Les vins de Bordeaux souffrent du fort repli du marché chinois

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ûe notamment à une petit récolte 2013, inférieure de 30% par rapport à une année moyenne dans le Bordelais (Photo : Jeff Pachoud)

[19/03/2015 14:21:14] Bordeaux (AFP) La commercialisation des vins de Bordeaux a chuté en 2014 avec un repli de 8% en volume et de 13% en valeur, “une baisse attendue” en raison de la faible récolte 2013 et du net recul de son premier marché à l’export, la Chine, en baisse de pas moins de 19% en volume.

Quelque 5,13 millions d’hectolitres de vin de Bordeaux (-8% par rapport à 2013), soit 685 millions de bouteilles pour une valeur de 3,74 milliards d’euros (-13%), ont été commercialisés en 2014, selon les chiffres publiés jeudi par le Comité interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB). Des résultats en nette baisse certes, mais à remettre en perspective avec ceux des deux années précédentes qui correspondaient aux plus fortes campagnes jamais connues à Bordeaux, à 4,2 milliards d’euros de chiffres d’affaires.

Ce repli vaut pour la France, premier marché des vins de Bordeaux avec 58% des volumes vendus. Selon le CIVB, les ventes françaises dans les grandes et moyennes surfaces accusent une baisse de 6% en volume (179 millions de bouteilles) pour un chiffre d’affaires en recul de 2%, à 896 millions d’euros.

Le reste des ventes dans l’Hexagone, soit un peu plus d’un milliard d’euros dans les hard-discount, cavistes, restaurateurs, etc… n’est pas connu dans le détail, précise l’interprofession.

Le repli 2014 est encore plus marqué à l’export, avec une contraction de -9% en volume (2,1 millions d’hectolitres soit 279 millions de bouteilles) et de -17% en valeur, à 1,8 milliard d’euros. Dans le détail, les ventes de vins de Bordeaux à l’étranger sont réalisées à 45% dans l’Union européenne (-8% en volume, -23% en valeur) et à 55% dans le reste du monde (-11% en volume, -13% en valeur).

Bordeaux reste toutefois leader des exportations françaises de vins d’appellation d’origine protégée (39% du volume et 49% de la valeur).

“Cette baisse était attendue en raison de la petite récolte 2013”, qui a été inférieure de 30% par rapport à une année moyenne, a indiqué le président du CIVB, Bernard Farges, pour lequel “on ne peut pas vendre des vins que l’on n’a pas produit”. Elle survient après la commercialisation des millésimes 2009 et 2010, exceptionnels en qualité et conséquents en quantité, qui avaient fait gonfler les résultats en 2012 et 2013.

– Fort ralentissement du marché chinois –

Le fort ralentissement du marché chinois (Chine + Hong Kong), premier marché à l’export des vins de Bordeaux, a un impact notable dans cette baisse. En valeur, le couple représente 221 et 214 millions d’euros de chiffre d’affaires, respectivement -21% et -11% par rapport à 2013, devant l’Allemagne (200 millions d’euros, +16%) et les États-unis (178 millions d’euros, -11%). En volume, la Chine, première destination des vins de Bordeaux depuis 2011, représente 366.000 hectolitres commercialisés (-19%), devant l’Allemagne (288.000 hl, +8%), et, en septième position, Hong Kong (83.000 hl, +3%), mais qui reste le fief d’importation des meilleurs Bordeaux, ce qui explique que l’ex-colonie britannique fasse presque jeu égal avec la Chine en termes de valeur.

“Le marché chinois, qui a une progression incroyable depuis 2005, devait reculer”, explique Bernard Farges. Il cite notamment “la politique anti-corruption du gouvernement chinois”, supprimant la politique des cadeaux, qui a “impacté les vins les plus valorisés”, les conséquences de l’enquête anti-dumping sur les vins européens, la concurrence de vins du Nouveau Monde — Chili et Australie profitant d’accords bilatéraux abaissant les tarifs douaniers — mais surtout, selon lui, “le besoin de maturité du marché chinois”.

“Beaucoup en Chine se sont improvisés importateurs” au début des années 2010 “mais n’ont pas trouvé de marché en corrélation”, a-t-il dit. Quelque 300 importateurs de vin de Bordeaux ont ainsi disparu, a confirmé à l’AFP le correspondant du CIVB en Chine, Thomas Jullien.

La croissance du marché chinois a été exponentielle, passant de 2.000 hectolitres en 2000 à 538.000 hl en 2012, son plus haut niveau.

Bordeaux s’attend également à une année 2015 “difficile” qui “sera encore impactée par la mise en marché de la petite récolte 2013”, mais “nous observons une série d’indicateurs passant au vert”, souligne le président de l’interprofession: “Une récolte 2014 de grande qualité, de faibles niveaux de stocks, des prix stables sur notre coeur de marché alors que d’autres régions viticoles françaises ont des prix à la hausse et une évolution de la parité euro/dollar très favorable”.