à Bruxelles (Photo : Emmanuel Dunand) |
[12/03/2015 15:49:55] Athènes (AFP) Le gouvernement grec a repris jeudi, après plusieurs mois d’interruption, des discussions techniques à Athènes avec les représentants de ses créanciers pressés de connaître l’état réel des finances du pays.
Cette première mission des experts, de l’UE et du FMI notamment, sur les terres du gouvernement de gauche radicale d’Alexis Tsipras, était réclamée par les partenaires de la Grèce comme un préalable pour activer l’accord passé le 20 février sur une poursuite du financement de l’économie grecque.
Mais cette visite se heurtait à la sensibilité des nouveaux dirigeants grecs qui avaient promis de rompre avec le cérémonial jugé humiliant des audits réguliers des comptes des ministères grecs menés depuis 2010 dans le cadre d’un plan de sauvetage international assorti d’une rigueur drastique.
Après des discussions à Bruxelles mercredi, des nuances ont été trouvées : il ne s’agit plus d’une “évaluation” mais d’une mission de “collecte de données”; et elle ne donnera plus lieu à des “invasions” d’experts dans les ministères, selon les termes du ministre des Finances Yanis Varoufakis, mais à des échanges d’informations entre fonctionnaires grecs et leurs “alter egos” de l’UE et du FMI.
Un “lieu de travail” neutre, peut-être même l’hôtel où descendront ces experts, sera réservé à ces échanges, a précisé le ministre sur la chaîne de télévision Mega mercredi soir, précisant que la présence des chefs de file des institutions créancières n’était pas prévue à Athènes.
éanciers de la Grèce, le 10 mars 2015 à Athènes (Photo : Aris Messinis) |
Alors qui, où et comment ? Le mystère n’était pas entièrement levé jeudi, le porte-parole du gouvernement grec se contentant de confirmer que débutait ce jour la “première mission” consacrée à “rassembler des données sur la situation financière du pays”.
Car au-delà des raffinements sémantiques, l’urgence demeure pour la Grèce et ses partenaires de préciser de quelles manières seront couverts les besoins financiers du pays jusqu’à fin mars, où d’importantes échéances se succèdent avec six milliards d’euros à rembourser, dont 1,5 milliard au FMI.
L’incertitude politique qui plane sur le pays depuis le début de la séquence électorale en décembre a ralenti l’activité économique et les recettes.
– Excédent dégradé –
Un remboursement de 336 millions au FMI est prévu vendredi, après un premier versement de près de 300 millions effectué vendredi dernier.
Yanis Varoufakis s’est voulu rassurant dans un entretien diffusé jeudi par France 24, certain de la conclusion d’un “accord” pour éviter “qu’une faible liquidité” puisse faire “dérailler un processus que nous avons travaillé très dur à mettre en place”.
Il a reconnu que “le calendrier des remboursements de la Grèce a un profil plus élevé en mars/avril”, et “tout le monde le sait depuis toujours”. La précédente coalition droite-conservateurs au pouvoir en Grèce était également en discussions délicates avec les créanciers sur les besoins financiers du pays et les visites de la troïka à Athènes avaient été suspendues depuis l’automne faute d’avancées.
Le budget de l’Etat reste excédentaire mais de peu. Avant la charge des intérêts de la dette (solde dit “primaire”), l’excédent s’élève à 419 millions d’euros contre 1,8 milliard un an plus tôt, selon les données publiées mercredi pour le mois de janvier.
Athènes se finance en vendant des bons du Trésor à trois et six mois. Le pays a levé mercredi 1,3 milliard d’euros à trois mois, à un taux d’intérêt encore en hausse par rapport à la précédente émission, en raison du manque de confiance envers le pays.
Les liquidités des banques grecques, qui sont les principales acheteuses de ces obligations, tiennent à un fil, celui du financement d’urgence (ELA) de la Banque centrale européenne (BCE) qui a procédé jeudi à un nouveau relèvement de 600 millions d’euros du plafond de ce mécanisme au profit des banques grecques.
Tablant sur la réussite des réformes structurelles, le Premier ministre Alexis Tsipras s’est entretenu à Paris avec le chef de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) Angel Gurria qui doit aider la Grèce à des changements de long-terme, avant un rendez-vous vendredi avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker à Bruxelles.