Cela fait des années qu’on nous gave de discours d’intentions. Des gouvernements successifs enchaînés par une Constitution taillée sur mesure pour la Troïka qui s’est emparée du pouvoir en 2011 comme d’un butin de guerre. C’est, paraît-il, culturel: toute conquête mérite récompense!
Que pourrait faire le gouvernement Habib Essid et même le président de la République pour, comme il l’a déclaré lui-même suite à la tragédie du Bardo, «effacer de la surface de la Tunisie», les terroristes et le terrorisme?
La Constitution tunisienne n’a malheureusement pas prévu des pouvoirs exceptionnels tels ceux prévus par l’article 16 de la Constitution française de 1958 pour permettre au gouvernement de prendre les mesures coercitives pour protéger le pays et préserver la sécurité nationale.
Les Tunisiens, eux, attendent du concret, ils sont écœurés, dégoûtés des décideurs sans pouvoir de décisions. Ils veulent des mesures, vite et très vite car les hésitations et l’obsession des consensus risquent de mener le pays vers sa perte.
Lors des émeutes de Londres au mois d’août 2011, David Cameron, chef du gouvernement britannique, à tel point démocratique, qu’il a protégé les extrémistes islamistes qu’il nous a envoyés plus tard, a déclaré: «Quand il s’agit de la sécurité nationale, personne ne doit me parler de droits de l’homme».
A l’époque, il a rapidement riposté en évitant les propos populatistes de nos chers leaders politiques et en disant «ce n’est pas un problème de pauvreté, mais de culture. Une culture de violence, de manque de respect à l’égard de l’autorité», ajoutant: «nous vous traquerons, nous vous trouverons, nous vous inculperons et nous vous punirons. Vous paierez pour ce que vous avez fait».
Cameron, le grand démocrate, n’a pas hésité à parler de la liberté débridée des sites internet en assurant prendre des mesures pour «empêcher des gens de communiquer via ces sites et services internet quand nous savons qu’ils servent à planifier des violences, des troubles et des actes criminels».
Pareil après le 11 septembre aux Etats-Unis, Georges W Bush n’a pas hésité à mettre tous les Américains sous haute surveillance bravant le Congress et le Sénat et se souciant peu des organisations des droits de l’homme lesquelles servent plus à déstabiliser les autres pays du monde qu’à protéger les droits des Américains.
Dans notre pays, nous avons une Sihem Ben Sedrine qui se targuait dans la matinée du mercredi noir du 18 mars d’avoir reçu 9.000 plaintes après qu’elle a vidé le ministère de l’Intérieur de ses compétences avec la complicité d’un ministre imposé pour servir ses causes à elle plutôt que celle de la Tunisie.
Dans notre pays, nous avons des Imen Triki, des Anouar Ouled Ali, des Walid Bennani, des Abdelkrim El Harouni, qui sont invités sur les plateaux de télévision et dans les radios pour justifier le terrorisme par la «désertification religieuse», comme si les mosquées du temps de Ben Ali avaient été fermées ou qu’on avait empêché les musulmans pratiquants d’aller faire la prière.
Dans notre pays, il y a des terroristes qui, de leurs prisons, donnent des ordres et communiquent par des portables. Olfa Ayari, représentante des syndicats des agents pénitentiaires, avait dénoncé les pratiques louches menées dans certaines prisons dont Ennadhour avec des complicités internes.
Dans notre pays, les ministres passent plus de temps à négocier avec les syndicats des trêves sociales qu’à s’occuper de résoudre les problèmes socioéconomiques d’une Tunisie qui navigue à vue.
Dans notre pays, les forces sécuritaires sont plus occupées à protéger les sites économiques, les entreprises et les points névralgiques du territoire national des sit-ineurs et manifestants sauvages qu’à préserver la sécurité nationale.
Dans notre pays, les médias adorent le sensationnel se préoccupant de faits divers et de polémiques stériles de politiciens stériles eux-mêmes car en manque de visions et de projets que de l’essentiel: comment œuvrer ensemble pour sauver notre pays et quelle posture nous devons adopter pour y arriver?
Dans notre pays, nous avons un gouvernement qui n’ose pas ou ose peu de peur qu’on dise de lui: vous êtes antidémocratique.
Dans notre pays, la justice, très soucieuse de justice, relâche les terroristes parce que les dossiers seraient, paraît-il, vides- et qu’on ne veut pas de Guantanamo (Nous sommes plus démocrates que les Américains). Ces terroristes sortent et tuent.
Alors qu’il y ait autant de morts ne doit pas nous surprendre car après tout, nous sommes une démocratie, notre justice est indépendante, le droit de grève est constitutionnalisé et la liberté d’expression est garantie.
What else?