La Tunisie est l’un des meilleurs exemples en matière de réussite de la transition vers la démocratie et dispose d’un fort potentiel pour transcender cette étape difficile, notamment après l’attaque terroriste perpétrée, mercredi, contre le musée du Bardo, a déclaré Sri Mulyani Indrawati, directrice générale et directrice des opérations à la Banque mondiale (BM). «Les attaques terroristes ont eu lieu dans plusieurs pays et je suis sûre que le caractère des tunisiens, basé essentiellement sur le consensus et le compromis, va permettre au pays d’aller de l’avant et d’atteindre une situation meilleure», a encore ajouté la responsable.
Après une transition de 4 ans, le gouvernement tunisien a besoin de rétablir la confiance des tunisiens et répondre à leurs aspirations, notamment en matière d’emploi.
Analysant la situation économique du pays, la directrice générale de la BM a affirmé que le gouvernement fait face à un important déficit budgétaire, lequel n’a pas été résolu, selon la responsable, avec pour corollaire une perte de confiance en la capacité de l’économie à retrouver le chemin de la croissance.
Selon Mme Indrawati, ce déficit est imputable à la lenteur en matière de réalisation d’un taux de croissance économique acceptable, rappelant qu’avant la révolution ce taux était de l’ordre de 4 à 5% alors qu’il est actuellement de l’ordre de 2,3%, ce qui va rendre la situation plus difficile en matière de création d’emplois, a-t-elle expliqué.
Le rétablissement de la croissance économique sans aggraver le budget de l’Etat et l’atténuation des inégalités régionales, doivent figurer en tête des priorités du programme du gouvernement, a recommandé la DG à la BM.
Au sujet du taux d’endettement de la Tunisie, la responsable a indiqué que si le déficit poursuit sa tendance haussière, le niveau de la dette actuellement aux alentours de 50%, continuera à s’accélérer et pourrait atteindre 60% d’ici les 5 prochaines années.
Interrogée sur les réformes prioritaires à engager dans le pays, la responsable a avancé que les efforts devront être axés sur la réalisation d’une croissance inclusive, le rétablissement de la confiance des investisseurs, principaux créateurs d’emplois, l’amélioration du climat des affaires, la promotion du partenariat public-privé (PPP) et le développement du secteur bancaire et financier.
Sri Mulyani Indrawati a tenu à préciser que «la BM n’est pas là pour imposer à la Tunisie des réformes mais pour la soutenir financièrement et techniquement en vue de réaliser une transition avec le minimum de dégâts». Et que «c’est à la Tunisie de choisir son programme de réformes car plus l’appropriation est élevée plus la mise en place des réformes sera meilleure».
La BM s’attèle actuellement à finaliser son programme de coopération avec la Tunisie pour le prochain quinquennat et envisage de lui allouer une enveloppe de l’ordre de 4 milliards de dollars, a encore fait savoir la DG à la BM. Ce montant sera destiné au financement de plusieurs secteurs ciblés dans le cadre de ce partenariat, tels que la gouvernance locale, le développement régional, l’amélioration du système bancaire, à travers notamment la recapitalisation des banques publiques et le financement des PME.