Servier fait de la chimie pharmaceutique un axe de développement

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éans, en avril 2014 (Photo : Guillaume Souvant)

[12/03/2015 08:09:46] Bolbec (France) (AFP) Le groupe Servier veut faire de la chimie pharmaceutique un axe de développement en misant sur la compétitivité de son site normand de Bolbec pour s’adresser à de nouveaux clients tout en continuant à assurer l’approvisionnement du groupe.

“On est tout à fait ouverts à travailler aussi pour des tiers”, a déclaré Christian Sauveur, vice-président du groupe Servier chargé de l’industrie, mercredi lors d’une rencontre avec la presse.

Oril Industrie, filiale industrielle de Servier avec deux sites à Bolbec et Baclair (Seine-Maritime), produit chaque année 1.600 tonnes d’une vingtaine de principes actifs –les composants de base des médicaments- destinés aux 9 usines pharmaceutiques du groupe et à ses partenaires.

Servier, deuxième groupe pharmaceutique français, a ainsi conservé en interne sa chimie pharmaceutique, et veut aller plus loin en visant la production pour d’autres laboratoires, encouragé par l’amorce d’un mouvement de retour vers l’Europe de la fabrication de principes actifs jusque là produits en Chine ou en Inde, qui en fournissent 80% actuellement.

En France, outre Servier, les groupes Sanofi et Pierre Fabre ont maintenu une activité de chimie pharmaceutique, qui concerne parallèlement de nombreuses PME.

Cette branche de la chimie a été marquée par la tendance à une “externalisation” de la production, a rappelé Gérard Renoux, président de l’UIC (Union des industries chimiques) Normandie.

Mais “un certain nombre d’agences de santé commencent à se poser de sérieuses questions en termes de qualité et de traçabilité de la production des principes actifs”, a-t-il souligné.

“En France, on constate une +réinternalisation+ de certaines activités de production et de recherche pour garantir la qualité produit”, a-t-il ajouté.

“Il y a un retour indiscutablement”, a confirmé le directeur général de l’UIC, Jean Pelin, tout en ajoutant que “ce n’est pas un mouvement de fond”, mais pour l’instant “des opérations individuelles”. “Il y a suffisamment de compétences” et d’entreprises qui sont “capables de développer la production en France”, a-t-il assuré.

Un mouvement dont Servier entend s’inspirer pour trouver de nouveaux débouchés hors du groupe.

– Capacité disponible –

“Aujourd’hui, Oril a de la capacité disponible”, a indiqué le directeur de l’usine Gilles Belloir, chiffrant entre 10% et 20% la production supplémentaire possible. Depuis le début de l’année, des contacts sont en cours avec des clients potentiels et pourraient aboutir sur des premières livraisons à l’horizon 2016-2017.

Cette démarche vise un chiffre d’affaires additionnel pour le groupe, mais doit aussi permettre de garantir la pérennité d’Oril, qui emploie aujourd’hui 800 personnes, dont 150 sur le pôle de recherche industrielle à côté de la production.

En maintenant la production des principes actifs en France, l’objectif est aussi d’éviter les ruptures d’approvisionnement.

Oril a investi environ 10 millions d’euros par an depuis 5 ans pour moderniser le site, renforcer la compétitivité et la qualité. L’amélioration des processus a déjà généré 70 millions d’euros d’économies en 5 ans, a expliqué le vice-président Industrie Christian Sauveur.

“C’est au sein du principe actif que l’on a la plus grande partie du coût” du produit final, a rappelé M. Sauveur.

Oril a par exemple lancé en octobre dernier un programme visant à baisser de 20% en 2015 le coût de production de la sulbutiamine, le principe actif de son médicament Arcalion. Une amélioration de 8% a déjà été réalisée.

Au-delà de la chimie pharmaceutique, Servier réfléchit à la production en interne de ses futurs médicaments issus des biotechnologies, qui est aujourd’hui sous-traitée.

“C’est un domaine que Servier regarde de très près. En fonction des réussites des produits (…), on pourrait envisager sur le futur des investissements et des emplois”, a dit M. Sauveur, précisant que cette réflexion concerne la France. “C’est une évolution du modèle pharmaceutique”, a-t-il résumé.