valoir pour l’ensemble du pays.
Cet accord, décroché en pleine nuit à l’issue d’une quatrième réunion de négociations depuis la mi-janvier dans l’Etat-région du Bade-Wurtemberg, est un “pas important pour l’organisation du monde du travail et la stabilisation de la conjoncture”, s’est réjoui IG Metall dans un communiqué.
Le Bade-Wurtemberg prend ainsi le rôle de région-pilote pour ces négociations salariales qui concernant au total presque quatre millions de salariés en Allemagne, dans des domaines industriels très divers allant de l’automobile à l’électronique ou aux machines-outils.
Les négociations sont toujours menées région par région et non au niveau national et, traditionnellement, le premier accord trouvé dans une région est ensuite validé par les autres.
Syndicat et patronat de l’Etat-région de Rhénanie-du-Nord-Westphalie (ouest) se sont ainsi mis d’accord mardi après-midi sur une augmentation des salaires identique à celle décidée dans le Bade-Wurtemberg, a indiqué la section régionale d’IG Metall dans un communiqué.
L’accord salarial dans ce vaste secteur industriel, regroupé en allemand sous le nom de “métallurgie”, sert aussi souvent d’étalon pour les négociations dans les autres branches, comme actuellement celles des services publics, de la chimie ou du commerce de détail.
Sur le plan économique, cette hausse de pouvoir d’achat pour les salariés “assure que le moteur conjoncturel pour l’heure le plus important, c’est-à-dire la consommation privée, continue à tourner”, a insisté le principal négociateur d’IG Metall dans le Bade-Wurtemberg, Roman Zitzelsberger.
La fédération patronale régionale, Südwestmetall, a de son côté qualifié de “douloureux” le compromis trouvé sur les salaires, valable du 1er avril prochain au 31 mars 2016. Il est accompagné d’une prime unique de 150 euros pour chaque salarié et constitue pour “de nombreuses entreprises” un surcoût “à la limite du point de rupture”, a déploré Südwestmetall.
– Les grèves, ‘préalable essentiel’ –
A l’origine, IG Metall réclamait une augmentation des salaires de 5,5% sur un an. Ce à quoi la confédération patronale Gesamtmetall, qui défend les intérêts de l’industrie au niveau fédéral, avait fait une contre-proposition à 2,2% d’augmentation salariale.
La hausse salariale négociée dans la nuit de lundi à mardi représente “la limite absolue de ce qui est possible en matière de rémunération”, a estimé dans un communiqué le président de Gesamtmetall, Rainer Dulger.
Lors du précédent accord salarial de la métallurgie, qui était arrivé à expiration fin décembre, syndicat et patronat s’étaient laborieusement mis d’accord au printemps 2013 sur une augmentation de salaire de 5,5% mais sur une période de 20 mois.
appel du syndicat IG Metall pour demander des augmentations de salaire (Photo : Marijan Murat) |
Une fois encore, IG Metall s’est vite lancé dans une démonstration de puissance en mobilisant depuis fin janvier des centaines de milliers de salariés dans des mouvements de grève ponctuels, dits “d’avertissement”, et en agitant la menace de grèves dures et illimitées.
“Depuis le début des grèves d’avertissement, environ 850.000 employés ont fait grève”, avait déclaré Jörg Hofmann, l’un des responsables d’IG Metall, dans un communiqué diffusé lundi avant le démarrage des nouvelles réunions de négociations.
Rien que lundi matin, presque 100.000 salariés de 480 entreprises différentes avaient temporairement cessé le travail, dont presque 47.000 uniquement dans le Bade-Wurtemberg.
Après l’annonce de l’accord salarial, le premier président d’IG Metall, Detlef Wetzel, a remercié les grévistes dans un communiqué, estimant que cette tradition de l’action syndicale allemande “est et demeure le préalable essentiel à notre politique salariale éprouvée et couronnée de succès”.
Cela fait plus d’une dizaine d’années que les métallos allemands n’ont pas mené de grève dure.