Nous fêtons le 59e anniversaire de l’indépendance en ce 20 mars 2015 tout en se remémorant les détails de l’opération terroriste du 18 mars au Bardo. Les terroristes ont visé un haut lieu de mémoire, de culture, d’histoire et de tourisme tunisien pour nous faire croire, comme l’a gentiment écrit le journal français Libé, que «la Tunisie c’est fini» (avant de rectifier le titre). Evidement la Tunisie n’est pas finie. Elle ne le sera jamais!
Pourtant, les maux de la Tunisie en sa 59ème année d’indépendance sont légions. Nous avons vécu depuis l’avènement de la sinistre Troïka en 2012 trois années où la commémoration de l’indépendance se faisait en catimini. Même le soi-disant militant des droits de l’homme, Moncef Marzouki, n’a pas pu infléchir les islamistes.
C’est qu’ils ne veulent pas avouer, c’est leur aversion pour ce que l’indépendance du 20 mars 1956 véhicule comme symboles. Cette indépendance est liée à une haute idée de la République, elle est liée à la modernité voulue par Bourguiba nonobstant toutes ses dérives dictatoriales à la fin de sa vie. Elle est liée à une société ouverte, à une lecture moderne et progressiste de l’Islam et de l’arabité que personne ne conteste aujourd’hui comme socle identitaire du pays et de son peuple.
Le défi terroriste qui ne date pas d’aujourd’hui est présent à tous les esprits à la veille du 59ème anniversaire de l’indépendance. Il est aujourd’hui impératif, et la réunion conjointe qui a lieu ce jeudi 19 mars des Conseils des Armées et de celui de la sécurité l’a bien souligné d’augmenter le degré de mobilisation du pays à un stade supérieur.
Des mauvaises coordinations, des manques flagrants d’une stratégie efficace sur tout le territoire et de l’état d’efficience de nos forces de sécurité et de notre armée doivent être mis sur la table et discutés franchement. Il y va de notre bien le plus cher, notre indépendance et notre liberté…
Le président de la République, BCE, est de cette génération qui a fait l’indépendance et qui a vécu les années terribles de la colonisation. Nous sommes certains qu’il fêtera l’indépendance comme il se doit. Cependant, fêter l’indépendance aujourd’hui revient surtout à redonner confiance au pays et au peuple sur tous les fronts.
Le pays a vécu ces trois derniers mois en navigant à vue. La présidence s’est abstenue trop longtemps à intervenir sur des grands sujets pour faire la place au gouvernement et à son chef. Mais celui-ci aussi nous a gavés d’un autre silence qu’il n’a rompu que cette semaine et de manière pas vraiment convaincante. Il faut remédier à ce déficit de communication officielle en cette période et il faut se rappeler ce que faisait Bourguiba les premières années de l’indépendance en s’adressant au peuple toutes les semaines et en sillonnant le pays et en parlant aux citoyens de leurs problèmes.
Les terroristes qui ont ensanglanté le Palais du Bardo sont mus contre nous par une haine terrible. Notre réussite là où la plupart des pays arabes ont échoué présente pour eux le contre-exemple à abattre. Ils ne veulent pas que la Tunisie demeure cet espoir dans la longue nuit de massacres et de cruautés dans laquelle ils ont plongé le monde arabe.