Pour réussir une réforme du secteur public, il faut, souligne une étude de la Banque mondiale portant sur le secteur public en Tunisie, notamment régler les problèmes de méthodologie, identifier les parties prenantes dans le processus de réformes et analyser les objectifs de chacune de ces parties prenantes et la manière dont les propositions de réformes les affectent.
La Tunisie ayant échoué jusqu’ici à réformer un secteur public souffrant de multiples maux endémiques (lire notre article), la Banque mondiale voudrait la voir revenir à la charge, ainsi que cela ressort d’un récent rapport intitulé «Taille du secteur public et gestion de la performance: étude de cas de la Tunisie post-révolution».
Selon les auteurs de ce rapport (Anne Brockmeyer, Maha Khatrouch et Gaël Raballand), dont les recommandations donnent à penser que pour eux le premier problème auquel le changement souhaité s’est trouvé confronté concerne la méthodologie, les futures réformes des entreprises et de la fonction publiques devraient commencer, cela va de soi, par «une étude profonde» des précédentes tentatives de réformes pour déterminer les causes de leur «manque de réussite».
Concrètement, il faudrait, d’abord, pour identifier les obstacles aux réformes, recommandent les experts de la Banque mondiale, commencer par identifier les parties prenantes dans le processus de réformes.
Les quatre réformes…
Après avoir identifié ces dernières –au nombre de quatre: les partis politiques, les syndicats, les donateurs et les employés du secteur public-, il faudrait ensuite analyser les objectifs de chacune de ces parties prenantes et «la manière dont les propositions de réformes les affectent».
La troisième et dernière étape de ce processus consiste à analyser le processus de prise de décision, y compris «les négociations consensuelles, les prises de décision unilatérales et les acteurs dominants». Ce pour la méthodologie.
Sur le fond, les experts de la Banque mondiale conseillent de s’attaquer au problème de la rémunération dans le secteur public pour «dénouer le complexe réseau du salaire de base, bonus et primes et revoir les politiques de recrutement et de promotion». Des actes qui pourraient, selon l’étude de la Banque mondiale, être accompagnés par d’autres mesures visant à rationaliser les dépenses, moderniser les processus et mettre en commun certaines fonctions.
Le nœud gordien…
Mais l’exercice ne sera pas facile et, surtout, pas sans conséquences. Car, avertissent les experts, les mesures à prendre «pourraient avoir un impact négatif sur le moral et les performances des employés du secteur public» et être circonvenues par des réformes complémentaires. Par exemple, «des promotions massives ou une augmentation des primes pourraient rendre inefficientes des réductions de salaires visant à réduire la masse salariale».
Aussi, pour éviter ces dommages collatéraux, les experts de la Banque mondiale appellent-ils à prendre en considération les interactions entre les divers aspects de la gestion de la performance lorsqu’on veut déterminer l’impact d’une intervention. Et à adopter un «management stratégique du recrutement, des budgets et des compétences».
Un système centralisé de contrôle du personnel et du budget
Pour compléter le dispositif à même de favoriser la réussite d’une réforme du secteur public, l’étude de la Banque mondiale conseille de mettre en place un «système centralisé de contrôle du personnel et du budget», car «susceptible de faciliter l’identification des emplois fictifs et l’application de la conformité fiscale dans la rémunération».