înes de supermarchés et de pharmacies en Russie ont décidé mercredi de geler les prix de produits de première nécessité (Photo : Sergei Gapon) |
[25/02/2015 16:13:56] Moscou (AFP) Les principales chaînes de supermarchés et de pharmacies en Russie ont décidé mercredi de geler les prix de produits de première nécessité, qui ont flambé à cause de la crise monétaire, touchant durement les populations les plus fragiles.
Entre la chute du rouble et l’embargo alimentaire visant l’UE et les Etats-Unis en raison de la crise ukrainienne, les prix des légumes, de la viande ou des médicaments ont connu des augmentations spectaculaires et les autorités ont prévenu qu’elles puniraient tout abus.
Face à la pression, la fédération de la grande distribution ACORT, qui regroupe notamment Magnit, X5, Auchan, Lenta ou encore Metro, a annoncé bloquer les prix de “plus de 20 produits socialement importants de première nécessité pour deux mois”.
Ces enseignes espèrent ainsi “contribuer à stabiliser la situation sur le marché des produits alimentaires dans l’intérêt de la population”, a expliqué l’organisation dans un communiqué, appelant producteurs et fournisseurs à participer à leurs efforts.
La liste précise des produits concernés n’a pas été publiée mais selon le journal Vedomosti, elle inclut viande, poisson, lait, sucre, sel, pommes de terre, chou, pommes…
Selon les statistiques officielles, les prix alimentaires ont en moyenne augmenté de plus de 15% l’an dernier et la tendance s’accélère depuis le début de cette année.
De son côté, le groupe AVE, qui regroupe plusieurs réseaux de pharmacies (730 boutiques), a assuré prendre des mesures similaires. Le gel concerne des médicaments “vitaux”, traitant des maladies “lourdes ou chroniques” ou “populaires parmi les couches fragiles de la population”, a précisé son patron Temour Chakaïa à l’agence Interfax.
Une grande partie des médicaments consommés en Russie est importée et les prix ont augmenté de 20% à 30% en moyenne à cause de l’effondrement de la monnaie. Les professionnels dénoncent des pénuries de certains traitements, y compris contre le cancer, et il n’est pas rare de voir des retraités faire le tour des pharmacies de leur quartier à la recherche du meilleur prix.
– Pouvoir d’achat en baisse –
Vladimir Poutine est revenu au Kremlin en 2012 avec d’ambitieuses promesses sociales de hausses des salaires des fonctionnaires et des retraites. Le gouvernement, qui voit ses rentrées budgétaires réduites par la chute des cours du pétrole, ne cesse d’assurer que ces engagements ne seront pas remis en cause et a annoncé plusieurs mesures de soutien social aux catégories défavorisées: indexation des retraites, aides aux chômeurs…
Le Parquet a lancé récemment une vague de contrôles dans la distribution et a constaté des hausses ponctuelles spectaculaires (+163% pour le chou, +478% pour les concombres, +338% pour les tomates), promettant de punir les hausses abusives.
Le vice-Premier ministre Arkadi Dvorkovitch, qui avait menacé d’introduire des mécanismes de régulation des prix, a salué une “approche constructive” des distributeurs.
Pour les économistes d’Alfa Bank, la décision des chaînes de supermarchés, qui risquent de subir des pertes en encaissant une partie de l’inflation à leur compte, constitue un “moindre mal” et une “tentative de montrer un front uni dans un contexte de pression croissante du gouvernement pour contenir l’inflation”.
Ils estiment que le gel des prix pourrait représenter jusqu’au tiers du panier alimentaire des ménages et pourrait réduire l’inflation d’un demi-point.
Tous produits confondus, le taux annuel d’inflation a déjà dépassé 15% et pourrait selon les économistes atteindre un pic autour de 20% au printemps.
La hausse des prix devrait forcément affecter le pouvoir d’achat. Le gouvernement prévoit une chute de plus de 9% des revenus et une baisse de 8% des ventes de détails. Ces dernières ont subi en janvier une chute de 4,4% sur un an, leur premier recul depuis la crise de 2009.
“L’économie russe commence à subir les effets de la baisse des cours du pétrole et de la brusque chute du rouble de la fin de l’an dernier, les consommateurs portant le poids le plus lourd”, ont estimé mercredi les économistes de Capital Economics.
Le gouvernement prévoit une contraction de 3% du produit intérieur brut cette année mais de nombreux économistes sont encore plus pessimistes.