Entré dans le paysage de la finance tunisienne il y a près de huit ans, le private equity, l’investissement en capital, n’arrive pas encore à s’imposer véritablement.
En 2013, rappelle Khaled Zribi, directeur général de la Compagnie gestion et finance (CGF), président de la BVMT et du Centre des jeunes dirigeants (CJD), lors du débat sur le financement en capital et les opportunités offertes aux PME, organisé en février 2015 par la Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie (CTFCI) et l’Association tunisienne des investisseurs en capital (ATIC), présidée par Karim Ghenim, P-DG de BIAT CAPITAL RISQUE, le private equity n’a financé que 1% de l’ensemble des investissements, contre 6 à 7% pour la Bourse et le reste par la dette –bancaire- et les fonds propres.
Lancé en 2007, le Marché alternatif de la Bourse des Valeurs Mobilières de Tunis (BVMT) n’a joué un peu son rôle qu’en 2013, note Khaled Zribi, «moins en 2014».
Le 1%, cela représente, selon Karim Ghenim, 1,1 million de dinars (les 2/3 par des SiCAR et le reste par des sociétés d’investissement) -sur près de 260 millions de dinars de capitaux investis en 2013- et seulement 0,3% du produit intérieur brut (PIB).
D’après une étude de l’Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives (ITCEQ), 8% seulement des entreprises –sur un total de 1.100 interrogées- déclarent avoir recours au private equity.
D’après la même étude, 43% des entreprises pensent que le cadre réglementaire de l’investissement en capital n’y est pas favorable et se plaignent –à hauteur de 35%- des difficultés rencontrées au moment de la sortie de l’investisseur, rappelle Akram Hajaji, directeur exécutif de l’ATIC.
Outre le cadre réglementaire, les investisseurs se plaignent quant à eux de l’absence d’entreprises de qualité, du fait que celles qui s’adressent à eux réclament à bénéficier du portage et, enfin, des conditions de sortie.
Il n’est donc guère étonnant que «la relation entre investisseurs en capital et entreprises souffre d’une perception négative», note Hichem Ben Fadhl. Pour le directeur général d’IM Bank, la confiance est difficile à instaurer entre les deux parties pour deux raisons.
La première est «systémique»: «on était habitué à un marché du crédit facile». D’autant que les banques «ne gênent pas» l’entreprise tant que les mensualités sont payées.
Même l’apparition ultérieure des SICAR n’a pas changé la situation et les pratiques. Celles-ci font surtout du portage, que le DG d’IM Bank assimile à de la «dette cachée».
En outre, les souscripteurs souscrivant dans les SICAR, essentiellement pour bénéficier des dégrèvements fiscaux (de 35%), «ils font beaucoup moins attention à la rentabilité de leurs investissements. Toute la chaîne devient donc moins rigoureuses», regrette Hichem Ben Fadhl.
Si l’investisseur en capital attire beaucoup moins, c’est parce que, lui, «est avec vous dans maison», s’amuse le patron d’IM Bank et «se soucie de la crédibilité de l’entrepreneur et de la rentabilité du projet».
Avant les conditions de sortie, la relation entre investisseur et entreprise bute celles de l’entrée. «La discussion est aussi difficile sur les conditions d’entrée car l’investisseur veut entrer à la valeur la plus faible pour faire la plus grande marge».