Près d’un demi million de Tunisiens (en âge de voter) sont dépourvus de carte d’identité nationale, des femmes pour la plupart, a révélé un membre de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), Riadh Bouhouchi, qui a appelé la société civile et les organismes concernés à remédier à cette situation avant les prochaines élections.
De multiples écueils et anomalies ont été recensés par l’ISIE lors des dernières élections législatives et présidentielle en matière d’inscription des électeurs, d’actualisation et de sécurisation de la base de données de référence, a-t-il ajouté lors d’un colloque sur “l’inscription des électeurs”, tenu, mercredi, à Tunis.
On apprend ainsi qu’au niveau de la logistique, l’instance des élections a éprouvé beaucoup de difficultés à pourvoir en fournitures électorales les centres de vote en Tunisie et à l’étranger, à mettre en place les réseaux dans de courts délais et à assurer la protection des réseaux sécurisés de l’instance afin de pouvoir mener à bien l’opération d’inscription. De même, la mise à disposition des moyens humains et matériels aux centres d’inscription à l’étranger a posé problème.
Bouhouchi a, aussi, fait état de la découverte, en 2011, d’anomalies inhérentes à la base de données du ministère de l’Intérieur, citant le cas de 63 cartes d’identité nationale non répertoriées dans la base de données, ou celui de 212 passeports porteurs de numéros de série erronés. D’autres problèmes sont apparus lors du traitement du fichier des personnels militaires (de par la loi électorale, les militaires ne pouvaient ni voter ni se porter candidats aux dernières élections), avec notamment une base de données non actualisée des affectations individuelles et des militaires rendus à la vie civile par leur départ à la retraite.
Le responsable de l’ISIE a, d’autre part, pointé du doigt l’inadéquation du fichier actuel de l’état civil avec les besoins de l’administration électorale, avec notamment de grands retards dans l’enregistrement des décès ou, parfois tout le contraire: 34 personnes qui se sont présentées pour se faire inscrire au fichier électoral ont découvert que, d’après le fichier de l’état civil, elles étaient… décédées.
Les anomalies signalées touchent même la base de données du ministère de la Justice qui ne serait pas à jour en ce qui concerne les personnes privées de droits civiques (et donc de droit de vote) au titre d’une peine complémentaire prononcée par les tribunaux, et celle du ministère de l’Intérieur, qui comporte des imprécisions concernant les effectifs des corps actifs (eux aussi privés de droit de vote).