Les Européens rejoignent en masse la banque asiatique d’investissement, pilotée par Pékin

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égionale pilotée par la Chine (Photo : Str)

[17/03/2015 13:48:57] Paris (AFP) La France, l’Allemagne et l’Italie vont emboîter le pas de la Grande-Bretagne et rejoindre la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB), une initiative de Pékin que Washington considèrerait d’un mauvais oeil, a-t-on appris mardi.

“La France, l’Italie et l’Allemagne annoncent ce jour leur intention de devenir des membres fondateurs potentiels de la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB)”, ont annoncé dans des communiqués séparés les ministère des Finances italien et allemand.

Une information confirmée aussi par les ministres français des Finances Michel Sapin et des Affaires étrangères Laurent Fabius.

Avec la Grande-Bretagne la semaine dernière, ce sont quatre grands pays européens qui manifestent en quelques jours leur volonté de participer au développement de l’AIIB, une banque de financement régionale pilotée par la Chine.

Un afflux salué logiquement par Pékin qui estime que des pays “hors de la région participeront à accroître la représentativité de l’AIIB”, une institution qui viendra s’ajouter à la structure déjà compliquée des institutions internationales de financement, et qui témoigne de la lutte d’influence que se livrent notamment les deux premières puissances économiques mondiales, Etats-Unis et Chine.

– Concurrence –

L’objectif de l’AIIB est de financer des projets d’infrastructures dans la région asiatique, entrant donc en concurrence avec la Banque mondiale, une des deux institutions de Bretton Woods (avec le FMI) basée à Washington, ou la Banque asiatique de développement, dominée par le Japon et les Etats-Unis.

Ces institutions internationales sont le théâtre de luttes de pouvoir et d’influence entre grandes puissances.

Les institutions de Bretton Woods, et plus particulièrement le FMI, cristallisent un affrontement entre les Etats-Unis et les grandes puissances émergentes, le Congrès américain bloquant un projet de réforme des quote-part de l’institution monétaire qui donnerait plus de poids aux pays émergents.

L’AIIB pourrait aussi entrer en concurrence avec la future “banque des Brics”, une autre structure de financement pilotée par les grands pays émergents (Brics: Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) qui pourrait voir le jour en 2016.

Les pays du G20 ont en outre décidé en 2014, sous l’impulsion de l’Australie, de donner un coup de pouce aux projets d’infrastructures en créant une plateforme ad hoc chargée de faire le lien entre investisseurs privés, gouvernements et banques de développement.

L’AIIB devrait être elle basée à Pékin et dotée d’un capital initial de 50 milliards de dollars. La Chine a lancé formellement cette initiative en octobre 2014 en signant un protocole d’accord avec 20 autres pays, dont l’Inde, le Qatar, mais pas le Japon par exemple, et sans convaincre Washington.

Plusieurs pays ont annoncé depuis vouloir rejoindre l’institution, dont l’Indonésie et la Nouvelle-Zélande. Selon des déclarations dans la presse du Premier ministre, l’Australie réfléchit aussi de son côté.

– D’autres candidats ? –

Les pays européens empêtrés dans une situation économique morose et à la traîne par rapport aux Etats-Unis en pleine reprise et au titan chinois, espèrent logiquement tirer profit de leur engagement aux côtés de Pékin.

Ils multiplient les démarches de séduction économique vers la Chine, que ce soit lors des voyages officiels où sont signés d’importants contrats, ou par exemple lorsque les places financières européennes ouvrent leurs portes à la Chine pour contribuer à l’internationalisation de sa devise, le yuan.

“Nous voulons apporter une contribution à l’évolution positive de l’économie asiatique, à laquelle les entreprises allemandes prennent activement part”, a commenté mardi à Berlin le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, lors d’une déclaration avec un vice-Premier ministre chinois, Ma Kai.

Le ministre britannique des Finances, George Osborne, avait déclaré la semaine dernière que le Royaume-Uni, voulait “jouer un rôle clef pour s’assurer que l’AIIB intègrera les meilleures règles en matière de responsabilité, de transparence, et de gouvernance”.

Présent à Pékin, le président du Parlement européen Martin Schulz a jugé que de telles adhésions étaient une “bonne chose”, et qu’il trouverait “encore mieux si d’autres pays membres rejoignaient” l’AIIB.