étincelles (Photo : Bertrand Guay) |
[27/02/2015 07:43:45] Paris (AFP) Le PEA-PME, un dispositif permettant d’orienter l’épargne des Français vers les entreprises de taille moyenne ou intermédiaire, souffle sa première bougie sans avoir fait encore beaucoup d’étincelles, même si certains experts restent convaincus que ce n’est qu’une question de temps.
Pour sa naissance effective, début mars 2014, une fois paru le décret d’application de ce dispositif promulgué le 1er janvier, les prévisions se chiffraient en milliards: un seul chez les prudents et cinq pour les plus enthousiastes.
La réalité des mois plus tard se compte en millions: 226 depuis le décret, selon les calculs d’Arkeon Finance spécialiste du secteur, ce qui suscite logiquement des déceptions.
“Ce dispositif a plutôt été un feu de paille et l’attente suscitée n’a pas été satisfaite”, lâche Sébastien Faijean, directeur associé chez IDMidCaps.
“Les premiers résultats ne sont pas à la hauteur des prévisions faites au départ, mais elles étaient sans doute optimistes”, relève de son côté Aymar de Léotoing, chez Arkeon Finance.
Tous deux évoquent un “démarrage compliqué”.
Car si les principaux critères du dispositif semblaient simples – plafond de 75.000 euros pour des titres de sociétés comptant 5.000 salariés et un chiffre d’affaires annuel inférieur à 1,5 milliard ou un total de bilan de 2 milliards maximum -, la situation devenait plus complexe pour une entreprise avec des filiales ou dépendant d’un autre groupe.
Ce dernier point a nécessité des clarifications, Bercy demandant finalement aux sociétés de déclarer elles-mêmes leur éligibilité, en confiant à l’opérateur boursier Euronext le soin de centraliser.
Quand tout a été fin prêt, les marchés sont devenus turbulents. “Les investisseurs ont retrouvé leurs réflexes et n’ont pas pris le risque d’aller sur un nouveau segment”, explique Cyril Vial, gérant spécialisé sur les petites et moyennes valeurs chez HSBC.
MM. Faijean et Léotoing évoquent également la frilosité des banques et des courtiers en ligne. Selon Sébastien Faijean, “les Français ne privilégient pas les investissements en Bourse” et “on ne peut pas faire boire un homme qui n’a pas soif!”
“Il y a eu beaucoup d’effervescence au départ avec des chiffres annoncés sans doute un peu trop ambitieux (…) mais ce n’est absolument pas une déception”, estime pour sa part Stéphanie Patel, directrice développement produit de HSBC.
– pas comparable au Livret A –
“Il y a eu quelques retards au démarrage du fait de la difficulté d’interprétation du décret d’application”, mais “après quelques mois d’existence, la situation est encourageante, même s’il ne faut pas encore crier victoire et relâcher les efforts”, note également Eric Forest, président d’EnterNext, entité dédiée à ces entreprises chez Euronext.
Car “on ouvre pas un PEA-PME, comme on ouvre un Livret A”, il doit s’intégrer “dans une construction globale de patrimoine” et nécessite du temps, rappelle Mme Patel.
S’il offre généralement des rémunération supérieures, le marché visé est en effet souvent plus délicat à gérer.
“Il y a moins d’informations disponibles, moins d’échanges, ce sont des valeurs sur lesquelles on ne peut pas papillonner”, détaille M. Vial.
“C’est un investissement un peu plus risqué, mais les performances sur de longues périodes sont significativement plus élevées”, explique aussi M. Faijean.
En 2014, l’indice CAC 40 des plus gros groupes n’a ainsi pas progressé tandis que celui des petites et moyennes entreprises (CAC mid&small) a gagné plus de 8%.
Autre écueil: puisqu’il n’est pas possible de limiter ce type de dispositif aux entreprises nationales, les montants investis l’était “à 58% sur des actions françaises” fin décembre, selon Arkeon.
Pour M. Forest, ce dispositif n’en reste pas moins “l’un des outils les plus performants pour accompagner le développement des petites et moyennes valeurs”.
“Le dispositif est bon en soi car il permet de flécher l’épargne des Français vers les PME”, estime aussi M. de Léotoing.
“Pour l’investisseur qui voit la Bourse comme un moyen de s’enrichir rapidement, c’est perdu”, résume M. Vial, “mais le potentiel de croissance des petites valeurs est réel” et par ailleurs “tout le monde sait bien que ce sont les petites entreprises qui créent des emplois”.