“Les débats sur un nouveau modèle économique tunisien sont stériles et n’ont pas avancé. Ils sont encore au stade des généralités et des approches théoriques”, a déclaré Taoufik Rajehi, universitaire et membre du Cercle des économistes de Tunisie.
Il estime que ces débats doivent être focalisés sur les réformes et les programmes économiques à mettre en place en vue de réussir la relance économique du pays.
Intervenant, mercredi, lors d’une rencontre sur “Les horizons économiques de la Tunisie après la transition démocratique”, l’économiste a indiqué que le système politique tunisien connait bien les chantiers à entreprendre et pourtant trouve des difficultés à concrétiser les réformes.
D’après lui, il est indispensable, tout d’abord, de définir le rôle de l’Etat et la place du marché et aussi de concilier entre le gouvernement, les syndicats et les employeurs.
De son côté, Jalloul Ayed, ancien ministre de Finances, a souligné l’impératif de lancer, en urgence, des réformes globales dont la finalité est d’assurer une distribution équitable des richesses entre les différentes régions du pays.
“Ces réformes s’articulent, essentiellement, autour de modernisation de l’administration, la réforme bancaire et financière, l’attraction d’investissement privé, a affirmé M. Ayed
“La Tunisie, une fois engagée dans ces réformes, doit passer un message clair aux citoyens, aux investisseurs tunisiens et étrangers et aux bailleurs de fonds pour les rassurer qu’elle est sur la bonne voie”.
Jean Luc Bernasconi, expert de la Banque Mondiale (BM), a rappelé que la BM estime que la croissance en Tunisie, en 2015, serait de l’ordre de 2,6% et atteindra 3% en 2016, alors que l’inflation s’élèverait à 4%.
Il a jugé, lui, que la Tunisie a besoin, aujourd’hui, de réorienter les dépenses publiques vers l’investissement, de développer ses partenaires extérieurs, de booster la productivité dans les différents secteurs, de garantir la relance du secteur touristique et de rétablir la sécurité.
Le responsable de la BM a aussi indiqué que les réformes doivent concerner le climat d’investissement (code d’investissement, partenariat public-privé, simplification réglementaire?), le secteur financier (marché bancaire, financement non-bancaire?), la réforme de l’Etat (marchés publics, fonction publique?) et les secteurs sociaux (éducation, protection sociale?).
Pour sa part, Darem El Bassam, conseiller économique principal à l’Organisation des Nations-Unies (ONU), a recommandé au gouvernement tunisien de revenir sur les réelles causes de la révolution et de se pencher sur la satisfaction des revendications des citoyens en engageant des réformes efficientes.
Il a mis l’accent sur l’impératif d’opter pour une démarche de décentralisation, y compris au niveau de la prise de décision, de faire bénéficier les régions tunisiennes d’une partie de la fiscalité et de leur permettre de profiter davantage de leurs richesses stratégiques.