Le taux de croissance de la Tunisie devrait être de l’ordre de 3% en 2015, contre 2,3% en 2014. C’est ce que prévoit la représentante résidente pour la Tunisie du Fonds monétaire international (FMI), Giorgia Albertin, se référant aux dernières projections faites par le Fonds en février 2015.
Intervenant, jeudi, à une rencontre organisée à Tunis, pour présenter la mise à jour du rapport du FMI «Perspectives économiques régionales», suite à la baisse récente des prix du pétrole, Mme. Albertin a estimé que l’inflation augmenterait à 5% (contre 4,9% en 2014), alors que le déficit courant s’améliorerait à -6,6% du PIB (-8,9% en 2014).
Pour ce qui est du déficit global, il s’aggraverait davantage, d’après la responsable, à -5,3% du PIB (-3,6% en 2014).
«Les subventions énergétiques fléchiraient à 0,9% du PIB (2,8% en 2014) et les réserves brutes de devises s’élèveraient, à fin 2015, à 10,6 milliards de dollars (7,7 milliards de dollars en 2014)», a-t-elle encore affirmé.
Mettant l’accent sur la chute des cours du pétrole, sur le marché international, durant les six derniers mois (depuis septembre 2014) de 55%, elle a estimé que cette situation constitue «une fenêtre d’opportunité à saisir par la Tunisie».
Cette situation offre au pays l’occasion d’améliorer sa position budgétaire, puisque le budget de l’Etat a été élaboré avec l’hypothèse d’un prix du baril de l’ordre 95 dollars, alors qu’il est aujourd’hui aux alentours de 50 dollars, ce qui représente une marge financière importante.
Ainsi, elle a appelé à continuer à préserver la stabilité macro-économique et à avancer dans la mise en oeuvre des réformes économiques, notamment la restructuration du système financier et l’impulsion du secteur privé. La finalité étant de générer une croissance plus forte et inclusive ainsi que de favoriser la création d’emplois.
Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Chedly Ayari, a souligné, de son côté, que «jusqu’à ce jour, la Tunisie n’a pas bénéficié de cette baisse du prix du baril. Nous continuons à payer une facture lourde à l’importation des ressources énergétiques, notamment le gaz et le pétrole», rappelant que le déficit commercial est dû à hauteur de 60% aux importations d’hydrocarbures.
Ayari a pointé du doigt, dans ce contexte, «une hausse de la consommation énergétique, non justifiée par la croissance économique du pays». Dès lors, il a affirmé l’impératif de lancer immédiatement un audit du secteur énergétique, afin de définir les parties qui importent les hydrocarbures, pour quelle finalité et à quels prix.
Interrogé sur la véritable raison du fait que la Tunisie n’ait pas tiré profit jusqu’à présent de la chute des cours du pétrole, l’économiste, Radhi Meddeb, a fait savoir que «la Tunisie achète, à l’instar du reste des pays du monde, le pétrole sur le marché international aux prix en vigueur six mois auparavant. Partant, nous recueillerons les fruits de cette baisse des prix, au niveau de la balance commerciale, aux mois de mai, juin et juillet 2015».
Selon l’expert, «ce surplus financier ne va pas tarder, mais l’essentiel c’est de l’orienter vers l’investissement et la création de richesses et non vers les charges de fonctionnement et de paiement des salaires».