à Matignon à Paris le 6 mars 2015 (Photo : Kenzo Tribouillard) |
[17/03/2015 18:32:24] Paris (AFP) Petits crédits à l’export, souvent délaissés par les banques, refinancement des grands contrats pour les rendre compétitifs: l’Etat français a complété mardi son arsenal de financement à l’exportation et poussé les entreprises à “prendre des risques”.
“On a aujourd’hui une quasi parité euro-dollar, on a des taux d’intérêt historiquement bas qui permettent un financement ou un refinancement extrêmement faciles. Les conditions macroéconomiques sont aujourd’hui largement alignées (…) pour partir à l’assaut des grands marchés internationaux” et “prendre des risques”, a déclaré mardi le ministre de l’Economie Emmanuel Macron, devant quelque 400 responsables d’entreprises et acteurs de l’exportation.
Les financements existants vont de la prospection à l’exécution: assurance prospection, financement du besoin de fonds de roulement et des investissements des PME et des entreprises de taille intermédiaire (ETI) à l’étranger, garantie de change, assurance crédit contre le non-paiement de contrats commerciaux ou le non remboursement de crédits export octroyés à des acheteurs étrangers.
De nouveaux instruments vont être mis en oeuvre cette année.
Souvent “quand le montant du crédit export est petit, il n’y a plus personne parce que le coût rend l’opération sans intérêt pour une banque”, constatent les ministères de l’Economie et des Finances.
Bpifrance a ainsi annoncé mardi le lancement à grande échelle de son activité de crédit export (crédit acheteur et crédit fournisseur) pour des montants compris entre 1 et 25 millions d’euros, et jusqu’à 75 millions en cofinancement avec les banques pour le crédit acheteur. Ces prêts de Bpifrance, dont les activités sont orientées vers les PME et ETI, seront garantis par la Coface, entreprise à 100% privée, qui gère des garanties exports pour le compte de l’Etat.
Les ETI sont une cible privilégiée car elle représentent 4% des exportateurs mais assurent un tiers des exportations de la France.
– accélérer les procédures –
Le second dispositif vise à répondre à la perte de compétitivité due au “coût des liquidités énorme ou plus fort que celui des concurrents” sur les contrats aux montants importants. Il doit “offrir la possibilité à des exportateurs et leurs banques d’aller chercher de la liquidité à moindre coût en se refinançant auprès de la Sfil” (Société de financement local).
Banque à 100% publique, la Sfil créée en février 2013, est actuellement présente dans le financement du secteur public local et a effectué pour 4,1 milliards d’euros de financement en 2014. “Le refinancement à l’export devrait intervenir très rapidement”, a déclaré mardi Philippe Mills, son PDG. “On se met aux standards des meilleurs pays nordiques”, a commenté M. Macron.
“La difficulté pour nous, occidentaux, est d’accompagner des taux de croissance impensables chez nous”, a témoigné Patrick de Cascatelle, président exécutif d’ATR dans une allusion à des régions telles que l’Asean (Association des nations du Sud-Est asiatique). “Il faut non seulement disposer d’outils mais les mettre en place rapidement”, a renchéri Bruno Cotté, directeur général international de Safran.
“On est en train de reprendre des choses qui se faisaient il y a 30 ans (…) Cela fait au moins dix ans que nous, exportateurs, essayons de pousser à une réforme”, s’est félicité Jocelyne de Montaignac, ancienne directrice internationale de Fives et actuellement directeur commercial et marketing d’Euler Hermes France.
“Avec Bpifrance et tout ce qui est en train d’être fait on sent qu’il y a une réelle prise de conscience qu’il est urgent d’intervenir”, a-t-elle dit à l’AFP, estimant qu’il restait néanmoins un trop grand nombre d’acteurs.
“L’an dernier, on a présenté trois projets à Bpifrance et ils nous ont dit qu’ils ne pouvaient rien faire pour nous. Cette année, on a l’impression qu’ils ont pris en compte les entreprises de taille intermédiaire. Tant mieux car on fait 95% de notre chiffre d’affaires à l’étranger”, a déclaré à l’AFP Jean Dumant, de Constructions mécaniques de Normandie (CMN, 320 salariés).
“Il y a eu, de la part du gouvernement, une prise de conscience: la concurrence est très forte et elle s’exerce avec les pays de l’OCDE, mais aussi les pays en développement. Mais il y a des progrès à faire sur la rapidité !”, estime Pierre Sorbets, responsable du secteur public d’HSBC FranceEntreprise