Un logo “Fleurs de France” face la concurrence du bout du monde

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” (Photo : Joël Saget)

[25/02/2015 15:03:06] Paris (AFP) Les fleurs coupées ont été prises dans le tourbillon de la mondialisation et aujourd’hui, 85% de fleurs vendues en France viennent de loin, très loin. Pour résister, les horticulteurs français lancent le logo “Fleurs de France”.

“Ethiopie, Somalie, Costa Rica, Equateur, Israël, Kenya, c’est une production qui connaît la mondialisation depuis longtemps”. “La Hollande est la plaque tournante du système” et inonde l’Europe de fleurs étrangères, raconte Jean-Marc Vasse, délégué général de la filière horticole (Val’hor).

“La rose vient à 95% de la Colombie pour les qualités supérieures, d’Afrique et du Kenya en particulier pour les autres”, enchaîne Patrick Abadie, responsable qualité et approvisionnement végétal chez Truffaut.

“Les difficultés ont commencé dans les années 1990/2000. La grande distribution a commencé à s’intéresser à nous et elle a bouleversé le système”, explique Jean- Pierre Mariné, président du Conseil horticole de FranceAgriMer.

Aujourd’hui, la production française est réduite à peau de chagrin: des roses, pivoines, anémones, oeillets et quelques autres variétés, mais pas de quoi faire un gros bouquet.

Même chose sur les plantes vertes. Il n’y a que sur les plantes d’extérieur que les pépiniéristes ont réussi à se maintenir.

Les plantes, arbustes en pots, plus lourds et plus volumineux, sont de moins bons clients de la mondialisation.

Chez Truffaut par exemple, 3/4 des végétaux d’extérieur ont bien grandi en France. Grandi, car ils n’y sont pas forcément nés.

Il reste moins de 20 “maternités” (multiplicateurs de plants) en France. Car cette étape requiert beaucoup de main d?oeuvre. “La main d’oeuvre c’est 45 à 55% de notre prix de vente”, souligne Thierry Browaeys, des pépinières La forêt près de Nantes.

Difficile dans ces conditions de faire face à la concurrence coûts du travail de la Belgique, l’Allemagne, l’Espagne ou l’Italie.

Autant de raisons qui ont poussé la filière à lancer le logo Fleurs de France la semaine dernière.

Une initiative vivement encouragée par le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll et présentée au Salon de l’agriculture qui se tient cette semaine à Paris.

Car contrairement à la viande fraîche ou aux fruits et légumes, aucune mention d’origine obligatoire ne doit figurer sur les végétaux.

Et le “Made in France” est à la mode. Même si, comme le remarque Patrick Abadie, dans l’achat de plantes ou de fleurs, “ce qui prime, c’est le plaisir”.

– Des dahlias Label Rouge –

Les professionnels devront redoubler d’imagination pour convaincre le consommateur et son porte-monnaie. D’autant que, faute de production nationale suffisante, un bouquet avec au moins 50% de fleurs produites dans l’Hexagone pourra bénéficier du logo.

Même chose, une plante qui n’est pas née en France mais a passé “plus de 50%” de sa durée de production sur le sol français pourra revêtir le logo.

Celui-ci est déjà présent chez certains fleuristes, soit sur les plantes et les bouquets, soit sur les vases vendant les fleurs à l’unité.

Et pour le secteur, c’est une dernière chance de s’en sortir.

Depuis 2011, certains producteurs français sont déjà engagés dans une certification “Plante bleue”, qui assure une production moins gourmande en eau, pesticides, engrais et énergies, assortie d’un engagement “social et sociétal”.

Mais l’initiative est peu connue du grand public et seuls 151 producteurs sont estampillés, soit 20% des surfaces de production.

Pour faire valoir des produits de qualité, le secteur mise aussi sur le Label Rouge. En 2011, les bulbes de dahlia ont obtenu la première homologation, sur des critères esthétiques et de floribondité (capacité à donner beaucoup de fleurs).

Des rosiers, sapins de Noël, géraniums ou arbres fruitiers espèrent également obtenir prochainement la labellisation.

Acheter français c’est s’assurer de conditions de travail encadrées, du maintien de 160.000 emplois directs et indirects en France et d’une utilisation “raisonnée” et “légale” des pesticides, font valoir les professionnels.

Un cri d’urgence alors qu’il reste moins de 5.000 exploitations horticoles en France, contre 12.000 il y a 20 ans….