ût 2013 à Rome |
[25/02/2015 14:00:13] Milan (AFP) Mediaset, l’un des piliers de la galaxie de Silvio Berlusconi, s’est lancé mercredi à la conquête de Rai Way, société de retransmission de la radio-télévision publique Rai, une opération politiquement sensible qui nécessitera un feu vert du gouvernement italien.
A la surprise générale, la société d’infrastructures de télécommunications EI Towers, qui fait partie du groupe Mediaset, a annoncé dans la nuit de mardi à mercredi qu’elle lançait une opération publique d’achat et d’échange d’une valeur de 1,225 milliard d’euros sur la totalité du capital de sa rivale Rai Way.
Cette dernière, chargée de gérer le réseau de tours de retransmission de la Rai, est publique à hauteur de 65,1%. Le reste de son capital est coté à la Bourse de Milan depuis novembre 2014 dans le cadre d’une opération de privatisation destinée à renflouer les caisses de l’Etat, lourdement endetté.
L’objectif de la man?uvre est de créer “un grand opérateur national unique dans le secteur des infrastructures dédiées aux systèmes de radio et de télévision, à même de jouer aussi un rôle important dans le secteur des télécommunications”, a expliqué EI Towers dans un communiqué.
Un tel mariage permettrait de “remédier à la situation actuelle de multiplicité et d’inefficacité des infrastructures due à l’existence de deux gros opérateurs sur le territoire national, mettant ainsi l’Italie au même niveau que les principaux pays européens industrialisés” comme la France ou le Royaume-Uni, a-t-il insisté.
C’est la deuxième fois en l’espace d’une semaine qu’une société de Silvio Berlusconi fait parler d’elle pour une potentielle offensive d’ampleur.
Le 18 février, l’éditeur Mondadori avait annoncé avoir formulé une offre de rachat de l’activité livres de son concurrent RCS Mediagroup, suscitant une levée de boucliers dans le monde de l’édition où l’on redoute un niveau de concentration inédit en Europe.
– ‘Que l’AC Milan achète l’Inter’ –
Le gouvernement italien, dont le feu vert est indispensable au bon déroulement de l’opération lancée par Mediaset n’avait toujours pas réagi officiellement mercredi en milieu de journée.
Le mouvement contestataire Cinq Etoiles de l’ex-comique Beppe Grillo a dénoncé le “phagocytage d’une ressource publique par le groupe Mediaset”, stigmate selon lui d’un pacte politique secret entre Silvio Berlusconi, toujours à la tête de Forza Italia (droite) et l’actuel chef du gouvernement Matteo Renzi.
“D’abord Mondadori-RCS, puis Mediaset-Rai Way: à présent j’attends que l’AC Milan achète l’Inter”, a pour sa part ironisé sur Twitter un haut responsable du Parti démocrate (centre-gauche) de M. Renzi, Pierluigi Bersani, en référence au club de football milanais appartenant à M. Berlusconi.
EI Towers espère boucler la transaction d’ici à l’été 2015, et à terme retirer Rai Way de la Bourse de Milan. Pour réussir, il lui faudra rassembler au moins 66,67% du capital de Rai Way, et obtenir l’aval des autorités italiennes de concurrence.
Pour mieux convaincre de ses bonnes intentions, EI Towers s’est engagé à “garantir l’accès aux infrastructures à tous les opérateurs de radio et de télévision, indépendamment, en des termes égaux et transparents”.
Une fusion garantirait aussi des gains d’efficacité et bénéficierait aux clients, réduirait la pression sur l’environnement et stimulerait le processus de consolidation européen, a-t-il argumenté.
Selon les analystes de Banca Akros, une telle fusion apparaît de fait “naturelle”. “Dès l’annonce de l’OPA, Rai Way est apparue comme candidat idéal à une fusion avec EI Towers, étant donnés le modèle de business presque identique, les dimensions et leurs activités respectives”.
Les conditions de l’offre (l’équivalent d’environ 4,5 euros par action, soit 1,5 fois le niveau de l’action Rai Way lors de son entrée en Bourse), ont été jugées plutôt généreuses et le titre de Rai Way a bondi de 17% dans la matinée.
EI Towers, dont les principaux actionnaires sont Mediaset via la société Elettronica Industriale (40%) et le fonds BlackRock (10,252%), a déjà inscrit une augmentation de capital à son agenda.