L’Ukraine reçoit 5 milliards de dollars du FMI et prépare la restructuration de sa dette

4803875caf3a43244ad94452e0cfbb559323e3b5.jpg
étaire International Christine Lagarde, le 1er décembre 2014 à Washington (Photo : Jim Watson)

[13/03/2015 13:18:14] Kiev (AFP) L’Ukraine a commencé vendredi à recevoir 5 milliards de dollars entrant dans le cadre d’un prêt du FMI visant à stabiliser son économie asphyxiée par le sanglant conflit dans l’Est, avant de mener des négociations cruciales sur la restructuration de sa dette publique.

Il s’agit de la première tranche d’un programme d’aide s’élevant en tout à 17,5 milliards de dollars sur quatre ans, approuvé mercredi par le Fonds monétaire international.

“L’argent a commencé à arriver sur les comptes de la Banque centrale. Toute la somme arrivera d’ici la fin de la journée”, a indiqué le ministère des Finances, dans un communiqué reçu par l’AFP, en précisant que 2,2 milliards de dollars iront sur le compte du gouvernement et 2,8 milliards sur le compte de la banque centrale.

Cette annonce intervient alors que la ministre ukrainienne des Finances Natalie Jaresko doit présenter vendredi aux investisseurs étrangers “les principes des consultations à venir avec les créanciers” sur la restructuration de la dette, avant de se rendre la semaine prochaine aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.

dc86091bbfe4238bbbd5f0e24a8ee6c3197600a6.jpg
à Davos (Photo : Fabrice Coffrini)

Les négociations avec les créanciers, qui visent à dégager un allégement de la dette ukrainienne de 15 milliards de dollars sur quatre ans, sont cruciales pour le succès du plan d’aide internationale à l’Ukraine, dont l’économie est au bord de la faillite.

La dette publique ukrainienne (70 milliards de dollars en 2014) a explosé cette année sous l’effet conjugué d’une profonde récession économique, associée à une dévaluation record de la monnaie, et du conflit dans l’Est industriel.

En 2015, la dette publique ukrainienne devrait atteindre 94% du PIB contre 40,6% en 2013 et sa dette extérieure, 158% du PIB, selon les estimations du Fonds monétaire international (FMI).

Et les perspectives ne sont pas radieuses pour le pays, selon une note d’analyse du groupe d’investissement ukrainien ICU qui ne prévoit une reprise de la croissance qu’en 2017 en pronostiquant une baisse du 7,6% du PIB cette année et une croissance nulle pour 2016.

Il cite comme principale raison “les violations des accords de paix de Minsk” dans l’est séparatiste prorusse, où la dernière trêve a été instaurée il y a un mois, et le risque d’une reprise des hostilités.

– négociations difficiles –

Mme Jaresko a dit espérer “une solution” sur la dette d’ici “deux mois” sans donner plus de détails sur les objectifs de Kiev qui pourraient aller d’un simple rééchelonnement à un effacement de la dette.

“La question est de savoir s’il s’agit seulement de rallonger la durée des prêts de quatre ans”, écrit l’économiste suédois Anders Aslund, spécialiste de l’économie ukrainienne, dans une tribune sur le site d’information en ligne ukrainien Ukraïnska Pravda.

Car “il sera encore plus difficile de négocier l’annulation d’une partie de la dette”, estime-t-il.

Le FMI a admis que le succès de ces négociations est toutefois loin d’être acquis alors qu’elles sont “cruciales” pour la poursuite d’un plan d’aide international pour l’Ukraine pouvant s’élever à 40 milliards de dollars sur quatre ans et dont le prêt du FMI fait partie.

Ces tractations pourraient associer les créanciers privés du pays mais également publics comme la Russie, à laquelle Kiev doit rembourser 3 milliards de dollars à la fin de l’année.

“Ni la Russie, ni l’Ukraine n’ont encore fait état de leur tactique”, souligne M. Aslund.

Les rapports entre les deux ex-républiques soviétiques sont au plus bas depuis l’annexion il y a un an de la péninsule ukrainienne de la Crimée et le conflit qui a suivi dans l’Est prorusse, ayant fait plus de 6.000 morts.

L’Ukraine comme les Occidentaux accuse Moscou d’armer la rébellion et d’avoir déployé des troupes régulières dans l’Est, ce que Moscou dément.

En dépit du cessez-le-feu qui est globalement respecté, Kiev a déploré vendredi “la concentration de forces ennemies sur toute la ligne de front”, ainsi que des “combats” ces dernières 24 heures à Chirokiné, village situé près de Marioupol, dernière grande ville dans la zone de conflit sous contrôle de Kiev, et à Stanitsa Louganska, dans la région rebelle voisine de Lougansk.