Face à la concurrence le vignoble français doit endiguer sa régression

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Italie (Photo : Jean-Francois Monier)

[25/02/2015 18:06:03] Paris (AFP) Après deux petites récoltes et une perte de surface de plus de 10% en dix ans, la viticulture française veut au minimum réussir à “stabiliser” sa production pour résister à la concurrence de l’Espagne et de l’Italie.

“L’an dernier nous avons stabilisé nos exportations en volume et en valeur mais pendant ce temps, l’Espagne et l’Italie augmentaient les leurs, à la fois en valeur et en volumes”, insiste Jérome Despey, président de la filière viticole de FranceAgriMer, qui profite du Salon de l’Agriculture pour attirer l’attention des pouvoirs publics sur le sort des producteurs.

Le Pavillon des Vins compte parmi les étapes obligées des politiques en visite Porte de Versailles, où sont passés entre autres depuis samedi le président François Hollande et son Premier Ministre Manuel Valls, ainsi que, de manière quasi-quotidienne, le ministre du secteur Stéphane Le Foll.

A tous, Jérôme Despey a rappelé que la France devait réagir pour rester compétitive “et garder son positionnement en Europe et dans le monde”.

D’autant, rappelle-t-il volontiers, que le secteur représente le 2e poste d’excédent commercial français (9,5 milliards) derrière l’aéronautique, l’équivalent de 140 Airbus par an.

La France a récupéré en 2014 le premier rang des producteurs avec 47 millions d’hl mais depuis trois ans, elle est talonnée par l’Espagne et l’Italie.

L’Espagne l’avait même détrônée après deux petites récoltes historiquement basses en 25 ans, 41 millions d’hl en 2012 et 21 en 2013, très inférieures à la moyenne décénnale de 45 million hl — surtout après avoir connu des années à 53-55 millions hl.

En dix ans, le vignoble de l’hexagone a perdu 12% de sa surface, pour atteindre désormais 750.000 ha: “L’idéal serait d’y rester”, juge Jérôme Despey. “Il faut arriver à se stabiliser à ce niveau sans régresser”.

Il est notamment victime d’un dépérissement inquiètant, attribué au climat et à des pathologies comme la maladie du bois qui attaque les plants dans toutes les régions, mais aussi à l’interdiction de certaines molécules chimiques qui n’ont pas encore trouvé leur remplaçante.

La filière a voté en juillet 2014 un Plan stratégique qui a commandé une étude sur le sujet (toujours en cours) et recommande un effort de recherche.

– modification de la PAC –

Par ailleurs, le soutien européen à la production viticole dans le cadre de la PAC, la politique agricole commune, va subir plusieurs modifications réglementaires à partir de 2016 auxquelles les vignerons doivent s’adapter.

Ces changements concernent notamment les nouveaux droits à plantation et ceux liés à l’arrachage de vieilles vignes, sans précision encore des subventions qui seront attribuées aux nouveaux cas de figure. “Les Etats membres ont posé la question à la Commission. Ca devient un sujet crispant pour les producteurs”, prévient M. Despey.

Pour les négociants, la disponibilité actuelle est clairement insuffisante pour alimenter le marché international: c’est ce que rappelait au début du mois la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux français (FEVS) en commentant la baisse des exportations, en volume et en valeur, de près de 3% en 2014.

“Nos entreprises sont aujourd?hui prises en tenailles entre un déficit structurel de disponibilité de produits, en particulier dans le secteur du vin, et la capacité de nos concurrents à proposer au consommateur des produits de meilleur rapport qualité/prix, insistait le président, Christophe Navarre. La hausse des prix qui a “en partie” compensé la baisse de volumes “peut aussi fragiliser nos positions sur certains marchés”, ajoutait-il.

Par ailleurs, les vignerons bénéficient dans le cadre actuel d’une OCM (Organisation commune de marché), outil de gestion du marché doté de 280 millions d’euros.

Après expiration du système de quotas laitiers au 31 mars, le vin sera le dernier secteur de l’UE à disposer d’un tel outil, censé expirer en 2018. Or les professionnels souhaitent le conserver au moins jusqu’à expiration de la PAC actuelle, en 2020. Mais, là encore, “la Commission jusqu’à présent est restée silencieuse” regrette Jérôme Despey.