ève, le 3 mars 2015 (Photo : Fabrice Coffrini) |
[11/03/2015 11:15:54] Paris (AFP) A la mode, les “crossovers”, ces voitures à l’allure de 4×4 sans les capacités de franchissement, rencontrent un succès croissant sur le marché automobile européen et vont pulluler dans les travées du salon de Genève.
Les “véhicules métis”, selon la terminologie officielle française, n’existaient pas il y a une dizaine d’années, mais représentent aujourd’hui plus de 20% de la production de véhicules en Europe, selon le cabinet PwC Autofacts.
Dernier exemple en date de la multiplication de ces baroudeurs du bitume, le Renault Kadjar va faire ses débuts face au grand public la semaine prochaine sur les bords du lac Léman.
Roues de grand diamètre, garde au sol supérieure à celle d’une berline mais silhouette fluide, ce véhicule d’environ 4,45 m de long, soit la taille d’une voiture moyenne (Golf, 308, Mégane…), complète la gamme de crossovers que le constructeur français développe en parallèle de ses modèles plus classiques.
La marque au Losange fait déjà un tabac avec son petit crossover “Captur” qui s’est vendu à plus de 250.000 unités en Europe depuis son lancement en 2013, contre 650.000 Clio dont il partage la plate-forme. Son concurrent et compatriote Peugeot rencontre lui aussi le succès avec le 2008, écoulé à 236.000 exemplaires sur le continent en un an et demi.
Et en haut de gamme, Renault s’apprête à commercialiser la cinquième génération de l’Espace, présentée l’automne dernier au Mondial de Paris. Après 30 ans, le précurseur des monospaces a abandonné ce segment en perte de vitesse pour rejoindre celui des crossovers.
D’autres nouveaux membres de ce club en plein essor vont montrer leur calandre à Genève: le constructeur sud-coréen Hyundai y présentera un Tucson flambant neuf, tandis qu’Infiniti, division de luxe de Nissan, et l’espagnol Seat (groupe Volkswagen) vont exposer des prototypes donnant un avant-goût de leurs futurs crossover compacts.
– Un segment rentable –
Honda ne sera pas en reste avec le nouveau HR-V, Mazda viendra avec son petit CX-3 et Mitsubishi a promis un concept-car préfigurant son prochain Outlander Sport. Et en très haut de gamme, l’Audi Q7 fera sa première apparition sur un salon européen.
ésentation de presse de la Mazda CX-3, le 27 février 2015 à Tokyo (Photo : Toshifumi Kitamura) |
Toutes les marques généralistes ou presque proposent un ou plusieurs crossovers de petite ou moyenne taille dans leur gamme européenne: Toyota RAV4, Volkswagen Tiguan, Opel Mokka, Ford EcoSport, Honda CR-V, Fiat 500X…
“Quand on regarde le marché européen, les crossovers apparaissent comme les véhicules sur lesquels les constructeurs doivent être aujourd’hui pour ne pas se faire distancer”, commente Josselin Chabert, expert chez PwC.
Sur de gros volumes, c’est Nissan avec son Qashqai qui a véritablement lancé cette catégorie début 2007. La première génération de cette voiture a été vendue à 1,2 millions d’unités en Europe. La seconde qui, partenariat Renault-Nissan oblige, partage 40% de ses composants avec le Kadjar, connaît également un succès foudroyant avec 244.000 modèles écoulés en 2014 sur le continent.
“Les crossovers sont à la mode (et) peuvent encore gagner des parts de marché pour la simple et bonne raison que l’offre s’élargit”, estime Flavien Neuvy, directeur de l’Observatoire Cetelem de l’automobile. “Tous les constructeurs ont des projets dans leurs cartons” pour profiter d’un segment plus rentable que celui des berlines desquelles les crossovers sont extrapolés, selon lui.
“On a une réorientation du marché de la berline classique et du monospace vers le crossover, qui est un véhicule assez haut et qui donne un sentiment de sécurité aux gens quand ils sont à bord”, analyse Yann Lacroix, expert du marché automobile chez l’assureur Euler Hermes.
Outre ces atouts appréciés par la clientèle, les crossovers bénéficient d’un contexte favorable: la baisse actuelle des prix à la pompe, alors que ces véhicules, aux taux de pénétration dans l’air moins favorables que les berlines, affichent des consommations un peu plus élevées.
“Cela dit, les petits crossovers urbains qui se vendent en ce moment ne sont pas forcément très gourmands”, remarque Jean-François Belorgey, du cabinet de consultants EY.