èce Yannis Stournaras à Athènes le 6 mars 2015 (Photo : Louisa Gouliamaki) |
[06/03/2015 21:42:58] Athènes (AFP) Le gouvernement d’Alexis Tsipras a repris son bâton de pèlerin pour convaincre les Européens de desserrer les cordons de la bourse afin d’éviter à la Grèce un nouveau “thriller” financier.
Malgré la fermeté affichée jeudi par le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, peu décidé à signer un chèque en blanc à Athènes sans avancées concrètes, le Premier ministre grec ne désespère pas de convaincre l’institution de Francfort de faire un geste.
Quitte à employer des mots forts: la BCE a le pouvoir d'”étrangler” la Grèce, a-t-il estimé dans un entretien avec l’hebdomadaire allemand Der Spiegel. Si elle ne restaure pas la pleine capacité de financement des banques grecques, “alors nous allons revenir au thriller d’avant le 20 février”, date à laquelle son gouvernement s’est entendu avec ses partenaires européens, après d’âpres négociations, sur la poursuite du programme international d’aide au pays.
Début févier, la BCE a fait sauter un régime d’exception en faveur des banques helléniques, qui leur permettait d’accéder à ses opérations régulières de financement, les laissant dépendantes d’un mécanisme d’urgence.
Les appréciations sur la situation financière de la Grèce confrontée à des obligations financières très lourdes en mars, à hauteur de six milliards d’euros, vont bon train. Le gouvernement a toujours affirmé qu’il serait en mesure de rembourser ses dettes alors que la presse fait état d’un retard de deux milliards d’euros dans les recettes de l’Etat.
Le vice-Premier ministre Ioannis Dragasakis a estimé jeudi que “le problème de liquidité existait” sans être plus aigu qu’après les élections législatives de 2012, un des multiples épisodes des tensions financières qui se sont succédé pour la Grèce ces dernières années.
Vendredi, le pays a pu rembourser une tranche de prêt au FMI, soit 310 millions d’euros, selon une source du ministère des Finances.
Athènes n’a plus droit aux fonds prévus par le programme d’aide UE-FMI, qui lui a promis 240 milliards d’euros depuis 2010, tant que le gouvernement Syriza n’a pas engagé de réformes jugées suffisamment sérieuses.
– ‘Confiance altérée’ –
Les responsables grecs vont retourner plaider leur cause auprès de leurs partenaires la semaine prochaine: lundi lors d’une réunion des ministres de la zone euro à Bruxelles (Eurogroupe), jeudi à Paris où se rendront le ministre des Finances Yanis Varoufakis et le Premier ministre Alexis Tsipras, lequel rencontrera le président du Parlement européen Martin Schulz vendredi à Bruxelles.
Alexis Tsipras et Jean-Claude Junker devraient également se rencontrer “dans les deux prochaines semaines”, a indiqué au journal allemand Welt am Sonntag le président de la Commission européenne, soucieux toutefois de ne pas court-circuiter l’Eurogroupe.
“La confiance a été sévèrement altérée” entre Athènes et ses partenaires et “a besoin d’être reconstruite”, a estimé vendredi une source européenne.
Le gouvernement grec espère persuader de sa crédibilité en présentant sept premières réformes concrétisant le catalogue d’engagements signé mi-février avec l’Europe: réactivation d’un conseil fiscal “indépendant” pour assister le gouvernement dans la réalisation de ses objectifs budgétaires, amélioration des méthodes de préparation du budget, incitations au paiement des arriérés d’impôt, mise en vente de licences pour les jeux en ligne, simplifications administratives facilitant la vie des entreprises, mesures sociales pour les plus vulnérables et… embauche de contrôleurs fiscaux amateurs pour des missions ponctuelles.
Ce dernier projet a focalisé l’attention en raison des détails dévoilés par le Financial Times: “étudiants, ménagères, voire touristes” seraient appelés à jouer les agents du fisc temporaires pour détecter les fraudeurs, selon une lettre de M. Varoufakis à l’Eurogroupe mise en ligne par le journal
Les dirigeants grecs auront fort à faire pour surmonter les réserves de leurs partenaires. Le gouvernement d’Alexis Tsipras “veut dépenser plus et dans le même temps les rentrées fiscales s’effondrent”, a tancé le président du mécanisme européen MES, Klaus Regling tandis que Martin Schulz a mis en garde, dans une interview à la télévision espagnole: “en Slovaquie, les pensions sont inférieures aux pensions grecques. Comment le Premier ministre slovaque peut-il expliquer: +je donne de l’argent pour que Tsipras augmente les pensions en Grèce? +”.