Etat en 2008 (Photo : Carl Court) |
[27/02/2015 10:52:13] Londres (AFP) La banque britannique Lloyds Banking Group (LBG) est revenue dans le vert l’an passé, pour la première fois depuis son sauvetage par l’Etat lors de la crise financière de 2008, et va verser de nouveau un dividende à ses actionnaires.
Le groupe, dont l’Etat conserve près de 24% du capital, a dégagé en 2014 un bénéfice net de 1,125 milliard de livres (1,54 milliard d’euros au taux de change actuel), contre une perte nette de 838 millions de livres en 2013. La banque a notamment divisé par près de quatre ses pertes liées à des crédits accordés à des clients non solvables.
“Nous avons transformé Lloyds Banking Group en une banque commerciale et de détail concentrée sur le Royaume-Uni, aux faibles coûts de fonctionnement et présentant de faibles risques”, s’est félicité le directeur général, António Horta-Osório, arrivé aux commandes en 2011.
La banque a supprimé des dizaines de milliers d’emploi depuis la crise financière, avec un dernier plan prévoyant la suppression de 9.000 postes et la fermeture de 150 agences annoncé fin octobre. Elle a aussi fortement réduit sa présence internationale, ramenée de 30 pays en 2010 à seulement six désormais.
Revenue dans le vert à la faveur de cette activité beaucoup plus concentrée et de la liquidation ou de la cession d’un grand nombre d’actifs ces dernières années, la banque va reprendre le versement d’un dividende à ses actionnaires, une première depuis son sauvetage par l’Etat britannique en 2008 pour 20 milliards de livres.
Elle va ainsi leur verser 0,75 pence par action au titre de 2014, soit un total de 535 millions de livres (733 millions d’euros) versés à ses quelque 3 millions d’actionnaires. L’Etat en tirera 130 millions de livres.
“Grâce à la reprise économique et au redressement de Lloyds, nous avons déjà récupéré quelque 8 milliards de livres d’argent des contribuables”, s’est félicité le ministre britannique des Finances, George Osborne, dans un communiqué.
“Nous poursuivons notre projet de reprivatiser complètement la banque d’une façon qui garantisse l’argent des contribuables et soutienne l’économie britannique”, a-t-il ajouté.
– 3 milliards de livres d’amendes et redressements –
La santé de Lloyds constitue aussi un enjeu politique en Grande-Bretagne, tout comme celle de sa concurrente RBS, détenue à 80% par l’Etat après son sauvetage pendant la crise, à deux mois d’élections générales qui s’annoncent serrées entre le Parti conservateur (droite) du Premier ministre, David Cameron, et le Parti travailliste (centre-gauche).
énéral, António Horta-Osório de Lloyds Banking Group, le 10 février 2015 à Londres (Photo : Justin Tallis) |
Dans ce contexte, les médias britanniques suivent particulièrement les annonces de ces deux groupes bancaires au sujet des bonus de leur encadrement. RBS, qui a annoncé jeudi une nouvelle restructuration de sa banque d’investissement, a réduit de 21% le montant annuel des bonus qui, en atteignant encore 421 millions de livres, ont suscité néanmoins des critiques.
Chez Lloyds, les bonus au titre de 2014 ont été réduits de 3,6%, à périmètre constant, à 369,5 millions de livres (505 millions d’euros). La rémunération totale de M. Horta-Osório a en revanche bondi de 65%, à près de 11 millions de livres annuel (15 millions d’euros), en comptant un plan d’incitation en actions.
“Le versement de nouveau d’un dividende, bien que très réduit, est un signe de confiance dans l’avenir et va aussi attirer l’attention des investisseurs en recherche de revenus”, a noté Richard Hunter, analyste chez Hargreaves Lansdown Stockbrokers.
L’action Lloyds gagnait 0,99% à 79,28 pence à la Bourse de Londres vers 09H45 GMT, dans un marché stable.
M. Hunter a souligné le “grand nombre d’améliorations” chez Lloyds, “dont le socle capitalistique, le ratio coûts/revenus et les marges”.
La banque reste néanmoins confrontée à une série de poursuites pour divers écarts de conduite. Elle a dû provisionner en 2014 quelque 3,1 milliards de livres (4,25 milliards d’euros) de pertes en amendes, redressements et indemnités, dont plus des deux tiers pour avoir vendu des assurances sur crédits immobiliers défectueuses au Royaume-Uni, une affaire qui lui a coûté déjà la somme monumentale de 12 milliards de livres au total (16,5 milliards d’euros).
Parmi les provisions enregistrées en 2014 figure aussi un redressement de 217 millions de livres que Lloyds a accepté de verser aux autorités de régulation britannique et américaine pour solder sa participation aux manipulations du taux interbancaire Libor.