à Athènes, le 24 février 2015 (Photo : Aris Messinis ) |
[25/02/2015 09:58:56] Athènes (AFP) Après s’être assuré un répit de quelques mois, le gouvernement grec d’Alexis Tsipras doit s’atteler à tenir ses promesses auprès de ses électeurs comme de ses partenaires, alors que l’ombre d’une troisième aide internationale au pays plane déjà.
Mardi Athènes a reçu le feu vert de ses partenaires de la zone euro à l’extension de quatre mois, jusqu’à fin juin, du programme d’aide qui maintient le pays à flot. En échange M. Tsipras a pris des engagements de réformes, en essayant de ne pas trop renier ses promesses anti-austérité.
Plusieurs parlements européens, dont la Vouli grecque et le Bundestag allemand, doivent encore avant la fin de la semaine donner leur aval au prolongement de l’aide. Malgré la grogne de certains élus conservateurs allemands, cette étape ne devrait être qu’une formalité.
Mais mercredi déjà les questions se bousculaient, par exemple sur les échéances financières qui attendent Athènes dans les semaines à venir.
“Même si l’accord (de mardi) tient, il n’est pas clair comment le gouvernement va remplir ses engagements entre maintenant et avril”, commentait ainsi Jennifer McKeown, économiste de Capital Economics. Des prêts du Fonds monétaire international (FMI) arrivent à échéance en mars, et les Européens n’ont pas prévu de débloquer de fonds avant avril, date à laquelle ils veulent juger des avancées grecques sur les réformes.
– “Le recul” –
Autre gros point d’interrogation, la réalisation effective du programme ambitieux – mais non chiffré – mis sur la table, qui comporte un important volet de lutte contre la fraude et la corruption et de réforme de l’appareil d’Etat, chantiers maintes fois repoussés par les précédents gouvernements.
“La tâche n’est aucunement terminée”, a ainsi rappelé mardi la chancelière allemande Angela Merkel, et le FMI a jugé que les promesses transmises mardi manquaient “d’assurances claires” sur la poursuite des réformes.
ère allemande Anglea Merkel et son ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier lors de la réunion du cabinet à Berlin, le 25 février 2015 (Photo : Odd Andersen ) |
Pour Costas Bakouris, président de l’antenne grecque de l’ONG anti-corruption Transparency International, les mesures dévoilées vont vraisemblablement “donner la priorité à la chasse aux gros poissons pour montrer des résultats rapides” mais le gouvernement “ne parle pas beaucoup du reste, de mesures préventives”, relève-t-il dans un entretien avec l’AFP.
Si ses propositions comportent un volet de mesures sociales – bons d’alimentation par exemple -, M. Tsipras a dû faire marche arrière sur certaines promesses, par exemple sur le salaire minimum dont le relèvement n’est plus ni daté ni chiffré. “Le recul d’Athènes”, titrait mercredi le quotidien Kathimerini (libéral).
Elu sur un message de rupture avec l’austérité et d’affranchissement de la tutelle des créanciers internationaux, qui ont demandé des réformes douloureuses en échange de 240 milliards d’euros d’aides depuis 2010, le Premier ministre de la gauche radicale, encore très populaire, aura fort à faire pour rester crédible. Certaines voix dissonantes à gauche se sont déjà fait entendre.
– Et après? –
Et surtout surgissait déjà dans le débat la question de l’après. Quelle forme prendra le “nouveau contrat” que la Grèce veut conclure avec ses partenaires d’ici fin juin?
Le journal allemand Rheinische Post faisait circuler mercredi un chiffre pour un éventuel troisième programme d’aide, 20 milliards d’euros, sur la foi de sources proches de la coalition au pouvoir à Berlin.
à Athènes le 24 février 2015 (Photo : Aris Messinis) |
Ce serait pour Athènes un sérieux revers que de devoir se soumettre à nouveau à un programme assorti de conditions draconiennes et alors que les précédents (en 2010 puis en 2012) ont transformé le pays en “colonie de la dette” et volé leur “dignité” aux Grecs, selon les dires du bouillant ministre des Finances Yanis Varoufakis.
La Grèce préfèrerait une ligne de crédit, mais “il est plus probable qu’on aille sur un nouveau programme qu’une ligne de crédit”, confiait mardi un haut responsable européen.
La montagne de dettes d’Athènes – 320 milliards d’euros, soit 175% du Produit intérieur brut (PIB) dont l’essentiel aux mains des créanciers internationaux – reste une autre source de préoccupation. Les partenaires d’Athènes ont clairement dit non à une nouvelle décote, mais à terme pourraient consentir à des aménagements de taux ou de maturité, s’ils sont satisfaits de l’avancée des réformes.