à la gare de Bordeaux, le 9 juillet 2012 (Photo : Loic Venance) |
[09/03/2015 12:08:25] Paris (AFP) Les clients de la SNCF ne devraient pas revivre le cauchemar de juin dernier: la grève lancée à compter de lundi soir par la CGT-Cheminots, hostile à la nouvelle SNCF dessinée par la réforme ferroviaire, entraînera, selon la compagnie, très peu de perturbations.
Il s’agit de la cinquième grève contre la réforme du rail depuis fin 2012. Mais pour la première fois, le mouvement n’est lancé que par la CGT. Et contrairement à la grève de juin dernier, qui avait duré douze jours, le préavis déposé par le premier syndicat du rail n’est cette fois pas reconductible. Il débute à 19H00 et court jusqu’à mercredi 08H00.
Selon la SNCF, la grève aura très peu d’impact. Le trafic devrait être normal sur les grandes lignes et en Ile-de-France mardi, alors que huit TER sur dix circuleront en région. En Ile-de-France, de “légères perturbations” sur le RER B sont annoncées. Pour les Intercités, le service sera normal en général et “quasi normal” au départ de Paris-Austerlitz sur les trains de nuit.
ève à la SNCF, le 20 juin 2014 à la gare Montparnasse de Paris (Photo : Dominique Faget) |
Ces prévisions, établies sur la base des intentions de grève déposées en amont, non communiquées à la presse, semblent indiquer une faible mobilisation. Le taux de grévistes sera communiqué mardi matin par la SNCF, qui a la possibilité de réaffecter des personnels disponibles.
Cette grève sera un “fiasco”, prédisait il y a quelques jours le syndicat non-représentatif First, en critiquant les modalités d’organisation de cette action en solo. “Un mauvais taux de participation peut servir d’alibi à la direction pour justifier l’accélération de ses réorganisations”, s’inquiétait-il.
Avec cette grève, la CGT, dont l’audience décline au fil des ans, prend le risque de s’isoler davantage alors que d’importantes négociations doivent être menées d’ici à mi-2016 et, en fin d’année, les premières élections internes à l’échelle du groupe réunifié organisées.
Dans son préavis, la CGT s’en prend une fois de plus à la réorganisation du système ferroviaire votée par le Parlement l’été dernier et déployée progressivement depuis le 1er janvier. Son appel coïncide avec la consultation du Comité central d’entreprise sur la mise en ?uvre de la réforme.
– ‘baroud d’honneur’ –
L’objectif de cette réforme, dont le premier effet est de regrouper les 149.000 salariés de la SNCF et les 1.500 employés de Réseau Ferré de France (RFF), est de créer un nouveau groupe public plus concurrentiel et efficace. La nouvelle organisation doit permettre au Réseau et à l’exploitant de mieux travailler ensemble, tout en garantissant leur indépendance dans la perspective de l’ouverture totale à la concurrence.
Mais pour la CGT-Cheminots, elle “cloisonne” au contraire davantage les activités. Le syndicat demande des “négociations sur la structuration” de la nouvelle SNCF. Or, “renégocier la loi n’est pas possible. Le débat démocratique a eu lieu. Cette grève est donc sans issue. C’est un baroud d’honneur”, tance un porte-parole de l’Unsa, deuxième syndicat.
Aujourd’hui, “la CGT se retrouve isolée”, affirme l’Unsa, uni jusqu’en juin avec la CGT et Sud dans une plateforme de revendications communes pour tenter d’infléchir la réforme.
ésident de la SNCF Guillaume Pepy répond à des questions des journalistes, le 18 décembre 2014 à la Gare du Nord, à Paris (Photo : Bertrand Guay) |
Prévenu “tard”, SUD-rail assure qu’avec la CGT “l’unité syndicale est préservée”. Mais le troisième syndicat, moteur avec la CGT de la grève de juin, explique vouloir “maintenant se concentrer sur les effets” de la réforme et “les négociations” qui en découlent, à commencer par celle de la future convention collective du rail qui doit définir un cadre social commun aux entreprises de la branche, publiques ou privées.
Ce cadre sera décliné à la SNCF par un accord d’entreprise. Les discussions doivent démarrer en fin d’année. Il s’agira de “mettre à plat” l’organisation du travail, les métiers et le temps de travail pour faire que “chaque heure payée soit une heure productive”, expliquait récemment le président du directoire de la SNCF Guillaume Pepy, accusé par la CGT de jeter “de l’huile sur le feu”.