Le président de la CONECT prône une recapitalisation massive des banques privées et une augmentation du capital des établissements privés.
Tarak Chérif n’est pas adepte des demi-mesures et des solutions partielles. Du moins en qui concerne le redressement du secteur bancaire tunisien.
Le président de la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (CONECT) voudrait en effet voir à la fois les pouvoirs publics et les banques elles-mêmes –tant publiques que privées- se mobiliser pour redresser la barre de ce secteur dont certains opérateurs se portent plus mal que d’autres.
Les plus mal loties sont, bien sûr, les banques publiques. S’il est favorable à leur recapitalisation –à l’ordre du jour mais bloquée par l’Assemblée nationale constituante (ANC), notamment parce que le ministère de l’Economie et des Finances et la Banque centrale n’ont pas révélé le contenu des audits aux représentants du peuple-, M. Chérif pense que le milliard de dinars dont l’injection est envisagée dans les capitaux de la Société Tunisienne de Banque (STB), de la Banque Nationale Agricole (BNA) et la Banque de l’Habitat n’est guère suffisant. «Il en faudrait deux voire trois milliards de dinars», estime le président de la CONECT.
Mais tout en les recapitalisant, il faudrait pousser les banques publiques à se délester de leurs nombreuses participations. «Quel sens cela a-t-il que des banques publiques aient des participations? Le rôle d’une banque n’est pas de rester 30 ou 40 ans une entreprise. Il faut liquider ces positions pour aller dans d’autres entreprises», tranche le président de la CONECT.
En ce qui concerne les banques privées, Tarak Chérif pense qu’il faudrait leur demander d’augmenter leur capital et «dédier la partie supplémentaire à l’investissement». «Cet argent ne doit pas aller aux grands groupes, aux entreprises publiques et à la consommation», recommande l’homme d’affaires. Cette augmentation du capital des banques est d’autant plus impérieuse, selon le président de la CONECT, que, souligne-t-il, «toutes les banques tunisiennes n’équivalent pas une seule banque marocaine».
A ce sujet, M. Tarak Chérif souhaite que les autorités envoient un message clair et fort, comme en Algérie. «Bien que ce pays n’ait pas besoin d’argent, les autorités ont ordonné aux banques d’augmenter leur capital. En disant aux actionnaires que s’ils ne le font pas ils devront vendre leurs participations» dans ces établissements, souligne le président de la CONECT.
Mais recapitaliser les banques publiques et augmenter le capital des banques privées ne suffiront pas à doter le pays des moyens financiers nécessaires pour s’attaquer aux problèmes économiques immenses auxquels il est confronté, dont le déséquilibre régional.
Pour donner les moyens aux régions défavorisées de rattraper celles qui ont été jusqu’ici favorisées à leur détriment, il faudrait, selon le président de la CONECT, envisager d’y créer des banques de développement. Ces banques dont la Tunisie était dotée par le passé et dont elle a commis l’énorme bêtise de se défaire en les reconvertissant il y a quelques années en banques universelles.
Enfin, le développement à l’international étant non pas un choix mais une obligation pour l’entreprise tunisienne, les banques tunisiennes doivent, selon M. Chérif, développer une présence hors du pays pour accompagner les Tunisiens qui décident de s’engager dans cette aventure.
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