Le Tunisien est-il négrier, esclavagiste, raciste ou les trois à la fois? Ce n’est pas une interrogation d’un journaliste en mal d’inspiration, mais la question s’est imposée à nous au regard de plusieurs drames et accidents douloureux qui ont eu lieu ces jours-ci en Tunisie. Les cibles sont généralement des ouvrières rurales âgées, des jeunes aide-ménagères rurales et les noirs africains.
Zoom sur cette mauvaise qualité multiforme de l’homme tunisien.
Le Tunisien est un négrier au sens moral. Pris dans cette perspective, le négrier tunisien est, tout simplement, cet employeur qui, en toute conscience et sans aucun remords, paye mal ses ouvriers, ne se soucie pas de leur sécurité et les traite sans aucun égard, comme des esclaves, voire comme du bétail.
Des Tunisiens négriers, il en existe
C’est le cas, ces temps-ci, des oléiculteurs qui, pour la cueillette de leurs olives, recourent aux services d’ouvrières bon marché. Ces ouvrières, non encadrées et malléables à merci, sont transportées, de leurs douars aux fermes, dans des conditions précaires occasionnant, le plus souvent, accidents et drames divers.
L’accident le plus récent a eu lieu vendredi 20 février 2015 au nord-ouest du pays, sur la route reliant Remila à Sidi Saïd, (délégation de Fernana, gouvernorat de Jendouba). Cet accident a fait un mort (une ouvrière tuée sur le coup) et autres blessées dont deux dans état grave. Les ouvrières étaient en route pour la cueillette d’olives dans une ferme à Fernana.
Une semaine auparavant, un accident similaire avait eu lieu, c’était le 11 février 2015, au centre-ouest du pays, plus exactement dans la délégation de Hajeb Layounn (gouvernorat de Kairouan). L’accident avait fait un mort (une ouvrière âgée de 90 ans) et 16 blessés, en majorité des femmes.
Moralité: le travail des ouvrières rurales dans les exploitations agricoles (arboriculture fruitière, légumineuses….), tout autant que leur sous-rémunération et leur transport dans des conditions à haut risque, interpelle, aujourd’hui, la conscience de tous les tunisiens. Et particulièrement le gouvernement…
Le Tunisien est un esclavagiste-né
Le Tunisien est un esclavagiste en ce sens où, en toute conscience, il se permet, par le biais de l’emploi de jeunes aide-ménagères démunies, de priver ces adolescentes de leur liberté laquelle devient leur propriété, c’est-à-dire comme un simple bien matériel exploitable et négociable. Dans certains cas, ce type d’esclavagisme prend des tournures encore plus dramatiques perceptibles à travers la torture de ces jeunes filles et leur exploitation sexuelle.
Le drame de la défenestration qui a eu lieu, le 30 janvier 2015, à El Ouardia (proche banlieue sud de Tunis) d’une jeune aide-ménagère, est édifiant à ce sujet. La fillette de 13 ans, qui s’est jetée du premier étage d’une maison à El Ouardia, était séquestrée par ses employeurs. Elle s’est défenestrée pour échapper à l’enfer que lui imposait son employeuse.
Orpheline de père et ayant interrompu sa scolarité, la fillette a été amenée par un proche parent de sa ville natale, Fernana, pour travailler dans la capitale comme aide-ménagère, en contrepartie de la modique somme de 150 dinars qu’elle n’avait jamais reçue directement.
Le recours de cette employeuse, tout comme des centaines de milliers d’autres Tunisiens, aux services de ces jeunes aide-ménagères, est un véritable scandale. C’est tout simplement une nouvelle forme de traite. Tous les gouvernements qui se sont succédé depuis l’accession du pays à l’indépendance en sont responsables et complices.
Le Tunisien est génétiquement raciste
La manifestation de ce sentiment abject s’est illustrée à l’endroit des 6.000 étudiants noirs en Tunisie suite à la fin houleuse du match qui avait opposé, dans le cadre de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN 2015), la Tunisie à la Guinée Equatoriale.
Dans la nuit du samedi au dimanche 1er février 2015, des actes de violence ont été perpétrés contre la minorité noire dans l’impunité la plus totale.
L’Association des étudiants et stagiaires africains en Tunisie (AESAT) a recensé des propos haineux sur le net, des bagarres, des cambriolages, des agressions physiques et verbales, des braquages…
Il faut reconnaître qu’il existe, hélas en Tunisie, une importante catégorie de jeunes incultes. Ces jeunes sauvageons inclassables portent, en eux, un anti-culturalisme structurel, spontané et même génétique.
D’ailleurs, cette manifestation de racisme à l’endroit de la communauté noire n’est pas nouvelle.
Des ONG défendant l’intérêt des noirs ont condamné à maintes reprises ce dérapage d’autres temps. L’Association de défense des droits des Noirs (ADAM) a organisé, à Tunis, des manifestations pour protester contre le racisme des Tunisiens.
Il est arrivé à l’AESAT d’écrire à ce sujet à l’ancien président provisoire, Mohamed Moncef Marzouki.
Même l’ONU, par l’intermédiaire d’Ursula Schulze Aboubacar, représentante de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), avait attiré l’attention sur ce racisme des Tunisiens. Au terme de sa mission, elle avait lâché une véritable bombe en révélant, à une radio locale, que les réfugiés de Choucha qui sont restés en Tunisie et qui n’ont pas pu être casés dans un autre pays d’accueil -car ils n’ont pas le statut de réfugié-, ont refusé l’offre du gouvernement tunisien d’’intégrer la Tunisie parce qu’ils estiment que les Tunisiens sont «racistes et xénophobes».
Des étudiants noirs ont publié des témoignages sur les exactions qu’ils endurent par l’effet de ce racisme.
L’étudiante malienne, Mariam Touré, tout le monde ou presque, avait publié l’an dernier une lettre poignante à ce sujet. Dans cette lettre, elle disait avoir découvert en la Tunisie «une société infectée par le racisme». Elle y dénonce particulièrement le silence des intellectuels tunisiens.
L’heure est désormais grave. Le pouvoir en place doit réagir avec fermeté aux agissements racistes avant qu’il ne soit trop tard. Les racistes, qui ne valent rien par essence, doivent être sanctionnés par la plus grande fermeté.
Car la présence des noirs en Tunisie relève de la géostratégie. Ils présentent au moins trois avantages pour la Tunisie. Ils constituent une manne de devises dans la mesure où ils contribuent à la rentrée de devises dans le pays. Ils participent à la prospérité et à la pérennité des universités privées qui commencent à naître comme des champignons à la faveur de la forte demande d’un enseignement supérieur de qualité. Et enfin, cette communauté noire pacifique, avec sa spécificité et ses jolis accoutrements africains, égaye et anime, de jour comme de nuit, nos rues et leur confèrent la dimension d’une capitale multiculturelle où il fait bon de vivre. C’est une belle image à vendre. Sans oublier qu’ils seront pour la plupart des ambassadeurs de la Tunisie dans leurs pays respectifs.
A bon entendeur.